Alors des polars qui s'annoncent mal dès les 10 premières pages, j'en ai lu finalement assez peu, et j'ai bien cru que celui-ci allait battre le désopilant livre sans nom. Il en a fallu de peu et Jussi Adler-Olsen se rattrape bien avec un excellent final, mais bon, va falloir vous enfiler les honteux clichés qu'ils nous jettent à la gueule sur les deux tiers du livre.
Nous découvrons donc l'inspecteur Carl Morck qui est une image d'Epinal à lui tout seul. Malgré sa bonne expérience du terrain, il a de piètre qualités: c'est un cossard fini, il n'a aucune conscience professionnel ou respect du travail de ses collègues, il est gentillement raciste, totalement machiste (voire misogyne) et il a une très haute opinion de lui-même! Par chance, il n'est pas alcoolique, seulement addict aux Sudoku!
Ouf, mais quand même, rien que cette description sommaire fait que ce polar n'a rien de scandinave! On se croirait plutôt chez les gendarmes de St Tropez ou un truc du genre! Les 100 premières pages sont totalement horripilantes et notre seule soif de découverte est la terrible détention de la belle Merette.
L'intérêt du livre ne tient d'ailleurs que là: comment peut-on survivre dans un caisson pressurisé et pourquoi y est-elle arrivé? Jussi Olsen reste toutefois très superficiel sur la réalité d'une telle séquestration (ne perd-on pas la notion du temps lorsqu'on est plongé dans le noir complet durant plusieurs semaines?); mais tous les 2 chapitres, nous avons droit à un épisode clé de son enferment, nous donnant à chaque fois un peu plus d'indices sur les raisons de ce crime.
Il ne faut pas compter sur l’efficacité et je-m’en-foutisme de l'inspecteur Mork pour espérer trouver un indice, et encore moins sur le travail bâclé des premiers enquêteurs sur l'affaire de la décennie danoise! L'inspecteur Morck renifle toutes les pistes mais n'en fouille vraiment aucune: il se ballade au gré du vent avec Assad, son assistant qu'il traine partout et à qui il fait faire toutes les basses corvées.
A eux deux, ils forment une sorte de Don Quichotte et Sancho Panza, en quête des crimes perdues des campagnes danoises. Malgré ce côté caricatural et picaresque, on finit par s'attacher à ce duo; car malgré le caractère "petit chef" de l'inspecteur, c'est un bon bougre qui sait reconnaitre la valeur de son âne savant, même si, à ses yeux (de gros porc), il ne restera qu'un âne!
Bref, pour conclure et après toutes ces péripéties et fausses pistes, ils tombent sur le bon filon et trouvent enfin des éléments concrets d'un mobile. A partir de là, tout s'enchaine vite et après avoir joué avec nos rictus, l'auteur danois joue enfin avec nos nerfs sur les 50 dernières pages. Le final est fort bien réussi, le suspense est intenable et captivant! On l'en oublierait presque tous ces facétieux clichés!
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