lundi 23 novembre 2009

Snuff de Chuck Palahniuk

Snuff

Après le fameux "Peste" lu l'an passé, Chuck Palahniuk vient de sortir 2 nouvelles: "Snuff" et "Pygmy". J'ai choisi "Snuff", histoire coquace lors du tournage du plus grand gang-bang du monde.
Ames prudes s'abstenir...

Résumé: Cassie Wright, Star du X américain des années 80 et 90, veut tirer sa révérence en toute beauté, en organisant le plus grand gang-bang du monde; avec 600 prétendants; quitte à en mourir...
Dans l'antichambre du record du monde de la fornication finale, parmi les 600 membres en ruts, 4 personnages se rencontrent et se racontent. Sheila, l'assistante de Cassie Wright, qui organise d'une main de maître cette orgie; le n° 600, un vieux hardeur ayant découvert il y a 20 ans de cela Cassie Wright; le n° 137, une star déchue de la télé, ruiné par la sortie d'un film X gay qu'il avait tourné qaund il était jeune et sans le sou; et enfin, le n° 72, jeune homme de 19 avec un bouquet de fleur à la main, qui est persuadé d'être le fils abandonné de la fameuse Cassie Wright.
Ma note:
Remarque: lu en anglais

Ma critique:

J'étais d'abord parti pour lire "Pygmy", mais en feuilletant à la Fnac les premières pages, je me suis vite rendu compte que l'histoire n'était pas simple (futur proche revisité) et que le lire dans ma langue de Shakespeare, je risquais d'en perdre quelques miettes, et sans doutes les plus croustillantes. Je me suis donc rabattu sur ce "Snuff", nettement plus courts et focalisé sur un seul sujet: le cul, et à savoir gang-bang du siècle.
Avec Palahniuk, ce qui est bien, est que vous vous surprenez à chaque page, pour la plupart du temps, vous allez vous amuser, mais aussi parfois vous horrifier, voire vous dégouter avec les idées subversives qu'ils nous jette au visage. C'est le genre de bouquin qu'on ne prête pas à n'importe qui, après lecture. Là, d'ailleurs avec la couverture, on ne l'embarque pas partout! En effet, la jaquette que vous voyez est censurée: le bandeau noir (avec le titre) s'enlève et vous dévoile la poitrine (non bronzée) de la blonde de la pochette. Le quatrième de couverture est tout aussi glamour et révèle la main de la jeune fille à peine glissée dans sa petite culotte. Soyez donc prudent en le lisant dans les lieux publics!

Évidemment, avec un sujet comme le gang-bang du siècle et le prétendu fils (de la besogneuse) prêt à copuler avec elle, ce n'est pas de la fine littérature. C'est grotesque, mais tellement drôle qu'on en oublie l'ignominie de la chose. Chuck Palahniuk tente continuellement de pousser le bouchon un peu loin, tout en gardant un certain contrôle sur ce qui se passe. Il a la géniale idée de confronter 4 personnages différents; et d'exposer tour à tour leurs points de vue, rejugeant ce que l'autre vient de faire ou dire. C'est très bien vu; même si parfois son s'y perd car tous les protagonistes parlent à la première personne. Heureusement, comme souvent dans ses livres, l'auteur attribue des tics ou gimmicks verbaux à ses héros (rappelez le "coco" de Choke). De plus, ils ont des effets (ou look) bien distinct, comme le prétendu fiston avec son bouquet de roses qui se fânent à vu d'oeil; et la star avec sa peluche recouverte d'autographes. Ces malheureux de la bite baignent dans environnement sordide et bien gluant. Chuck Palahniuk imagine l'antichambre d'une mise en scène d'un gang-bang comme un endroit poisseux, rempli de stupre, de vaseline, de sueur, de pisse et de foutre alors que sur les écrans passent tous les films de la star du jour, et l'écrivain s'offre un délire avec tous les florilèges et pastiches de nom de film version X.
La trame de ces histoires et personnages est bien vue, le twist final également bien amené. On pourrait même adapter facilement ce huis-clos comme une pièce de théâtre, tant l'auteur joue sur la dramaturgie et la réduction spaciale de l'histoire.

En conclusion, même si l'idée de cette mise en scène est géniale, et que certaines anecdotes sur ces personnages sont bien croustillantes, on reste un peu sur sa faim. Chuck Palahniuk continue de nous narrer la mythologie mythomaniaque de la société américaine focalisée sur son nombril, prise en gros plan par la télé-réalité. Ce "Snuff" reste plus sur un exercice de style qu'autre chose... A lire pour les fans, et pour tous ceux qui fantasment sur les gang-bangs, évidemment!

Quelques liens:

lundi 9 novembre 2009

Nine dragons de Michael Connelly

Nine dragons de Michael Connelly Michael Connelly nous livre son deuxième livre de l'année, avec cette fois-ci le retour avec Harry Bosch.
Et attention, comme l'annonce le quatrième de couverture, cette fois-ci, c'est personnel... A croire qu'Harry Bosch est prêt pour incarner Dirty Harry...

Résumé: Harry Bosch doit enquêter dans le South LA sur la mort d'un vieux chinois, tué par balles, tenancier d'un "Liquor Store". Il écarte de suite le cambriolage qui a mal tourné et découvre assez vite que la mafia locale chinoise est caché derrière cette histoire de meurtre. D'ailleurs, il ne sait pas l'influence de celle-ci sur le quartier, et encore moins voire la police. Alors qu'il est prêt à appréhender le principal suspect, le voilà menacé par un étrange coup de fil. Coup de fil très vite suivi par une vidéo présentant sa fille, qui vit actuellement avec sa mère à Hong-Kong, ligotée sur une chaise...

Ma note:

Ma critique:

C'est toujours un plaisir de retrouver l'inspecteur Harry Bosch. Le précédent, "The Overlook" (à genoux), nous laissait présager que cela pouvait être bientôt la fin pour lui, vu qu'il y fût exposé à de fortes de radiations, ayant pu générer un cancer. Mais il n'en est rien. Il en plaisante même au début, voyant que les derniers examens n'ont rien révélés, et que ces radiations ont même dû éradiquer toute tumeur douteuse dans ses poumons encrassés par le tabac. Le voilà donc plus fort que jamais, inaltérable et inébranlable.
Pourtant le début du livre le montre plus ouvert que jamais sur les autres. On le voit faire attention à ses collègues, à les excuser, il éprouve même des remords sur ses dires et faits, parfois un peu abruptes; alors qu'il y a quelques années, il s'en moquait éperdument. Mais c'est un signe trompeur. En effet, dès que la rage de découvrir sa fille kidnappée à l'autre bout du monde, on va découvrir un nouvel homme, instinctif et inarretable.

Jusqu'à cet incident, le livre se déroule comme un bon vieux polar, comme le maitrise si bien Michael Connelly. Par contre, la suite laisse clairement à désirer. Cela s'affole et s'enflamme: il débarque à Hong-Kong, retrouve brièvement son ex-femme et part à la poursuite de sa fille, dans des contrées et une langue quasi-inconnues. Et en un temps record, il la retrouve et bien entendu, il la sauve. Mais c'est de manière la plus abrupte et violente qui soit; laissant pas mal de cadavres derrière lui (pas forcément provoqué par lui, ceci dit).
Mais voilà, son enquête ne tient pas la route, il fonce à l'instinct, on ne peut pas dire qu'il a des pistes solides, il court derrière le seul lièvre qu'il voit, et au miracle, c'est le bon. De plus, il y va, tel un Dirty Harry, prêt à dégainer, à tirer pour ensuite poser ses questions. Bref, on découvre un Harry Bosch qui sort des sentiers battus et qui fait tout, mais vraiment tout, pour sauver sa fille, allant à l'encontre de ses convictions. Il la sauvera, mais à quel prix? Cela, je ne vous le dirai pas.

La fin est nettement plus calme et on retrouve le Harry Bosch que l'on aime, mais bon, ce délire des tribulations d'un cowboy en Chine me laisse perplexe. A quoi bon nous présenter un Harry Bosch invincible et tête de mule, nous laissant l'amère sensation qu'une vingtaine de nouvelles aventures vont suivre, de plus en plus sensationnelles et de moins en moins crédibles.
Je ne pense pas que le portefeuille de Michael Connelly en ait si besoin. Il est certes encore tôt pour le tuer, mais je pense qu'il est bon pour qu'il parte enfin à la retraite...
Bref, "Nine dragons" est une grosse déception, à oublier aussitôt, et ne donne pas envie d'en savoir plus, à moins d'aimer l'inspecteur Navarro.

Quelques liens: