mardi 31 janvier 2012

Michael Connelly - The Fifth Witness


Michael Connelly - The Fifth WitnessVoici le petit dernier de Michael Connelly, avec une fois de plus son avocat fétiche aux manettes: l'homme à la Lincoln: Mickey Haller.
Résumé:
Mickey Haller est à l'image de l'économie mondiale: il connait des temps difficiles. Il développe son activité dans le domaine de la défense des particuliers qui se voient sous la menace d'expulsion de leur maison, suite à leur impossibilité de rembourser la hausse subite d leurs traites.
Une de ses clientes, Lisa Trammel, activiste connue pour ses actions contre le scandale des Subprimes, se voit accusée de meurtre de son banquier. Très vite, Mickey met son équipe à la vitesse supérieure pour disculper libérer Lisa Trammel, même si les éléments de preuve et ses propres soupçons lui font dire que son client est coupable.
Pourtant, des faisceaux de conjectures et de coïncidences pourrait bien prouver son innocence, et que le mobile du meurtre est de tout autre nature...
Ma note: ma note
Ma Critique:
Michael Connelly a deux héros récurrents dans 2 domaines du crime: la justice avec Harry Bosch, son détective de choc; et Mickey Haller, avocat à la défense, prêt à défendre (presque) l'indéfendable. Il réunit parfois ses 2 héros (comme pour le précédent livre "The reversal"), et ils ont d'ailleurs un lien de parenté (que voulez-vous: Dallas & Dynasty a tant marqué la culture US que même les plus grands écrivains contemporains se laissent à ce genre de rapprochement consanguin!). Cette fois-ci, nous ne verrons pas d'Harry Bosch (sauf pour une réunion de famille informelle...) mais uniquement Mickey qui doit défendre une chieuse de première.
Lisa Trammell, pourfendeuse des banquiers expulsant les honnêtes gens ne pouvant plus payer leurs traites, se voit donc accuser du meurtre de son banquier. Elle est tellement caricatuurale dans son rôle qu'au début, on aimerait qu'elle soit coupable; mais finalement, on se laisse convaincre par le type de défense de Mickey Haller et sa vue du complot d'intérêts (bancaires).
L'ennui, c'est que le livre tourne essentiellement autour du procès, aves ses sempiternelles "Objection mon Honneur" et le sophisme détestables des hommes de loi américains. Ceux qui n'aime pas les romans à procès ne vont guère aimer. Même si Michael Connelly se trouve être un très bon vulgarisateur en expliquant les dessous de ces procédures judiciaires; nous sommes loin de son précédent livre qui avait le mérite de donner un point de vue original sur les tenants et aboutissants des procès aux USA.
Ce "The Fifth Witness" ressemble plus à un livre de commande, pour faire plaisir aux amateurs de romans à procès. Il a du même être payé au mot pour faire tant de pages. Ce livre ne peut être considéré comme un polar, d'autant plus que l'intrigue policière y est assez bâclée. Chose surprenante, Michael Connelly ne développe pas une faille de taille dans son histoire, pouvant disculper Lisa Trammell. Oui. Mickaey Haller cherche tous les moyens pour semer le doute chez les jurés, mais ne trouve pas cet important détail: "Comment fait-elle, pour arriver (à pied) à la banque avant la victime, alors qu'ils ont tout deux été vus dans le même café 5 minutes plus tôt; à 800 mètres de là?". Même avec de sérieux bouchons, le timing est serré; et cette piste n'est même pas étudiée ni validée! Bref, ce cinquième témoin, n'est pas forcément le plus mauvais de la saga Mickey Haller; mais en tous cas le plus énervant. Le twist final vous énervera un peu plus, mais ceci dit, très révélateur de ce qu'est devenue la justice aux USA: des preuves concrètes peuvent se démonter à coup de faisceaux de conjectures et de coïncidences.
Quelques liens:

lundi 9 janvier 2012

Arturo PÉREZ-REVERTE - Cadix, ou la diagonale du fou


Arturo PÉREZ-REVERTE - Cadix, ou la diagonale du fouVoici un polar historique sur la ville de mon coeur: Cadix. Cadix est d'ailleurs cette année une ville sous les feux des projecteurs puisque nos amis espagnols fêtent le bicentenaire de leur 1ère constitution, écrite lorsque la ville était assiégée par les troupes napoléoniennes.
Résumé:
En 1811, Bonaparte et son armée ont envahi l'Espagne et seules quelques villes andalouses résistent. A Cadiz, la ville la plus ouverte sur le commerce, les batailles sont d'une autre nature. Des jeunes filles y sont brutalement assassinées à coups de fouet, à l'endroit exact où tombent les bombes françaises.
Ces meurtres tracent sur la ville une carte sinistre, un échiquier sur lequel la main d'un joueur invisible semble déplacer ses pions selon les lignes de tir, la direction des vents, ou de savants calculs de probabilités, scellant le destin des personnages: un policier brutal, une belle héritière d'une importante compagnie de commerce maritime, un corsaire prêt à risquer sa vie par amour, un paysan authentique, un taxidermiste misanthrope et un excentrique artilleur français.
Le commissaire tente de décrypter ce jeu d'échec macabre sur sa ville et l'effroi l'envahit le jour où il découvre un nouveau cadavre de jeunes filles, quelques heures avant qu'une bombe française ne tombe au même endroit.
Ma note: ma note
Ma critique:
Après les factieuses lettres d'Alexandre Dumas sur son voyage en Espagne, qui s'amusait de l'Espagne du début du XIXème siècle, voici une véritable fresque historique sur le siège de Cadis. Il aide d'ailleurs à mieux comprendre la fierté gaditane d'avoir été la seule ville espagnole (ne comptez pas Gibraltar, ni Ceuta), à ne pas avoir été envahi par Napoléon. Malgré un siège de plus de 2 ans, Cadix ne fût jamais réellement inquiétée, protégée par sa situation géographique. En effet, Cadix est une presqu'ile dont l'attache continentale est elle-même une île; formant ainsi un double rempart contre les armées napoléoniennes, qui se sont arrêté au Trocadero, en face de Cadix mais pas assez proche pour plonger la ville sous les bombes.
C'est à partir de ce fait historique qu'Arturo Pérez-Reverte développe la trame de son intrigue policière avec un serial killer qui saute sur l'occasion pour commettre ses crimes. En parallèle, il nous fait découvrir plusieurs personnages gaditans: du policer brutal et corrompu, de la belle héritière d'une importante compagnie de commerce maritime, du corsaire blasé prêt à risquer sa vie par amour, un paysan authentique jouant au guérilleros, un espion sous les traits d'un taxidermiste misanthrope et le noble artilleur français, plus intéressé par ses savants calculs que de gagner la guerre d'Espagne.
Au travers de ces personnages, Arturo Pérez-Reverte offre au lecteur toute une série de tableaux captivants. Le lecteur en a pour son argent, avec d'une part l'intrigue policière qui se complique quand les meurtres précèdent la chute des bombes, d'autre part, la romance impossible entre la jeune héritière et le beau corsaire. D'ailleurs, les amateurs de récits maritimes seront ravis. Les joutes sont assez difficiles à suivre, car le vocabulaire est d'une très grande richesse. Il suffit de lire quelques lignes du premier chapitre pour en avoir le tournis! Les marins adoreront!
Toutefois, à vouloir trop en faire, le célèbre auteur espagnol nous noie un peu: après une très bonne introduction des personnages, l'intrigue se perd un peu en conjectures et une grosse lourdeur se fait sentir dans le 2ème quart du livre, qui apporte peu de choses à la trame de l'histoire; mais dès qu'on dépasse la moitié du livre, on ne décroche plus! La fin est passionnante.
J'ajouterai toutefois une réserve sur la traduction de François Maspero. Malgré sa très grande qualité (où il a dû s'arracher les cheveux à retrouver tout ce qui est lié à la voile et aux vieux métiers), la traduction des noms de lieux me gêne. Même si les espagnols ont la fâcheuse tendance de traduire tous les noms communs les noms de villes et de pays (New-York se dit Nueva-York, par exemple); nous autre Français, c'est uniquement pour les grandes villes d'avant le nouveau monde... Mais là, le traducteur s'est amusé à traduire quasiment tous les noms: villes et villages, rues, quartiers et autres lieux-dits, ce qui prête à pas mal d'incompréhension pour la personne qui n'a jamais mis les pieds en Andalousie: des noms communs comme "la ligne" (entre Algésiras & Gibraltar), la coupure (la cortadura, canal coupant le bras de la presqu'ile de Cadix), le rosaire (quartier de Cadix), etc. prêtent vraiment à confusion. Surtout qu'il ne traduit pas tous les noms de villes (Puerto Real, par exemple, qui du coup aurait dû être traduit en Port-Royal!!!). J'aurai donc préféré qu'il ne traduise pas ces noms, renforçant ainsi la plongée du lecteur dans cette fresque historique.
A part cet aspect (anodin pour beaucoup), ce roman fleuve est de toute beauté; et me donne une fois de plus envie de retourner voir mes amis gaditans.
Quelques liens: