Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
Voici donc le tout premier livre de Chuck Palahniuk, bien avant Choke et Fight Club, alors qu'il était toujours mécano pour poids-lourd et espérait vivre de ses écrits. Le livre fût tout d'abord rejeté par différets éditeurs, et ce n'est qu'après le succès de "Fight-Club" que "Monstres Invisibles" devinrent lisibles. Et cette première œuvre était déjà à l'image de l'auteur: décalé.
Le fil narratif est une succession de flash-backs, qui se rapproche de plus en plus du présent. Et pour marquer ce décalage temporel, Chuck Palahniuk a eu l'idée géniale (ou saugrenue, certains diront) de nous faire sauter de chapitre en chapitre à des dizaines ou centaines de pages de là: (et maintenant, allez en page 245 pour lire le chapitre suivant" | "retour en page 56 pour le chapitre suivant").
Je trouve l'idée géniale, même si j'aurais aimé qu'il fasse 2 chpitres de suite "dans le présent", pour montrer qu'à tout flash-back, le lecteur doit également sauté en arrière. Et ce qui est amusant, quand on lit de la sorte, c'est que vous êtes perdu dans le livre, incapable de savoir si vous avez déjà lu un tiers, la moitié ou qu'il vous reste 5 pages, c'est assez déconcertant. Par contre, nous faire lire quelques chapitres avec un mirroir (ceux en plus; c'est a version remix) est un plaie. Il n'aurait dû le faire que pour le chapitre final.
A part cet artifice, cette première œuvre reprend les grands thèmes et ficelles narratives que Chuck Palahniuk a su si bien développé dans ses différents livre. Le road-trip (Berceuse, Choke), l'auto-mutilation (Fight-Club, A l'estomac), les relations familiales décalées, et bien entendu, le mystère de sa propre identité. L'auteur se cherche, se déconstruit et reconstruit un univers transgressif pour se sentir enfin libre. "Monstres Invisibles" regorgent également de plein d'autres petits thèmes secondaires (les maisons, l'icône de la mère, les légendes urbaines), typiques de l'univers de l'auteur. Même si le style est un peu poussif et parfois trop théâtral, c'est ce livre est la première graine qui a permis à Chuck Palahniuk d'explorer (et d'exploser) tous ses délires dans ses différents livres parus ensuite.
Ce monstre redonne une furieuse envie de relire Fight-Club!
Pour revenir à l'intrigue du livre, Chuck PALAHNIUK nous mène par le bout du nez et fait tout pour nous perdre: ces flash-backs incessants, mais aussi le nom de ses personnages, où l'héroïne suit le périple et les péripéties de l'étrange Brandy Alexander, transsexuel excentrique, qui décide à toute nouvelle escale dans leur road-trip de changer de nom (noms aussi farfelues les uns que les autres, nom mélangeant personnages historiques, lieux et marques). On se perd donc assez facilement surtout lorsque les pensées de Shannon se perdent en conjoncture sur qui a bien pu lui tirer dessus (un tir perdu, sa meilleure amie, son fiancé?) et vu que Shanon ne peut pas parler, son flot de pensée va très vite et avance de manière erratique.
On avance donc peu à peu (à rebrousse poil dans le livre), et avec au milieu d'anecdotes plus ou moins provocantes (dont la scène de la dinde et du comment faire un bon felching), ou de paragraphes anodins, on découvre quelques fils de la réalité, que ce road-trip à 3 a bel et bien une destination finale, lieu où la vérité éclatera, où les vérités vous sauteront à la figure, et votre mâchoire, comme celle de Shanon, va tomber bien bas!
La fin est un peu à la manière de Fight-Club: elle vous saute à la gueule: ah ben merde, je n'avais pas imaginé cela; ni ça, ni encore ça! C'est un peu gros, tellement théâtral et trashy mais tellement drôle, tellement Palahniuk. C'est une farce transgressive des temps modernes, où pour exister, des individus sont prêts à tout, et surtout, au pire.
A noter que Samir Rehem, réalisateur de la version US de la série trash anglaise "Skins", travaille sur la réalisation cinématographique de ces monstres...
Quelques liens: