Ma critique:
Le film gore "made in France" était jusque là étiqueté de film grand-guignol, du à la faute de moyens pour ce genre, et une promesse de distribution quasi-nulle. Et même si ces dernières années un renouveau semble percer, nous restons soit dans la provocation pure et simple ou bien le cinéma d'auteurs glauque (tel l'excellent et difficile "Martyrs").

Pourtant, avec "La Horde", Benjamin Rocher et Yannick Dahan font le tour de force de faire du gore, pour un public large et connaisseur, en jouant à fond sur le genre (le cinéma de zombie) avec une bonne dose d'humour.
Évidemment, avec un film de ce genre, ne vous attendez quand même pas à un film grand public. Non c'est un film de genre, en hommage aux films de George Romero, mais aussi à quelques cinéastes cultes de Yannick Dahan.

La trame du film ressemble à "Assaut" de John Carpenter, où les bons (enfin, les flics ici ne sont pas si gentils que ça) doivent faire alliance avec les méchants (qui sont au final pas si méchants que ça) pour faire face à pire qu'eux: les zombies.
Le début du film est donc plus basé sur l'affrontement psychologique et physique entre les mauvais flics et les malfrats: c'est tendu, filmé de près et malgré l'intrusion d'un ennemi implacable, cette haine viscérale entre les humains donnent un aperçu de calvaire sans fin, d'une boucherie production qui ne fait pas dans le détail et qui ne nous laissera pas de répits.

Et c'est là le premier coup de génie de Benjamin Rocher et Yannick Dahan: faire intevenir un nouveau protagoniste, qui va apporter une énorme dose d'humour et focaliser la haine de ses nouveaux frères d'armes vers leurs ennemis commun.
Ce personnage, joué par Yves Pignot, est jubilatoire, et jusqu'à la fin du film, il apporte son délire hors norme. Du coup, le film qui était là tendu et sanglant, devient grand-guignol à la façon des premiers Peter Jackson.

Le reste du film déboule et fonce, en pleine tronche des zombies, pour notre plus grand plaisir. Les 2 réalisateurs profitent alors de se faire plaisir, et de nous offrir quelques scènes monumentales.
Tout d'abord celle de Jo Prestia, ancien kickboxer, qui se fait éclater une deuxième fois la gueule de toute beauté (10 ans après son écrasage de tronche à coup d'extincteur dans "Irréversible"): il est tout simplement énorme. Il est lui-même, et nous gratifie d'un superbe fight contre deux zombies. C'est une des scènes d'actions les mieux réalisés du film, et va certainement faire le tour du monde. En effet, malgré le combat incongrue contre 2 zombies, ce combat est ultra-réaliste car chaque coup que porte Jo Prestia, on comprend que ce sont des coups mortels, et que peu d'humains pourraient s'en relever.
Une autre scène, qui ce coup-ci est nettement plus délirante et improbable, est celle du combat final de JP Martins sur le toit d'une voiture face à la horde de zombies. L'idée est là aussi géniale: on se croirait presque à un concert. Cette scène est dantesque et a dû être un véritable délire à tourner. A noter que tous ces zombies sont des bénévoles: Yannick Dahan à travers son blog avait fait appel à tous ses fans pour venir participer.
Au milieu de tous ces zombies, fans de ce genre, nous avons donc quelques acteurs français à la gueule bien trempée. Jo Prestia en premier, mais aussi Jean-Pierre Martins, en mauvais flic, face à un Eriq Ebouaney plein de maitrise (voire un peu trop). Aurélien Recoing ne reste malheureusement pas trop longtemps en scène. Yves Pignot est excellent dans son rôle très caricaturé mais tellement drôle. Enfin, nous avons la perle de ce film: Claude Perron, dans la peau de Sarah Connor, qui est magistrale, un regard à vous faire refroidir les envies d'une bande de sénégalais en rut.

Au final, le pari risqué des 2 réalisateurs est réussi. Certes, ils ne rafleront pas la mise, mais au moins, peuvent en sortir fier et heureux de voir et revoir ce film.
Merci Monsieur Dahan!

Info sur le film:
  • Réalisation: Benjamin ROCHER et Yannick DAHAN
  • Scénario: Yannick Dahan, Benjamin Rocher, Arnaud Bordas et Stéphane Moïssakis
  • Principaux acteurs: Eriq EBOUANEY, Claude PERRON, Jean-Pierre MARTINS, Yves PIGNOT, Jo PRESTIA et Aurélien RECOING.

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