mardi 1 juin 2010

MetaCortex de Maurice G. Dantec

MetaCortex Maurice Dantec est de retour avec son 'Liber Mundi N°2', qui n'est pas réellement une suite au précédent numéro ("Villa Vortex"), non. Il s'agit une nouvelle fois d'un livre formant un tout, nous narrant la chute du monde.
Bienvenue dans l'enfer apocalyptique cybernétique de Dantec, livre-monde duquel il est bien difficile de s'échapper.

Résumé:
Aux alentours des années 2020, dans une époque où une vie vaut bien moins que les munitions servant à l'anéantir, les lieutenants Verlande et Voronine, duo de flics de choc de la Sûreté du Québec, partagent leur temps entre des enquêtes sur des tueurs de flics militarisés, des enlèvements d'enfants par une organisation pédophile, des attentats aux armes de guerre et des opérations de maintien de l'ordre visant à juguler le flot sans cesse croissant d'immigrés clandestins cherchant à débarquer sur le sol américain.
Leurs enquêtes les mènent vers toutes ses pistes, et elles semblent se croiser telles la structure d'un ADN. Le sont-elles vraiment? Le lieutenant Verlande en a l'intime conviction mais n'a aucune preuve...
En parallèle, il découvre l'histoire de son père, ancien Waffen SS, qui a traversé la guerre totale jusqu'à ce nouveau fléau mondial. Cette liaison va au-delà de la vie et de la mort, où il apparaît que la Deuxième Guerre mondiale n'a jamais cessé et qu'elle atteint au contraire son point critique aujourd'hui.

Ma note:

Ma critique:

Grand fan de Dantec, cela fait depuis quelques années que j'ai arrêté de promouvoir l'écrivain autour de moi: son style "néologisant" et ses délires métaphysiques me déstabilisent parfois et me laissent cette désagréable impression que je me force à lire ses écrits. Ce n'est pourtant pas qu'il soit moins tranchant, au contraire. Son combat, ou plutôt sa guerre, au travers de ses livres s'est énormément intellectualisé, il est parfois très vindicatif sur notre monde et envers cette "nomenklatura de gauche" qu'il déteste tant; mais l'ennui, c'est qu'à force, il devient pire que ces bobos écrivains qu'il exècre...

Bref, lire du Dantec de nos jours nécessite de la part du lecteur une bose dose d'engagement et de convictions. Ses polars deviennent presque plus politiques et sociologiques que la simple trame du crime à résoudre.
Avec ce MétaCortex (dans le frigo?), Maurice Dantec m'a enervé et déçu. Le premiers tiers du livre a un style ampoulé, insupportable à lire, où Dantec abuse des redondances (la machine dans la machine) ou d'emphases antinomiques (il regarde mais ne voit pas); voire logorrhéique.
Il met près de 300 pages à revenir à un style plus traditionnel, et plus supportable. L'ennui, c'est qu'également ce long début avance peu: le début de l'enquête est longue et manque de naturel. Les 2 flics de chocs ont des discussions métaphysique à la BHL ou Ouellebeck. C'est à peine crédible et énervant. Tout est lourd, et il faut une centaine de pages pour retrouver un semblant de ses premiers livres en étant sur les traces d'un pédophile. Mais le souflet retombe très vite. Il faut attendre la moitié du livre pour qu'il prenne enfin forme et que le message de l'auteur puisse être déscriptible.
Dantec ou les grilles de  l'enfer

Dantec garde toujours cette formidable vue chaotique du futur, il nous raconte un monde post-industrialisé, avec ces bouleversements techniques, écologiques et transgéniques. Mais bon, cela ne suffit pas à tenir en haleine les 400 premières pages. Le seul répit dans ce livre est le récit du père, Waffen SS, qui raconte son enrolement et sa campagne de Russie dans les unités d'élites, un peu à l'image d'un Jonathan Littel; mais plutôt celle de Robert Wilson dans son superbe "The Blind Man of Seville" (Meurtres à Séville), où l'on suit la transformation d'un homme en machine à tuer. On en vient même à attendre la suite de ce récit.
Sur ce pavé apocalyptique de 800 pages, il faut attendre les cents dernières pages pour enfin se faire du sang pour nos héros, et frémir quelque peu lors de la découverte du palais de l'horreur. Mais le style grandiloquent de Dantec enlève toute peur naturel devant cet étalage d'abominations.
Ce final, à mi-chemin entre l'univers sadique de "Salo ou les 120 jours de Sodome" de Pasolini et le cynisme de "Los Angeles 2013" de John Carpenter, tient difficilement debout. On aurait aimé que son héros tombe contre un vrai méchant, ayant les mêmes armes à sa disposition; pour bien donner vraiment corps à sa vision messianique de la chute.

Après "Villa Vortex", Ce "Métacortex", second volume de la trilogie Liber Mundi, sera donc suivi d'un troisième petit frère où le monde sera de nouveau en chute libre, et où, les transpositions du soldat/écrivain Dantec viendront sauver ceux qui auront garder la foi.
La question reste à savoir si ses fidèles lecteurs (dont je fais partie) souhaitent continuer à lire ce style surchargé et ces quelques délires méaphysique. Le retour à la simplicité (comme dans le percutant "Comme le fantôme d'un jazzman dans la station Mir en déroute") serait la bienvenue.

Quelques liens:

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