Ma critique:
Le quatrième de couverture annonce que c'est la dernière enquête de Wallander et le style est vraiment crépusculaire. Wallander qui n'était déjà pas un optimiste se morfond de devenir vieux et souhaite gérer sa fin de carrière loin des meurtres et des affaires, et être plus proche de sa fille et petit-fille. Pour souligner cette chronique d'une fin annoncée, l'auteur rajoute à chaque chapitre des souvenirs des précédentes enquêtes, et fait même revenir les anciennes amours de l'inspecteur. C'est sûr, c'est bien le dernier Wallander, et l'auteur se complait dans la solitude de l'inspecteur et passe à côté de son livre.

C'est le premier (et dernier) Wallander que je lis en français et je n'ai pas accroché au style. Le tutoiement avec les suspects m'a un tantinet énervé car le 'you' auquel j'étais habitué était pour moi bel et bien un vouvoiement. De plus, je n'ai pas trouvé le style et la traduction vraiment soignée. J'ai trouvé qu'il manquait cette élégance soignée aux précédentes enquêtes. On sent que le livre, et sa traduction, ont été faite dans la rapidité. On sent que ce livre est plus une commande qu'une envie. Il est difficile pour un auteur de tuer son héros, et là, Henning Mankell le fait vraiment sortir par la petite porte.
C'est à croire que l'auteur a voulu prendre à contre-pied son éditeur et ses fans les plus ardus. D'une part, tous ces rappels sur les affaires passées de Wallander me font vraiment penser à une commande, plus qu'à une véritable envie de boucler la boucle. Pour moi, elle l'était déjà depuis fort longtemps avec la première "vraie" enquête de sa fille, et que maintenant, la vieille Suède pouvait dormir...

Le début du livre commence bien, l'intrigue de la disparation du beau-père, puis de sa belle-mère captive, avec toutes ces ramifications politiques et d'espionnage. Et tel un secret d'état, on sent que la vérité a multiple facettes et que personne ne la détient vraiment. Le dernier tiers du livre embarrasse: ce n'est plus un polar, mais la chronique d'une fin annoncée; celle de la peur de l'inspecteur de perdre pied, ce sentiment d'angoisse viscérale et insidieuse effaçant petit à petit des parties de sa mémoire, et lui montrant la voie de sa déchéance. Henning Mankell n'offre pas de rédemption à son héros recurrent. Il critique même son absence d'engagement politique, ou, malgré la chute du mur il y a 20 ans, que personne n'a voulu créer cet ordre nouveau, ce nouveau monde, avec de nouveaux idéaux pour un monde meilleur.
Final mélancolique, nous ne saurons jamais le fin mot de l'histoire et la profonde détresse de l'inspecteur. Il est en mieux ainsi, et comme le rappelle l'auteur en toute fin de livre: la vie de Wallander ne nous appartient pas.
Encore un message qu'on lui a forcé la main pour écrire cette dernière enquête?

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