Ma critique:

J'ai toujours apprécié les idées et démarches qui sortent de l'ordinaire et qui viennent bousculer nos idées reçues sur les choses de ce monde. "Freakonomics" va en ce sens et veut ainsi nous guider vers de nouvelles perspectives d'analyse et remettre en question nos a-prioris. Les 2 auteurs y arrivent, et cassent bien en règle des idées reçues ou des messages de nos politiques. Toutefois, on reste un peu circonspect. En effet, ils ont beau nous présenter des théories et points de vues convaincants, ils ne cessent de se faire mousser avec leurs idées (la preuve avec leur auto-interview à la fin du livre). En anglais, on appelle cela du "Smart-ass thinking", que je traduirai par des ânes savants qui pêtent plus haut que leur cul.

Certes, ils ont été les premiers à expliquer les raisons de la baisse soudaine de la criminalité au début des années 90 aux USA, alors que tous les spécialistes ne voyaient pas comment enrayer une telle violence (plus de policier, plus de prisons, la tolérance 0 de Guliani à New-York City, etc.). Il fallut une jeune femme, une seule, noire et pauvre de surcroît, qui fit jurisprudence en gagnant son procès pour droit à l'avortement (l'arrêt Roe v. Wade en 1973), vue qu'elle était dans l'incapacité la plus totale d'assurer un avenir à sa future progéniture.
Et moins de 20 ans plus tard, et une criminalité croissante sur tout le territoire américain, le recul des naissances des familles pauvres entrava cette montée en flèche vu que le vivier de la jeunesse désoeuvrée délinquante se tarissait peu à peu, comme quoi, les théories malthusianistes ont du bon!

Les 2 auteurs démontrent, chiffres à l'appui, que cette baisse de la criminalité est parfaitement corrélée à la baisse sensible des naissances dans les milieux les plus pauvres, ainsi que le décalage temporel de la mise en place au droit à l'avortement dans les différents états américains. C'est donc sur cette théorie clairement anti pro-life que les 2 auteurs se pavanent et jouent les ânes savants sur d'autres sujets, plus ou moins intéressants.

Le livre (qui est une reprise d'article réécrites et approfondies pour le format) a des idées et théories fortes intéressantes, qui découlent du bon sens économique, mais pas forcément celui des ides reçues. C'est un peu comme les bouquins de Marketing; une fois expliqué, cela semble tellement simple et bête qu'on se demande à quoi bon en faire tout un livre!
Et oui, l'agent immobilier se fiche d'éviter de faire un rabais de 15.000 € sur votre bien immobilier car au final, le temps passé à négocier pour préserver le prix initial n'aura aucun impact sur sa commission. Et oui, tous vos livres sur comment mieux éduquer les enfants ont finalement peu d'impact, vu que statistiquement, tout est joué dès la naissance, dès le milieu social (et affectif) de l'enfant. Et oui, dans le milieu de la drogue, les porteurs et petites frappes ne gagnent pas finalement pas tant que ça. Et oui, les piscines sont plus dangereuses que les armes à feu.

Pour conclure, malgré de bonnes idées, et quelques pics bien vu contre les lobbys réactionnaires, "Freakonomics" fait partie de ces best-sellers insupportables des smart-ass qui ont cru trouvé l'idée du siècle, et tente de vous la vendre à tout prix...
Dommage, le recueil des articles auraient été mieux et sans doute moins prétentieux.

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