J'avoue avoir pris un peu de temps à rentrer dans ce livre. Tout d'abord à cause du format américain du livre: épais et très étroit (et donc pas du tout pratique à tenir lors des 50 premières et dernières pages); et puis à cause de l'entrée en matière du héros du livre (de la saga; désormais) avec un Milo Weaver au bord du gouffre, sous amphétamines et prêt à tirer sur tout ce qui bouge.
Bref, j'ai cru qu'Olen Steinhauer nous faisait une version "espion" des thrillers de Jeffrey Deaver (avec un mort toutes les 2 pages), Mais il n'en est rien, rassurez-vous! En fait, les premières pages sont à l'image du héros d'avant sa blessure, et à sa mise en retraite forcée: il était speed, sans remords et persuadé d'avoir raison: sa chute tombe un 11 septembre 2001, tout un symbole.
On retrouve le héros 5 ans plus tard, reconverti en agent de bureau, qui traque à distance un tueur à gages, appelé "le tigre". Pour la première fois en 3 ans, il a enfin une trace concrète, sur le sol américain. Il part alors à son arrestation. Ce dernier lui avoue, avant de se suicider sous ses yeux, que leur rencontre n'est pas le fruit du hasard, encore moins le fruit de son travail acharné, mais bel et bien un enchainement d'un mécanisme qui lui échappe et qu'il devra résoudre seul.
Avec cette deuxième entame de livre, et ce twist surprenant, l'intérêt pour le livre devient captivant. Olen Steinhauer nous dévoile une intrigue à mi-chemin entre le roman d'espionnage, le road-movie et le thriller. On suit les pérégrinations de Milo Weaver au travers toute l'Europe puis des USA, pour savoir pourquoi tout semble le désigner comme bouc émissaire de certaines actions au sein de la CIA.
L'intrigue est assez complexe: on d'ailleurs du mal à percevoir toutes les pièces du puzzle et comprendre la vue d'ensemble. Le plus étrange est lorsque le héros comprend enfin la machination dans laquelle il est, c'est nous qui sommes un peu perdu. J'ai dû relire l'un des chapitres clés pour être sûr d'avoir tout bien capté.
C'est le seul bémol de cet excellent roman d'espionnage: c'est complexe, aussi complexe que la géopolitique de nos jours, où il n'y a plus d'idéologies pour guider ces hommes de l'ombre, juste une désillusion et un cynisme amoral sur ce qu'ils font et doivent faire, se sentant paradoxalement impuissant contre le terrorisme sans visage ou contre une économie financière déconnecté de la réalité des peuples.
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