C'était (déjà!) en 1995; Trainspotting sortait sur nos écrans et nous faisait découvrir la vie déjanté et amoral de ces jeunes écossais, toujours prêts pour la défonce. 7 ans plus tard, Irvine Welsh publia la suite de "Trainspotting", avec "Porno" et 10 après celui-ci, l'auteur écossais récidive en sortant ce coup-ci le pré-quel à son roman phare, nous faisant découvrir les premiers pas de Renton, Sick Boy & Co dans l'enfer de la drogue.
Comme à son habitude, Irvine Welsh écrit en phonétique pour souligner l'importance de l'accent écossais, ainsi que le milieu et l'état d'esprit dans lequel se trouve sn personnage. C'est donc très loin d'un anglais littéraire, car il vous faut d'une part, connaître bon nombre de mots d'argots (voir ce fameux site English slang and colloquialisms used in the United Kingdom qui m'a bien aidé), mais aussi lire à haute voix certains passages pour comprendre leur phonétique, et encore, car il y a de nombreux faux amis écossais: "Ah dinnae ken fae how long..."= "I don't know from how long...".
Il a donc été dur de s'y mettre et j'ai réellement souffert, je n'avais pas eu le sentiment de tant de difficulté lorsque que j'avais lu "Trainspotting" et "Porno", livres que j'avais lu dans la foulée. En effet, d'une part je connaissait parfaitement la trame de "Trainspoting", et d'autre part, à chaque chapitre, on savait qui était le narrateur: style anglais de mark, l'écossais pur de Spud, la grandiloquence écossaise de SickBoy où les diatribes de Begbie. Là, Irvine Welsh noie le poisson. A part le style primaire de Spud, on hésite toujours sur qui est le narrateur, et faut attendre parfois 2 ou 3 pages pour être sûrs (pour distinguer SickBoy de Renton ou de Nicksy, par exemple). Je préfère largement les astuces de Chuck Palahniuk de renforcer les tics (et tocs) de narration de ses protagonistes, permettant dès la première ligne de bien les identifier.
Toutefois, cela a été un pur bonheur de retrouver ces sales garnements: le désenchantement de Renton, le psychopathe SickBoy, qui est encore une fois monstrueux avec les femmes, au sommet de son art dans la manipulation la plus vile, la candeur et naïveté de Spud et l'éruptif Begbie. Irvine Welsh leur fait faire les pires idioties et petites monstruosités.
On regrettera quand même l'embourgeoisement de l'auteur écossais, qui vit désormais aux USA. Les turpitudes et actes outranciers qu'il décrit doivent faire fureur aux USA, mais bon ici, dans la vieille Europe, nous sommes loins des affres qu'il nous avait narré dans ses précédents livres (le bébé mort de" Trainspotting"; la nécrophilie d'Ecstasy, etc.). Bref, ce prélude a la saveur, l'odeur et la couleur d'un "Trainspotting" ou d'un "Porno", mais il est bien loin d'égaler ces 2 chefs d’œuvres de la littérature contemporaine de notre perfide albion.
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