Ma critique:

J'étais d'abord parti pour lire "Pygmy", mais en feuilletant à la Fnac les premières pages, je me suis vite rendu compte que l'histoire n'était pas simple (futur proche revisité) et que le lire dans ma langue de Shakespeare, je risquais d'en perdre quelques miettes, et sans doutes les plus croustillantes. Je me suis donc rabattu sur ce "Snuff", nettement plus courts et focalisé sur un seul sujet: le cul, et à savoir gang-bang du siècle.
Avec Palahniuk, ce qui est bien, est que vous vous surprenez à chaque page, pour la plupart du temps, vous allez vous amuser, mais aussi parfois vous horrifier, voire vous dégouter avec les idées subversives qu'ils nous jette au visage. C'est le genre de bouquin qu'on ne prête pas à n'importe qui, après lecture. Là, d'ailleurs avec la couverture, on ne l'embarque pas partout! En effet, la jaquette que vous voyez est censurée: le bandeau noir (avec le titre) s'enlève et vous dévoile la poitrine (non bronzée) de la blonde de la pochette. Le quatrième de couverture est tout aussi glamour et révèle la main de la jeune fille à peine glissée dans sa petite culotte. Soyez donc prudent en le lisant dans les lieux publics!

Évidemment, avec un sujet comme le gang-bang du siècle et le prétendu fils (de la besogneuse) prêt à copuler avec elle, ce n'est pas de la fine littérature. C'est grotesque, mais tellement drôle qu'on en oublie l'ignominie de la chose. Chuck Palahniuk tente continuellement de pousser le bouchon un peu loin, tout en gardant un certain contrôle sur ce qui se passe. Il a la géniale idée de confronter 4 personnages différents; et d'exposer tour à tour leurs points de vue, rejugeant ce que l'autre vient de faire ou dire. C'est très bien vu; même si parfois son s'y perd car tous les protagonistes parlent à la première personne. Heureusement, comme souvent dans ses livres, l'auteur attribue des tics ou gimmicks verbaux à ses héros (rappelez le "coco" de Choke). De plus, ils ont des effets (ou look) bien distinct, comme le prétendu fiston avec son bouquet de roses qui se fânent à vu d'oeil; et la star avec sa peluche recouverte d'autographes. Ces malheureux de la bite baignent dans environnement sordide et bien gluant. Chuck Palahniuk imagine l'antichambre d'une mise en scène d'un gang-bang comme un endroit poisseux, rempli de stupre, de vaseline, de sueur, de pisse et de foutre alors que sur les écrans passent tous les films de la star du jour, et l'écrivain s'offre un délire avec tous les florilèges et pastiches de nom de film version X.
La trame de ces histoires et personnages est bien vue, le twist final également bien amené. On pourrait même adapter facilement ce huis-clos comme une pièce de théâtre, tant l'auteur joue sur la dramaturgie et la réduction spaciale de l'histoire.

En conclusion, même si l'idée de cette mise en scène est géniale, et que certaines anecdotes sur ces personnages sont bien croustillantes, on reste un peu sur sa faim. Chuck Palahniuk continue de nous narrer la mythologie mythomaniaque de la société américaine focalisée sur son nombril, prise en gros plan par la télé-réalité. Ce "Snuff" reste plus sur un exercice de style qu'autre chose... A lire pour les fans, et pour tous ceux qui fantasment sur les gang-bangs, évidemment!

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