vendredi 24 juillet 2009

Embrasser le ciel immense de Daniel Tammet


Résumé: Daniel Tammet est un autiste Asperger, génie des nombres et des langues. Aujourd'hui, il a vaincu la prison de l'autisme : c'est un écrivain à part entière, un savant plein d'humanité et doté d'une sensibilité bouleversante. Les plus grands neuroscientifiques du monde se sont penchés sur son cas et ont dialogué avec lui. Il a appris sur la façon dont son cerveau (et celui des autres) fonctionne, qu'il a voulu nous raconter ses découvertes. Apprendre, raisonner, calculer, mémoriser, créer... Les capacités de l'esprit humain sont infinies.
Ma critique:

J'aime bien de temps en temps me faire un petit livre de vulgarisation scientifique, pour m'ouvrir l'esprit. Et avec ce livre, le but est atteint. C'est un livre instructif, simple et positif qui donne envie de mieux utiliser son cerveau, au lieu de le laisser végéter avec toutes ces facilités technologiques du monde moderne.

Ancien autiste d'Asperger, Daniel Tammet a su vaincre les symptômes asociaux de sa maladie pour s'ouvrir sur les autres et nous faire ainsi partager son expérience hors du commun. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des "100 génies" de notre siècle, et avec ce livre, on fait tout le tour de notre boite crânienne, et ce sous toutes les coutures.
Ce qui frappe à la lecture de ce livre, c'est l'humilité avec laquelle Daniel Tammet écrit. Ce n'est ni trop technique, ni trop simpliste; il nous raconte avec fascination toutes les prouesses dont est capable le cerveau. C'est d'ailleurs surprenant d'avoir quelqu'un d'aussi positif et ouvert sur son monde. Comme il l'explique, le cerveau travaille sans cesse, et contrairement à ce que nous avons longuement cru, il se regènerre sans cesse, à condition qu'on le fasse travailler comme il faut.

L'auteur indique une multitudes de conseils, surtout basés sur l'association d'idées, permettant ainsi d'enrichir notre mémoire. Il nous fait vite comprendre qu'un savoir isolé, appris bêtement, est un savoir qui s'oubliera très vite (cela en dit long sur notre système d'éducation où j'ai eu l'impression d'apprendre sans comprendre).
Si l'on veut apprendre et retenir, l'auteur nous invite à inclure dans notre processus d'apprentissage et de mémoriation nos cinq sens et d'associer ces nouvelles idées avec d'autres savoirs, renforçant ainsi les liens ente toutes ces connaissances. Si je devais faire une analogie avec le cyberespace, notre cerveau est un peu comme une page web: si cette pagee n'a pas de lien hypertext dans tous les sens (pour y venir et pour y sortir), alors il y a peu de chance qu'on la retrouve, et se retrouvera vite perdue dans la masse d'information.

Pour l'auteur, les choses simples comme un chiffre ou une lettre a des formes distinctes, des couleurs, sonorités et même des odeurs. Comment voyez-vous le chiffre 9? Comment l'entendez-vous? C'est surprenant de savoir qu'il peut pour chaque chiffre écrire un long paragraphe descriptif, voire même un roman pour les chiffres premiers!!!

Les 2 conseils de l'auteur pour que notre cerveau s'enrichisse durablement est donc d'associer, mais aussi de comprendre en découpant chaque idée, chaque pensée, par des idées plus simples, permettant ainsi d'avoir un enchainement logique.

L'autre point très intéressant du livre, est le descriptif de son cas, et de celui de bon nombre d'autistes savants. Il explique que pour la plupart des cas, ils ont souvent une malformation du cerveau qui font que les connexions au sein de celui-ci sont nettement moins compartimentés. En effet, chaque zone du cerveau (hémisphère droit/gauche, lobe frontal/occipital/pariétal/temporal, etc. - voir animation ci-dessous) est dédié à un savoir, un type de connaissance (vue, odorat, langage, etc.). Et que pour leur cas, ces aires sont souvent décalés ou empiètent les uns sur les autres, rendant ainsi une association plus riche mais tout autant décalé, expliquant ainsi (enfin, de manière simpliste) pourquoi les autistes n'ont pas du tout la même représentation du monde qui nous entoure, ou totalement bloqués par une action anodine; du fait que la zone du cerveau qui réfléchit perçoit les signes extérieurs par un prisme biaisé, ou pollué par une multitude d'informations inadéquates.


Livre passionnant, je reproche quand même une certaine superficialité de l'auteur sur le sujet. A trop embrasser notre cerveau, il enlace mal le sujet. Cela m'a rappelé les bouquins de vulgarisation scientifique ou comportementale d'auteurs américains, où on a l'impression que l'auteur enfonce les portes ouvertes de notre perception du monde. C'est le défaut des livres de vulgarisation, on aimerait parfois aller plus loin dans un sujet précis, quitte à s'y perdre. L'autre point négatif est que ce livre nous rappelle que nous sommes tous loins d'être plus intelligent que la moyenne et que cela se travaille énormément: il faut arrêter d'utiliser une calculette ou de faire appel sans cesse à tous ces outils qui nous simplifient la vie.... Snif!

Quoiqu'il en soit, malgré cette revue d'ensemble sur les capacités de notre cerveau, c'est une bol d'air d'humanisme et d'intelligence, qui nous rappelle qu'on a souvent besoin d'un plus petit que soi et que la différence est un bien. Et comme le disent si bien les cyniques "on est toujours le con d'un autre", cela n'empêche pas d'être plus intelligent que ce dernier.


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