mercredi 9 novembre 2011

Haken - Visions

Même si je dédie ce blog à mes lectures, je vous présente exceptionnellement un album dont je viens qui m'a littéralement scotché. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu un tel enthousiasme pour un album.
Sans doute même l'album de la décennie dans le genre du Rock Progressif.
A écouter de toute urgence!
HakenHAKEN - Visions ma note
Après les quelques déceptions des derniers Dream Theater, Opeth ou Andromeda, je commençais à me dire que le métal-prog devenait un style gonflant, que ce style reprenait les travers du rock progressif de la fin des années 70 en devenant pompeux. Et bien voici un album qui va mettre tout le monde d'accord: ce style est loin d'être moribond. Ce jeune groupe anglais vient de balancer une véritable bombe qui dégage bien derrière les oreilles et vous redonnent le sourire à la façon du Joker de Batman!
D'ailleurs, cela faisait longtemps que je n'avais pas eu un tel enthousiasme (dès la première écoute) pour un album. "Visions" rappelle les belles heures de Dream Theater (leurs 3 premiers albums) et toute la vague néo-prog anglaise des années 80/90. Il y a donc un petit côté de déjà vu mais on ressent un tel plaisir de jouer de la part de ces musiciens que l'on oublie vite ce léger retour en arrière.
Il faut dire que Haken maitrise parfaitement son art, et leurs instruments, et qu'ils placent avant tout la mélodie et l'émotion avant la technique. Les compositions sont très bien travaillées et il y a une parfaite osmose entre les claviers et les guitares. Les 2 guitaristes ont un sens inné du riff qui fait mouche et ils s'accordent parfaitement aux claviers démoniaques du mexicain du groupe: Diego Tejeida. Le morceau "Portails" est une tuerie de métal prog et rappelle également le style m'as-tu-vu de Magellan ou de Frost*. Le reste des morceaux est toutefois plus néo-prog que métal, et laissent une très belle part à l'émotion. "Deathless" ou le morceau phare "Visions" de plus de 20 minutes (et oui, c'est du rock progressif!) rappellent la nostalgie mélancolique que développaient si bien IQ ou Jadis; ou encore Opeth, dans leurs moments calmes.
Les influences d'Haken sont ainsi multiples, et je vous invite à aller voir leur site (et leurs bios respectives) pour les découvrir. En tous les cas, si vous adoriez Dream Theater, que vous aimez Opeth (sans les "death growls"), et que vous adorez les mélopées de claviers, alors HAKEN est fait pour vous.
Sans fioritures et en toute modestie, on peut affirmer que cet album est tout simplement la quintessence du néo-prog métal!

La track-list
  1. Premonition (04:09)
  2. Nocturnal Conspiracy (13:07)
  3. Insomnia (06:05)
  4. The Mind's Eye (04:04)
  5. Portals (05:27)
  6. Shapeshifter (08:07)
  7. Deathless (08:04)
  8. Visions (22:25)
Quelques liens:
Morceaux en écoute:
Voici quelques morceaux de leurs 2 premiers albums en écoute (et quelques démos!). A savourer!

vendredi 28 octobre 2011

Jo Nesbo - The Leopard

JO NESBO - The leopardGrand fan de Stieg Larsson et d'Henning Mankell, voici un nouvel auteur scandinave (norvégien!) que je découvre: Jo Nesbo. Ce léopard mérite d'être lu, ainsi que son fameux "bonhomme de neige", dont je viens entamer la lecture...

Résumé:
Deux femmes sont retrouvées mortes à Oslo, toutes les deux noyées dans leur sang. La police, en pleine guerre inter-services, se retrouve face à un mystère, puisque les blessures à l’origine des hémorragies fatales semblent avoir été provoquées par un engin de torture diabolique, particulièrement cruel. La Norvège ferait-elle face à son deuxième tueur en série, après le fameux "Snowman".
L'ennui, c'est que le seul spécialiste de la brigade criminelle, Harry Hole, est porté disparu. Il a plié valise à l'autre bout du monde à Hong-Kong pour oublier cette affaire... Le chef d'Harry Hole envoit la belle Kaja Solness pour ramener Harry à la raison et sur les traces de ces meutres mystérieux.

Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais

Ma critique:
C'est mon premier livre de Jo Nesbo et certainement pas le dernier vu que j'ai entamé dans la foulée le fameux 'Snowman', la précédente enquête à ce livre. D'ailleurs, cela gêne-t-il de commencer par "Le léopard"? Pas vraiment, car même s'il y a de nombreuses références à sa précédente enquête et que cela l'a détruit mentalement; le lecteur découvrant l'inspecteur Hole ne sera pas trop perdu. Toutefois, je conseille toutefois la lecture du Bonhomme du Neige avant d'entamer le léopard; où l'action du Bonhomme est bien séparée des 5 précédentes enquêtes.
Bref, revenons au livre qui commence de manière tonitruante avec le meurtre diabolique avec l'aide d'un engin de torture très sophistiqué la pomme du Roi Léopold: sorte de bayon métallique ayant des pointes acérées qui sorte de la pomme plus on serre les dents... Ensuite, on découvre ce fameux Harry Hole qui en dessous de tout, camé et exilé malgré lui à Hong-Kong.
Malgré sa réticence à revenir enquêter dans son froid pays, il repart dans sa contrée natale découvrir ces meurtres étranges. L'enquête avance vite et le dénominateur commun entre les victimes semblent trouvés; mais pas le mobile... Est-ce de nouveau un serial-killer agissant selon sa propre folie? Harry Hole en est persuadé; mais la guerre interne entre la Brigade Criminelle et la Police d'Oslo, qui sont tous les deux sur l'affaire, viennent semer le doute et brouiller les pistes.

Le rythme des 700 pages est soutenu et assez bizarrement, il y a peu de temps morts ni de longueurs. L'enquête suit son cours difficile, mais avec toutefois dans une grande scellérité, du fait de la concurrence entre les 2 services de Police; et surtout une grosse ficelle un peu dure à avaler avec ce méta moteur de recherche permettant de retrouver toute facture de carte bleue au travers le monde. Cet aspect de l'enquête est peu crédible mais permet de donner du rythme à une enquête qui semble au début, n'avoir ni queue ni tête.
Au deux-tiers du livre, Harry Hole tient son meurtrier, et on la on se dit "Zut, il reste encore un gros tiers, va-t-on tomber dans un thriller juridique à l'américaine dans lequel le présumé coupable/innocent va se jeter et maitriser son monde"? Et bien non, la vérité est ailleurs. Les apparences sont trompeuses et le jeu de miroir renversant! Le mobile du meurtre est finement vu mais on regrettera que la fin parte un peu dans tous les sens, un peu trop spectaculaire à mon goût.
Pour conclure, j'ai du mal à comprendre les critiques le considérant comme le nouveau Mankell ou Stieg Larsson car ni le style, ni l'ambiance, et encore moins la relation intime des héros avec climat difficile scandinave ne sont gérés de la même façon par les trois auteurs. Rapprocher ces 3 grands écrivains, outre que par leur origine scandinave, n'est que discours mercantile, et Jo Nesbo n'a pas besoin d'une telle réclame mensongère...

Quelques liens:

dimanche 28 août 2011

Le Livre sans Nom

Je me suis laissé tenté par ce curieux "livre sans nom", qui a fait d'abord le buzz sur le net, avant de devenir un succès littéraire. Toutefois, le bouche à oreille (ou le clic de souris) n'est pas forcément signe de qualité.
En effet, au cinema, une oeuvre comme celle-ci mériterait son titre de "Nanar" en lettre d'or sur Beauffywood Boulevard.

Le livre sans nom

Résumé:
A Santa Mondega, une ville d'Amérique du Sud oubliée du reste du monde et connue des habitants pour être la ville la plus dangereuse du monde, le massacre du "Bourbon kid" au bar "Le Tapioca" fait toujours débat, 5 ans après.
Alors qu'une jeune femme se réveille de 5 années de coma après ce fameux massacre, un inspecteur très particulier débarque à Santa Mondega, suivi de près par 2 moines, spécialiste en Arts Martiaux, venus récupérer la fameuse pierre magique l'"œil de la Lune", censée apporter invulnérabilité à celui qui la porte, qu'un chasseur de primes à voler.
Pour Sanchez, le barman du Tapioca, cela n'augure rien de bon, surtout avec la prochaine éclipse solaire; catalyseur de malheurs dans cette ville oubliée du monde.

Ma note: ma note

Ma critique:
Cela fait longtemps que je n'avais pas lu un tel navet, un navet qui fait certes passer du bon temps, mais un navet quand même. Au cinéma, il aurait son titre de "Nanar" en lettre d'or sur Beauffywood Boulevard. Cela a le goût du Western Spaghetti mais c'est en fait Polar Burger à bouffer vite fait, et à recracher aussitôt.
Même si c'est du fantastique, c'est narré de manière totalement simpliste et sans once de crédibilité. A part le premier chapitre, relativement soigné racontant l'atmosphère chaude et dangereuse du Tapioca Bar, le reste est du remplissage d'action écrit par un ado sous amphétamines un peu trop marqué par quelques classiques du cinéma des années 90.

En dehors des références cinématographiques clairement citées ("se7en"; "Pulp Fiction", "Kill Bill", "The Ring", "Karate Kids", "Destination: Graceland" et quelques autres), le livre base sa trame sur 5 films: "Desperado" & "Une nuit en enfer" de Robert Rodriguez pour le lieu et les méchants "pas très humains", "True Romance" pour le couple de jeune tourtereaux pris dans la tourmente, "The ring" pour la cassette maudite; et enfin, "Vampires" de John Carpenter pour l'intrigue final et l'aspect chasseur de prime. J'oublie certainement 2 ou 3 autres références cinématographiques (tous les Tarantino, comparse de Rodriguez). En tous les cas, ce livre rend hommage aux films de série B que Tarantino et de Rodriguez adorent; l'important pour l'auteur n'est pas le style et la crédibilité des personnages: mais l'action pur et l'apparence superficielle de ce qu'est un méchant.

Pas besoin de le prouver, donc; et à la différence d'un film, c'est peu crédible et totalement infantile. A part avoir une voix rocailleuse et leur légende derrière eux, ces méchants sont à peine crédibles. On n'y croit pas une seconde. Il faut dire que le style de l'auteur est d'une rare pauvreté, ainsi qu'un vocabulaire très limité et n'a aucune imagination dans la description; ni même la crédibilité de certains faits (un coma de 5 ans sans intraveineuse...).
On sent que l'auteur est bien jeune, qu'il n'a aucune expérience de la vie et narre son délire comme s'il se faisait un trip. Un trip sous acide qui lui a quand même donné de bonnes idées le dénouement final, qui au final rattrape ce massacre littéraire...

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dimanche 21 août 2011

Ecstasy - Irvine WELSH

Ecstasy Cela fait plus d'une bonne demi-douzaine d'années que je n'avais pas lu un livre d'Irvine WELSH, époque où j'avais lu dans la foulée les délirants 'Trainspotting" et sa suite 'Porno'. Et en retrouvant le livre planqué dans mon étagère, je me suis donc laissé tenter par cette série de nouvelles stupéfiantes, comme leurs noms l'indiquent.

Résumé:
Quel point en commun entre la reine des romans à l'eau-de-rose et un animateur de télé locale nécrophile? Celui entre une fille sans bras, un hooligan et un cadre supérieur d'une multinationale? Et enfin, entre un trentenaire ne vivant que pour les week-ends et une femme voulant changer de vie?
Et bien, c'est qu'il s'agit de trois romances, sous l'emprise de l'Ectasy, en version Trash, comme c'est si bien le faire Irvine Welsh.

Ma note: ma note

Remarque: lu en anglais, écossais et cockney!

Ma critique:
C'est toujours difficile de donner son opinion sur des série de nouvelles car le sujet et les styles diffèrent. Même si là, le théme commun est la consommation d'Ecsatsy et des ses conséquences, les 3 sont radicalement différentes et inégales; et vont de mal en pis.

La toute première histoire est de loin ma préférée, et la plus outrancière. C'est un véritable délire, grossier et choquant, que Chuck Palahniuk ne renierait pas. Nous avons donc d'un côté une romancière (obèse) à l'eau de rose, et de l'autre une infirmière n'aimant pas les hommes. Au milieu, le mari de la romancière qui passe son temps à liquider en jeux de hasard et en putes la fortune de sa femme; et un animateur de télé locale nécrophile, qui a ses entrées à la morgue de l'Hôpital.
Irvine WELSH s'amuse de ses personnages et explorent un style qu'on ne lui connaissait pas en nous dévoilant quelques extraits (avec un style très proche de celui de Jane Austen) de la romancière. Le final est à mourir de rire et le style est le plus proche de 'Porno'.

La deuxième nouvelle nous narre l'histoire d'un jeune hooligan, passant sa vie à chercher la bagarre et prendre de l'Ecstasy. En parallèle à sa vie de débauche, on suit l'histoire d'un riche homme d'affaires, qui noie un passé scrupuleux, et une jeune fille née sans bras. Les 3 personnages sont liés, et la jeune fille, reine de la fellation, saura manipuler son homme pour arriver à sa terrible vengeance.
Œuvre un peu plus politique, la nouvelle met un peu de temps à démarrer, même si on comprend de suite la nature de l'intrigue et le dénouement final.

La troisième histoire est la moins convaincante, racontant l'histoire d'un jeune trentenaire ne vivant que pour la défonce du Samedi soir; et la vie d'une femme se sentant piégée dans sa relation conjugale. Les deux se retrouvent à la fin mais cette nouvelle est relativement plate, car sans aucune intrigue. La seule narration intéressante est celle de savoir si Heather va quitter son mari ou non; la vie de Lloyd est faite d’expédients et de petites défonces qu'on a parfois mal à suivre.
Il faut dire, surtout pour ceux qui n'ont jamais lu d'Irvine WELSH, que son style est basé sur le phonétique régional. Un peu comme dans les livres de Chuck Palahniuk, les personnages d'Irvine Welsh ont des tics de langages très marquées, et surtout un accent à couper au couteau! Il faut presque lire à haute voix pour comprendre certaines phrases. Et les répliques du jeune Lloyd sont presque incompréhensibles, surtout lorsqu'il est sous influence.

D'une point de vue général, cette série de nouvelles est très amusante, et nous fait découvrir la jeunesse anglaise sous un prisme assez édifiant. La chose la plus drôle est que l'auteur a réussi à écrire avec plusieurs accents: écossais, cockney et londonien. Et c'est une joli bravoure d'écrivain.

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samedi 6 août 2011

Mark Billingham - From the dead

From the dead

Résumé:
Donna Langford vient de purger ses 10 ans de prison pour avoir fait tuer son mari en faisant sauter sa voiture. Mais voici qu'elle reçoit une photo troublante de son mari en pleine forme, tout beau et tout bronzé.
L'homme qu'elle détestait le plus est-il toujours en vie?

Circonspect sur l'identification de l'homme sur la photo, l'inspecteur Tom Thorne se retrouve plongé dans les conséquences d'une enquête qu'il avait mené 10 ans plus tôt. En fouillant le passé et en interrogeant de nouveau les protagonistes du meurtre, il semble bien que l'homme incinéré dans la voiture n'est pas Alan Langford.
Qui est alors la victime? Où est Alan Langford? Et pourquoi ces photos sont-elles envoyées, 10 ans après?

Ma note: ma note

Ma critique:
C'est avec plaisir que je retrouve l'inspecteur Tom Thorne et le style Mark Billingham. Il y a toujours cet aspect "so british" avec leurs fameux tea-time et pub-time qui rythme la vie des policiers londoniens. Et puis l'enquête sort un peu de l'ordinaire: quand le mobile et le criminel sont facilement identifiés, il faut également s'assurer que la victime est la bonne! Négligence qui va coûter chèrement à notre cher inspecteur.

Cette fois-ci, l'enquête ne part pas directement de Tom Thorne, mais d'une jeune détective privée, Anna Carpenter, qui tombe sur cette histoire d'un mari assassiné qui ne l'est plus vraiment, et qui revient hanté son épouse. Le début du livre est très intriguant et les pièces du puzzle s'imbriquent peu à peu pour comprendre cette histoire de revenant; et il faudra attendre la fin du livre pour répondre à toutes les questions.
Entre le début de l'intrigue et son dénouement, Mark Billingham développe un peu plus les tenants psychologiques de chaque protagoniste, et l'auteur s'égare parfois un peu. En effet, la mise en avant de cette jeune femme bouleverse un peu la vie de l'inspecteur, tant professionnel, où il se voit confier l'ordre de sa direction de "chapeauter" la jeune détective privée; mais aussi émotionnel, où l'espièglerie de la détective redonne un sentiment de seconde jeunesse à l'inspecteur Thorne, qui ne sait plus trop va sa liaison avec sa compagne.
Alors que l'on sent que l'histoire pourrait partir dans un vaudeville, Mark Billingham corse l'histoire et en crédibilise presque la narration de son enquête. L'auteur retombe un peu dans ses travers à vouloir faire vivre à son "héros" toute sorte d'aventures, et il n'hésite pas le faire partir pour l'Espagne pour retrouver Alan Langford.
Même si la confrontation finale tient la route, la façon de faire monter la sauce m'a un peu énervé, car les moyens mis en œuvres d'Alan Langford pour éviter qu'on le retrouve me paraisse un peu disproportionné, et à l'effet inverse de ce qui serait bon de faire. Bon, à part ce petit accroc dans l'histoire, ce fût quand même avec plaisir que j'ai parcouru cette enquête. Et vivement le suivant!

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mardi 19 juillet 2011

Stephen CLARKE - A brief history of the future

A brief history of the futureJe me suis laissé tenté par le dernière nouvelle de Stephen CLARKE, qui est connu outre-manche pour être le grand pourfendeur des honteuses manies françaises.
Ce coup-ci, il évite sur le dos des français et nous convient à une farce futuriste concernant "The Next Big Thing": la téléportation. Et comme quoi, Star Trek est l'un des premiers fournisseurs d'idées aux génies de ce monde...
Envoie-moi au ciel Scotty...

Résumé:

Richie Fisher et sa femme Clara ont gagné un voyage d'une semaine à New-York. Alors que sa femme Clara dépense leur argent en shopping, Richie se promène dans les magasins de jouet pour ramener un cadeau à son fils, resté en Angleterre. C'est là qu'il découvre une machine à téléporter, permettant d'envoyer n'importe quel cadeau à l'autre bout du monde en un clic.
Fan de Star Trek devant l'éternel, Richie veut absolument tester la machine et trompe la vigilance de la vendeuse pour envoyer ce qu'il a sous la main: un veggie-burger...
Malheureusement, seules les choses inertes peuvent être téléportées mais cette mésaventure le conduit au magasin de service après-vente et lui permet de ramener son saint Graal en Angleterre.

Le voilà embarqué dans une aventure digne du capitaine Kirk...

Ma note: ma note

Ma critique:
Bon, je ne savais pas à quoi trop m'attendre de Stephen Clarke, n'ayant lu aucune de ses satires anti-françaises. En fait, comme l'auteur le souligne dans son prologue, cette brève histoire du temps futur est l'un de ses premières nouvelles, écrites dans la foulée de "A Year in the Merde", qui a vu le jour grâce au Web et à sa diffusion on-line, avant d'être publié à travers le monde.
C'est donc une œuvre assez chaotique, avec un certain manque de maturité et assez amusante qui nous narre donc les aventures de Richie Fisher, qui découvre l'utilisation des machines à téléporter dans un réseau de magasins new-yorkais afin de faciliter la livraison des cadeaux. Grand fan de Star Trek, Richie fait des pieds et des mains pour ramner sa découverte dans sa contrée natale: l'Angleterre.

Le premier tiers du livre est assez drôle, un peu caricatural avec cet anglais moyen, n'ayant jamais rien réussi de sa vie, qui se trouve face à son plus grand rêve: téléporter des objets, et sans nul doute, bientôt des gens. Les fans de Star Trek apprécieront tous ces anecdotes sur l'univers créé par Gene Roddenberry et sur les addictions des fans du monde entier. Mais bon, après nous avoir alléché avec l'idée de la machine à téléporter, des déboires financiers de Richie qui l'oblige à faire un peu n'importe quoi avec sa machine, on tombe un peu dans le caricatural et la farce anglaise moyennement amusante.
D'autant plus que l'auteur s'amuse à compliquer l'intrigue en mettant en scène le président des USA et Madame la premier Ministre (anglaise et bien plus sexy que Mme Thatcher). Heureusement qu'il n'a pas trouvé le moyen de faire intervenir la reine d'Angleterre car au final cela devient un peu n'importe quoi. On croit deviner des choses drôles mais mis à part l'aspect anecdotique de la farce, on s'enlise avec ce délire mal-ficelé. l'histoire aurait mérité une relecture de l'auteur et sans doute une autre fin; avec bien moins de personnages.

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mercredi 29 juin 2011

The Reversal de Michael Connelly

The ReversalAprès le très mauvais "Nine Dragons", Michael Connelly revient avec sa star du moment: Mickey Haller, l'avocat à la Lincoln.
Et que les fans d'Harry se rassurent, il n'est pas très loin car tout deux font désormais équipe dans cette curieuse enquête judiciaire...

Résumé:

Mickey Haller se voit confier un poste de procureur le temps d'un procès.
Pour une fois, il ne défendra pas un "présumé coupable", mais accablera celui-ci. Il doit particpier au nouveau procès d'un tueur d'enfant, qui vient tout juste sortir de prison après 25 passé derrière les barreaux, suite à un test ADN le disculpant de la principale charge contre lui.

L'état de Californie souhaite donc le rejuger et prouver sa culpabilité.
Mickey Haller réunit une équipe de choc, son ex-femme, procureur renommée, et ce fameux Harry Bosch, vieux fouineur à trouver des preuves enterrées dans les sables du temps.

Ma note: ma note

Ma critique:
Je craignais un peu à m'attaquer de nouveau à Michael Connelly, tant j'ai été refroidi par "Nine Dragons", son précédent livre.
Mais bon, comme nous avons tous droit à une deuxième chance, je me suis laissé tenté par cette nouvelle enquête mettant en avant Mickey Haller. Et comme d'habitude avec cet avocat, on sort des sentiers battus des principales enquêtes de Connelly et il nous propose ici un jeu du chat et de la souris perdus dans les arcanes de la justice.
Et à vrai dire, c'est un jeu où les règles sont inversées puisque Mickey Haller et pour la première fois là pour attaquer, et non défendre, le "présumé coupable".

En changeant subtilement les règles du jeu, Michael Connelly change également son fusil d'épaule dans la façon de mener son roman policier et nous mène dans une exploration en eaux troubles de la Justice américaine; avec ses défauts et qualités.
Je reproche un peu cet aspect judiciaire prenant le pas sur le polar, mais d'un autre côté c'est passionnant. Au moment où je lisais ce livre est tombé sur nos écrans l'affaire DSK et les prémisses du jeu d'avocats qui va rentrer en jeu cet automne. Ce livre nous aide à découvrir les subtilités et subterfuges des avocats et procureurs pour mettre en doute, ou en faux, une preuve à première vue irréfutable. Je pensais détester ce genre d'intrigues, où seul les avocats ont les beaux rôles. Mais comme pour la série "The Good Wife", il y a l'intrigue policière derrière tout ça et malgré le sophisme détestables des hommes de loi, on assiste avec plaisir avec ce jeu malsain de présenter des preuves et des faits selon un prisme de vue surprenant.

Ce "Reversal" se lit donc très bien, surtout qu'il y a de nouveau un Harry Bosch comme on l'aime, tenace et toujours avec son fameux instinct du flic, qui lui fait découvrir plus qu'il ne devrait. Mais pour une fois, le doute s'installe en lui et ce n'est pas cette enquête qui calmera en lui les démons qui le démangent...

Quelques liens:

vendredi 10 juin 2011

L'enfant Allemand de Camilla Lackberg

L'enfant allemandJ'avais lu l'été dernier les 4 premières enquêtes policières de Camilla Lackberg, et c'est tout naturellement que je continue avec ce cinquième épisode...

Mais quelque chose me dit que j'aurais dû attendre cet été pour lire ce livre.

Résumé:

Tandis qu'Erica Falk entreprend des recherches sur sa mère qu'elle regrette de ne pas avoir mieux connue et dont elle n'a jamais vraiment compris la froideur, Erica découvre, en fouillant son grenier, les carnets de son journal intime et, enveloppée dans une petite brassière maculée de sang, une ancienne médaille ornée d'une croix gammée. Pourquoi sa mère, qui avait laissé si peu de choses, avait-elle conservé un tel objet?
Voulant en savoir plus, elle entre en contact avec un vieux professeur d'histoire à la retraite. L'homme a un comportement bizarre et se montre élusif. Deux jours plus tard, il est sauvagement assassiné...

Ma note: ma note

Ma critique:
A la lecture de ce cinquième épisode, je me demande vraiment si durant l'été, si je suis vraiment laxiste envers certains écrivains... Là, aucun doute possible. C'est le premier livre de Camilla Lackberg que je lis en dehors de la période estivale, et je m'y suis fait chier. Ce livre m'a paru comme une plaie, un remplissage de pages où Camilla Lackberg s'amuse à nous faire perdre notre temps avec une intrigue qui me semble avoir déjà écrit une bonne dizaine de fois!

Il est toujours délicat pour un écrivain de mener une enquête au temps alors que l'intrigue est dans un lointain passé. Et pour mener une enquête 50 ans en arrière nécessite une bonne maitrise du temps, il faut s'appeler Ellroy ou Connelly. Toutefois, Camilla Lackberg utilise de bons stratagèmes en développant de nouveaux meurtres sur ce qui s'est passé. Mais bon, on devine dès les premières pages que le secret caché de sa mère a déjà vu le jour et gambade quelque part... L'auteur essaie désespérément de noyer le poisson et d'interesser son lecteur, avec de nombreuses pistes (foireuses). Son idée du suspense est de faire croire que le petit message laissé sur un bon de papier est la clé du mystère, pour en fait dévoiler 50 pages plus loin que c'est la course des provisions!
L'intrigue avance donc peu et ce n'est pas la vie conjuguale des héros et de leurs proches qui vont nous captiver.

Même si les personnages restent attachants et un peu moins caricaturaux, ils commencent par énerver par leur grande naïveté face à la vie. Tout d'abord il y a ces leçons philosophiques de comptoir sur comment bien éduquer un bébé et la béatitude du Patrick face à son enfant, et des devoirs de père qu'il découvre. C'est gentil comme réflexion mais j'ai vraiment eu l'impression de lire un roman de gare pour vieille fille. Alors que les personnages secondaires deviennent un peu moins cons (comme le fameux commissaire Mellberg qui tombe dans les bras d'un couple de lesbiennes avec bébé), je trouve que c'est désormais l'écrivain qui cherche à nous rendre chèvre, à nus faire brouter toutes ces pages...
Bref, j'ai été fort déçu par ce cinquième tome, et je me demande si je me mettrais au sixème...

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mardi 29 mars 2011

Le porte-lame de William S. Burroughs

Le porte-lameCela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu l'un des livres de mon premier auteur favori, William Burroughs. Je profite donc de cette réédition

Résumé:
Nous voilà plongé en 2014, les USA sont en faillite, les grandes villes sont désertées suite à loi qui a bien mal tournée:la couverture sociale universelle. Et oui, paradoxalement cette loi a fait comprendre aux citoyens qu'il est plus facile d'accéder au soin en étant toxicomane ou grand malade. L'Amérique s'est peu à peu scindée en deux: ceux qui travaillent et gagnent beaucoup d'argent, et les autres, ne pouvant se payer les tarifs exorbitants de la santé privée, cherche à s'inoculer une maladie les rendant invalides au travail, pour être nourri, blanchi et (mal-)soigné par l'état.
Ainsi, en moins de 25 ans, New-York est devenue à l'image de "New-York 97" de John Carpenter, une ville dévastée peuplée de brigands, de toxicos et de chirurgiens et autres praticiens douteux de la médecine parallèle...

Ma note: ma note

Ma critique:
C'était l'une des rares nouvelles de William Burroughs qui m'avait échappé jusque là et je remercie les éditions "Tristram" pour cette première édition en français, 35 ans après sa parution aux USA... En fait, vu la brièveté de la nouvelle (moins de 100 pages), aucun éditeur francophone s'était lancé dans sa commercialisation. Écrit en 1974, après avoir lu l'œuvre de science-fiction du prolifique Alan E. Nourse, William Burroughs publia cette nouvelle intitulée "Blade Runner: a Movie", une sorte d'adaptation cinématographique (et psychédélique) couchée sur le papier.
William Burroughs n'était pas encore dans sa phase de cut-up mais nous y rapprochons. En fait, cette nouvelle découpe l'idée même du scénario, du synopsis, en devenant lui-même un texte pour devenir film et rester texte. Il s'agit d'une une mutation hybride entre ces genres.

On retrouve dans cette nouvelle de science-fiction la folie du Dr Benway du fameux "Festin Nu" avec ces interventions chirurgicales sans queues ni têtes. Cette vision apocalyptique de ce New-York délabré et grouillant de camés, de lépreux et autres dégénérés rappelle également la férocité de ses toxicos des "Garçons sauvages". Le contexte politique est également une partie non négligeable de la nouvelle avec ses petites attaques contre la société WASP fascisantes, les lobbys industriels, mais également l'avenir de l'homme face aux progrès de notre civilisation, qui nous conduisent peu à peu à devenir des mutants, affaiblies par tant d'antibiotiques et autres médicaments "miracles" dont les effets secondaires ne nous serons que révélés à la veille de notre mort, pas celle de l'homme, mais de l'humanité toute entière.

Quelques liens:

dimanche 6 mars 2011

L'homme inquiet d'Henning Mankell

De Paris à Cadix Voici la dernière enquête de Wallander. Henning Mankell conclue ici la saga de son fameux inspecteur, dommage que cette fois soit froide, à l'imagee du caractère de son personnage...

Résumé:
Grand-père d'une petite Klara, Wallander a réalisé ses rêves: vivre à la campagne avec son chien. Après avoir évoqué avec le commissaire la guerre froide et une affaire de sous-marins russes dans les eaux territoriales suédoises, le beau-père de sa fille Linda, ancien officier de marine, disparaît, puis c’est le tour de la belle-mère. Soupçons d'espionnage. Au profit de la Russie? Des États-Unis?
Parallèlement à la police de Stockholm et aux services secrets, Wallander mène sa dernière enquête. C'est alors qu’il amorce sa propre plongée en profondeur: les années écoulées et les femmes de sa vie défilent. Et la petite Klara devient son ultime balise…

Ma note: ma note

Ma critique:
Le quatrième de couverture annonce que c'est la dernière enquête de Wallander et le style est vraiment crépusculaire. Wallander qui n'était déjà pas un optimiste se morfond de devenir vieux et souhaite gérer sa fin de carrière loin des meurtres et des affaires, et être plus proche de sa fille et petit-fille. Pour souligner cette chronique d'une fin annoncée, l'auteur rajoute à chaque chapitre des souvenirs des précédentes enquêtes, et fait même revenir les anciennes amours de l'inspecteur. C'est sûr, c'est bien le dernier Wallander, et l'auteur se complait dans la solitude de l'inspecteur et passe à côté de son livre.

C'est le premier (et dernier) Wallander que je lis en français et je n'ai pas accroché au style. Le tutoiement avec les suspects m'a un tantinet énervé car le 'you' auquel j'étais habitué était pour moi bel et bien un vouvoiement. De plus, je n'ai pas trouvé le style et la traduction vraiment soignée. J'ai trouvé qu'il manquait cette élégance soignée aux précédentes enquêtes. On sent que le livre, et sa traduction, ont été faite dans la rapidité. On sent que ce livre est plus une commande qu'une envie. Il est difficile pour un auteur de tuer son héros, et là, Henning Mankell le fait vraiment sortir par la petite porte.
C'est à croire que l'auteur a voulu prendre à contre-pied son éditeur et ses fans les plus ardus. D'une part, tous ces rappels sur les affaires passées de Wallander me font vraiment penser à une commande, plus qu'à une véritable envie de boucler la boucle. Pour moi, elle l'était déjà depuis fort longtemps avec la première "vraie" enquête de sa fille, et que maintenant, la vieille Suède pouvait dormir...

Le début du livre commence bien, l'intrigue de la disparation du beau-père, puis de sa belle-mère captive, avec toutes ces ramifications politiques et d'espionnage. Et tel un secret d'état, on sent que la vérité a multiple facettes et que personne ne la détient vraiment. Le dernier tiers du livre embarrasse: ce n'est plus un polar, mais la chronique d'une fin annoncée; celle de la peur de l'inspecteur de perdre pied, ce sentiment d'angoisse viscérale et insidieuse effaçant petit à petit des parties de sa mémoire, et lui montrant la voie de sa déchéance. Henning Mankell n'offre pas de rédemption à son héros recurrent. Il critique même son absence d'engagement politique, ou, malgré la chute du mur il y a 20 ans, que personne n'a voulu créer cet ordre nouveau, ce nouveau monde, avec de nouveaux idéaux pour un monde meilleur.
Final mélancolique, nous ne saurons jamais le fin mot de l'histoire et la profonde détresse de l'inspecteur. Il est en mieux ainsi, et comme le rappelle l'auteur en toute fin de livre: la vie de Wallander ne nous appartient pas.
Encore un message qu'on lui a forcé la main pour écrire cette dernière enquête?

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samedi 12 février 2011

De Paris à Cadiz d'Alexandre Dumas

De Paris à Cadix Il y a quelques années de cela, mon grand ami espagnol, José-Luis, citoyen de la ville de Cadix en Andalousie, m'a offert ce livre d'Alexandre Dumas, contant sa traversée de l'Espagne, d'Irun à Cadix, en passant par Burgos, Madrid, Tolède, Jaen, Grenade, Courdoue et Séville.

Résumé:
Sur la proposition de M. le Ministre de l'Instruction publique, Alexandre Dumas se voit offrir un voyage pour l'Algérie, récente conquête française dont il devra vanter les attraits aux colons potentiels. Il en profite pour d'abord se rendre à la noce de son ami le duc de Montpensier, qui se marie prochainement à Madrid avec l'infante Luisa Fernanda.
Le voilà parti avec son fils, son homme à tout faire et 2 autres amis pour une traversée rocambolesque de l'Espagne.
De la frontière basque au port de Cadix, Alexandre Dumas envoie ses lettres à ses amis restés en France, regroupées ici dans ce recueil haut en couleur, tout comme les contrées espagnoles.

Ma note: ma note
Remarque: Lu en espagnol
Ma critique:
Cela faisait plus de 15 ans que je n'avais pas lu un livre en langue espagnole, et à part quelques articles sur www.marca.es pour suivre les déboires du club de foot de Cadiz, je ne me sentais pas prêt à lire ce cadeau empoisonné.
Mais bon, c'était un de mes défis avant mon passage de la quarantaine et j'y suis arrivé. Et ce fut nettement plus simple que je ne le pensais.

En fait, à part quelques descriptions détaillées des carrosses, diligences et vêtements des espagnols, les lettres d'Alexandre Dumas sont plus écrits sur le vif, tel un journal de bord, et donc très facile d'accès; et au bout d'une cinquantaine de pages, ce fût un régal.
Et un régal dans tous les sens du terme: la joie de ré-apprivoiser une langue que j'adore, de voir qu'une culture après 2 siècles gardent ces mêmes particularités et enfin, le style enjoué, jubilatoire et facétieux des lettres d'Alexandre Dumas. C'est drôle, mais j'avais l'impression que les quelques expressions traduites par ... étaient typiquement des tics de langages de la grandiloquence de mes amis de Cadix!!!

Mais revenons au livre. Alexandre Dumas raconte donc de façon rocambolesque son voyage, en débordant parfois un peu sur la réalité. Alexandre Dumas est un véritable boute-en-train Dumas qui se joue parfois des préjugés, en les enfonçant d'abord de manière assez corrosif, puis en les sortant hors de l'eau pour leur trouver toutes les qualités. C'est presque un voyage picaresque, à la différence que lui et ses compères vivent dans l'exubérance: ils surnagent dans ce flos de difficultés (routes, diligences, auberges insalubres), méprisant le danger (les voleurs), et restent des gentlemen épicuriens en chaque instant comme si, finalement, tout est dérisoire...
Faut dire que l'humilité et la modestie d'Alexandre Dumas sont aussi fines qu'un cumulo-nimbus: c'est un peu Dieu sur Terre, connu de par le monde grâce à ses livres. Il taille donc en pièce les quelques différences culturelles de l'Espagne avec la France: ses douaniers, ses routes, les coutumes vestimentaires, les moyens de locomotion (que des mules et mulets!) et surtout ses fameuses auberges. Les histoires liées aux auberges espagnoles sont hilarantes et on comprend mieux l'origine de cette expression. En effet, Alexandre Dumas nous explique que les auberges n'ont rien d'hospitalière (courtoisie, qualité, repas), et que si vous n'apportez pas vous même votre nourriture, couverts, draps et bonne humeur, vous ne passerez pas une bonne soirée, et encore moins une bonne nuit; et que c'est donc à vous d'en faire un lieu agréable.

Le témoignage de l'auteur est donc très facétieux et burlesque mais sans méchanceté aucune, et donne vraiment envie de faire partie du voyage. Il se moque plus de ses compagnons de voyages, son homme à tout faire qui se révèle plutôt un homme bon à rien faire; son ami peintre qui s'extasie devant tout, et même son fils, qui passe son temps à dormir où à trouver des belles damoiseaux... Son récit de la corrida est passionnant et relate très bien l'aspect addictif et envoutant de cette mise en scène "barbare". Ce chapitre vaut le détour!
Autre chose passionnante est de voir que quelques us et coutumes restent typiquement castillanes: le manque de détail des additions, la pudeur des andalouses où il faut 18 mois minimum pour espérer leur baiser la main; la magie des danses sévillanes, à la fois terriblement orgasmique et pudiques; et cette façon dont les andalous aiment s'habiller: reprendre les aspects chics de différentes modes vestimentaires, mais d'en faire au final un patch vestimentaire très coloré incongru, voire de mauvais goûts (comme toutes ces "putitas gordas" habillées de bottes de motos, mini-jupe, botte et pull coloré que l'on peut croiser en Andalousie). Bref, près de 2 siècles plus tard, cela fait plaisir de constater qu'outre les us et coutumes, une certaine mentalité reste dans les

Pour finir, on regrettera que le nombre de pages sur Séville et Cadix soient si peu nombreuses, mais cela est vrai que toutes les surprises et différences du culture ont été développées dans tout le reste du livre.
Chose étonnante sur Cadix, c'est que la description de la ville reste la même aujourd'hui: avec d'un côté une ville à part avec des maisons hautes, des rues sans fins qui débouchent sur un bleu infini fait de ciel et de mer et une cathédrale grossière. Et de l'autre, une gaieté dans la mentalité des gens (ces gens sont si contents, si joyeux de vivre qu'on se demande s'ils ne sont pas, en fait, sans cesse dans le besoin de se rassurer qu'ils vivent biens et heureux), et surtout, surtout, un sentiment d'apprécier cette ville sans savoir pourquoi, simplement le fait d'y être et puis c'est tout!. C'est exactement mon ressenti envers cette cité que j'adore. Elle n'est pas vraiment belle, mais elle a ce charme envoutant qu'y fait qu'on s'y sente bien de suite.

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jeudi 27 janvier 2011

The man from Beijing d'Henning Mankell

The man from Beijing d'Henning MankellHenning Mankell a publié deux de ses livres de manière trés rapproché, d'une part "l'homme inquiet", mettant en scène l'inspecteur Wallander, déjà publié en français. Et d'autre part les anglophones ont eu droit au "Chinois" (The man from Beijing); et d'ailleurs je ne suis pas sûr que ce dernier soit disponible en Chine...

Résumé:
Au nord de la Suède au plein coeur de l'hiver, la police locale fait une macabre découverte sans précédent: tous les habitants d'un hameau ont été massacrés à l'arme blanche.
A l'autre bout de la Suède, Birgitta Roslin, juge de son état, découvre qu'elle a un lien familial direct avec l'une des 3 familles assassinées. Elle décide d'enquêter de son côté. Ses seules indices: le vieux journal intime d'une aïeule, un ruban rouge et l'apparition d'un chinois dans ce coin reculé de la Suède...

L'intuition de Madame le juge lui laisse dévoiler une vengeance vieille d'un siècle ayant eu lieu sur 3 continents, et d'un réseau de corruption plus grave encore...

Ma note: ma note

Ma critique:
Avec "Kennedy's brain", c'est le deuxième livre d'Henning Mankell où l'action se passe en majorité en-dehors de Suède. Jusqu'ici, les livres d'Henning Mankell restaient principalement focalisés sur la société suédoise et sur ses pertes de repères, comme le déplorait son illustre inspecteur Wallander. Depuis que l'auteur vit en Afrique (Mozambique), Henning Mankell mondialise ses personnages et les fait donc parcourir le monde. Avec ce "The Man from Beijing", nous allons sur 4 continents: l'Europe, l'Asie, l'Amérique et enfin l'Afrique.
Ce livre aborde également des thèmes économiques et politiques sensibles sur la situation du continent Africain que "le cerveau de Kennedy" abordait à peine... Henning Mankell nous délivre sa première œuvre versatile, où l'intrigue policière se mêle à l'histoire et à la géo-politique.

Tout commence donc par la macabre découverte de ce massacre dans un hameau perdu au nord de la Suède. L'intrigue est donc dès le début captivante et change des petits meurtres suédois de l'inspecteur Wallander. On ne sait pas trop à quoi s'attendre et l'entrée en scène dans l'enquête de la juge Birgitta Roslin déroute un peu... Ce n'est pas des plus crédible mais paradoxalement, nous sommes plongés dans cette intrigue tortueuse ne tenant qu'à un fil, ou plus exactement, qu'à un ruban rouge.
Et d'un coup, nous voilà plongé dans un manuscrit vieux de 130 ans nous narrant l'histoire d'une fratrie chinoise qui va traverser à pied (par) la Chine pour enfin parcourir le monde et revenir dans leur contrée millénaire.

Henning Mankell déstabilise son lecteur en mêlant 2 points de vue radicalement différent; celui de la juge et de l'homme d'affaire chinois, et leur passé respectif; qui semble être le lien du massacre. On comprend d'ailleurs assez vite ce mobile mais on se demande où va nous mener l'auteur: que pourra faire la juge, quelle preuve pourra-t-elle avoir et cela ne va-t-il pas finir en queue de poisson comme le "Kennedy's brain".
Et bien non. Le message est en fait ailleurs, et très politique. Je mettrai donc de côté les facilités scénaristiques avec lesquelles l'auteur s'amuse pour faire venir Madame la juge en Chine et trouver en quelques heures les bonnes personnes. C'est léger et cela risque d'horripiler plus d'un lecteur. Mais bon, nous sommes embarqués dans le flux et cette intrigue versatile qui nous laisse présager d'un message plus important

La partie finale est pleine de surprises et en fait très géo-politique. En effet, il dénonce le comportement néo-colonisateur de la Chine sur tout le continent Africain. Même s'il modère ses propos en nous dévoilant des dissensions importantes au sein du parti communiste chinois, les faits historiques et présents sont là.
La Chine a depuis plus de 50 ans un véritable problème de sur-population accrue par un manque d'auto-finance alimentaire. Henning Mankell nous expose sa vision politique qu'en effet, cette surpopulation rurale est une menace pour l'équilibre de la société chinoise, avec ces 200 millions de paysans qui ne cessent de s'appauvrir, et qui risquent, un jour, de se révolter. Et que ce risque explique les bataillons d'ouvriers et de paysans chinois qui sont envoyés en Afrique, en coopération. Mais en fait, leur déportation est en tant que véritable extracteur de la richesse locale: la terre agricole. Henning Mankell dénonce cette politique coloniale édulcorée qui risque au final d'être pire que la colonisation européenne des siècles derniers. Il met en avant également que le gouvernement chinois atteint plusieurs objectifs en un seul coup: à court terme, la problématique de la diminution de la population en Chine ainsi que l'augmentation rapide et assurée de nouvelles ressources alimentaires; et à long terme la mise à bas de toute tension velléitaire au sein de la Chine.
L'épilogue du livre se termine quand même sur l'intrigue initiale, où là encore, l'auteur se laisse aller à quelques facilités de roman de gare; ce qui est un peu dommage.
Heureusement que le message politique nous fait oublier ces quelques maladresses.

Quelques liens: