jeudi 30 juillet 2009

The reader de Stephen Daldry


Synopsis: En Allemagne de l'Ouest, quelques années après la Seconde Guerre mondiale. un adolescent, Michael Berg, fait par hasard la connaissance de Hanna, une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Commence alors une liaison secrète et passionnelle. Pendant plusieurs mois, Michael rejoint Hanna chez elle tous les jours, et l'un de leurs jeux consiste à ce qu'il lui fasse la lecture. Il découvre peu à peu le plaisir qu'elle éprouve lors de ce rituel tandis qu'il lui lit L'Odyssée, Huckleberry Finn et La Dame au petit chien, etc. Hanna reste pourtant mystérieuse et imprévisible. Un jour, elle disparaît, laissant Michael le coeur brisé.
Quelques années plus tard, devenu étudiant en droit, Michael assiste aux procès des crimes de guerre Nazi. Il retrouve Hanna... sur le banc des accusés. Peu à peu, le passé secret de Hanna est dévoilé au grand jour...

Ma critique:
Distribuer un film sur un sujet aussi sérieux et dérangeant en plein été est assez suicidaire dans sa logique commerciale, surtout que le film a déjà été distribué dans toute l'Europe depuis, déjà, plusieurs mois. Mais bon, à ce qu'il parait, le film a failli de n'être jamais distribué dans notre contrée: on ne va donc pas faire la fine bouche. Ce film est un chef d'oeuvre d'émotion et il mérite qu'on s'y attarde.
Et c'est vrai dès qu'on parle du sujet épineux de la Shoah, je ressens un certain malaise quand ce traumatisme sert de levier dramatique et romanesque. Pourtant là, j'ai été bouleversé par la trame de cette histoire. Stephen Daldry ne tombe pas dans le piège de la démagogie, il reste neutre face au passé de l'héroïne et laisse le spectateur comme seul juge. Le film dépasse le simple cadre de la représentation historique, car le sujet tourne plus sur la gestion de ses sentiments mis à bas, de sa honte intérieure (celle de l'héroïne ou du jeune héros), que de la culpabilité reconnue de ses actes passés.
C'est aussi un film sur l'amour nostalgique, où le souvenir de l'émancipation sexuelle du jeune Michael rappelle le film de Robert Mulligan "Un été 42" où la beauté d'une femme plus âgée bouleverse l'âme de l'adolescent. Mais à la différence que dans "The reader" cela commence de suite par la liaison amoureuse. Nous sommes donc bien lien du songe dans lequel rêve Herbert (de l'été 42) et pourtant, il y a en commun cette nostalgie d'un amour impossible, interdit, qui meurtrie à jamais les 2 jeunes hommes. Et la plaie du jeune Michael Berg s'ouvre béante quand il découvre le passé de sa belle, ancienne tortionnaire dans un camp nazi.
Le plus bouleversant est que le jeune homme, est là pour étudier le procés et qu'il a la possibilité de sauver son ancien amour. Il est dans ce profond désarroi de découvrir ce passé qu'il ne pouvait imaginer, qui percute de plein fouet ses souvenirs d'amour et de pure beauté. Il aimerait tant plaider pour sa belle, mais il comprend vite que la défendre serait en un sens la trahir.
Le dernier tiers du film est splendide et met la boule au ventre.
L'intensité du regard de Kate Winslet y joue pour beaucoup, elle joue le rôle d'une femme paradoxalement froide et assez frustre, et qui par moment dégage un sentiment de bonheur et d'amour. Je dois l'avouer: j'ai un gros faible pour Kate Winslet. Depuis que je l'ai vu dans "Créatures célestes"; où elle m'a mise littéralement en émoi, je suis fan. Et avec ce film, mon coeur s'est mis une fois de plus en émoi. Ce qu'elle est belle et naturelle, et surtout, qu'est-ce qu'elle dégage comme sincérité. Son oscar pour meilleure actrice est amplement méritée. Le jeune David Kross est quant à lui très bien, et dire qu'il n'était pas majeur au début du film (rassurez-vous, pour les scènes de nues, les producteurs attendirent qu'ils aient sa majorité!). Ralph Fiennes est également superbe dans sa sobriété, d'homme tiraillé par un amour honteux aux yeux de tous qui aimerait redonner un visage humain à son ancienne amante.

Info sur le film:
  • Réalisation: Stephen Daldry
  • Scénario: David Hare, d'après le roman de Bernhard Schlink, paru en 1995, qui a été le premier roman allemand contemporain en tête de la liste des best-sellers du New York Times.
  • Principaux acteurs: Kate Winslet, David Kross, Ralph Fiennes, Bruno Ganz, Susanne Lothar, Lena Olin, etc.
Quelques liens:

vendredi 24 juillet 2009

Embrasser le ciel immense de Daniel Tammet


Résumé: Daniel Tammet est un autiste Asperger, génie des nombres et des langues. Aujourd'hui, il a vaincu la prison de l'autisme : c'est un écrivain à part entière, un savant plein d'humanité et doté d'une sensibilité bouleversante. Les plus grands neuroscientifiques du monde se sont penchés sur son cas et ont dialogué avec lui. Il a appris sur la façon dont son cerveau (et celui des autres) fonctionne, qu'il a voulu nous raconter ses découvertes. Apprendre, raisonner, calculer, mémoriser, créer... Les capacités de l'esprit humain sont infinies.
Ma critique:

J'aime bien de temps en temps me faire un petit livre de vulgarisation scientifique, pour m'ouvrir l'esprit. Et avec ce livre, le but est atteint. C'est un livre instructif, simple et positif qui donne envie de mieux utiliser son cerveau, au lieu de le laisser végéter avec toutes ces facilités technologiques du monde moderne.

Ancien autiste d'Asperger, Daniel Tammet a su vaincre les symptômes asociaux de sa maladie pour s'ouvrir sur les autres et nous faire ainsi partager son expérience hors du commun. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des "100 génies" de notre siècle, et avec ce livre, on fait tout le tour de notre boite crânienne, et ce sous toutes les coutures.
Ce qui frappe à la lecture de ce livre, c'est l'humilité avec laquelle Daniel Tammet écrit. Ce n'est ni trop technique, ni trop simpliste; il nous raconte avec fascination toutes les prouesses dont est capable le cerveau. C'est d'ailleurs surprenant d'avoir quelqu'un d'aussi positif et ouvert sur son monde. Comme il l'explique, le cerveau travaille sans cesse, et contrairement à ce que nous avons longuement cru, il se regènerre sans cesse, à condition qu'on le fasse travailler comme il faut.

L'auteur indique une multitudes de conseils, surtout basés sur l'association d'idées, permettant ainsi d'enrichir notre mémoire. Il nous fait vite comprendre qu'un savoir isolé, appris bêtement, est un savoir qui s'oubliera très vite (cela en dit long sur notre système d'éducation où j'ai eu l'impression d'apprendre sans comprendre).
Si l'on veut apprendre et retenir, l'auteur nous invite à inclure dans notre processus d'apprentissage et de mémoriation nos cinq sens et d'associer ces nouvelles idées avec d'autres savoirs, renforçant ainsi les liens ente toutes ces connaissances. Si je devais faire une analogie avec le cyberespace, notre cerveau est un peu comme une page web: si cette pagee n'a pas de lien hypertext dans tous les sens (pour y venir et pour y sortir), alors il y a peu de chance qu'on la retrouve, et se retrouvera vite perdue dans la masse d'information.

Pour l'auteur, les choses simples comme un chiffre ou une lettre a des formes distinctes, des couleurs, sonorités et même des odeurs. Comment voyez-vous le chiffre 9? Comment l'entendez-vous? C'est surprenant de savoir qu'il peut pour chaque chiffre écrire un long paragraphe descriptif, voire même un roman pour les chiffres premiers!!!

Les 2 conseils de l'auteur pour que notre cerveau s'enrichisse durablement est donc d'associer, mais aussi de comprendre en découpant chaque idée, chaque pensée, par des idées plus simples, permettant ainsi d'avoir un enchainement logique.

L'autre point très intéressant du livre, est le descriptif de son cas, et de celui de bon nombre d'autistes savants. Il explique que pour la plupart des cas, ils ont souvent une malformation du cerveau qui font que les connexions au sein de celui-ci sont nettement moins compartimentés. En effet, chaque zone du cerveau (hémisphère droit/gauche, lobe frontal/occipital/pariétal/temporal, etc. - voir animation ci-dessous) est dédié à un savoir, un type de connaissance (vue, odorat, langage, etc.). Et que pour leur cas, ces aires sont souvent décalés ou empiètent les uns sur les autres, rendant ainsi une association plus riche mais tout autant décalé, expliquant ainsi (enfin, de manière simpliste) pourquoi les autistes n'ont pas du tout la même représentation du monde qui nous entoure, ou totalement bloqués par une action anodine; du fait que la zone du cerveau qui réfléchit perçoit les signes extérieurs par un prisme biaisé, ou pollué par une multitude d'informations inadéquates.


Livre passionnant, je reproche quand même une certaine superficialité de l'auteur sur le sujet. A trop embrasser notre cerveau, il enlace mal le sujet. Cela m'a rappelé les bouquins de vulgarisation scientifique ou comportementale d'auteurs américains, où on a l'impression que l'auteur enfonce les portes ouvertes de notre perception du monde. C'est le défaut des livres de vulgarisation, on aimerait parfois aller plus loin dans un sujet précis, quitte à s'y perdre. L'autre point négatif est que ce livre nous rappelle que nous sommes tous loins d'être plus intelligent que la moyenne et que cela se travaille énormément: il faut arrêter d'utiliser une calculette ou de faire appel sans cesse à tous ces outils qui nous simplifient la vie.... Snif!

Quoiqu'il en soit, malgré cette revue d'ensemble sur les capacités de notre cerveau, c'est une bol d'air d'humanisme et d'intelligence, qui nous rappelle qu'on a souvent besoin d'un plus petit que soi et que la différence est un bien. Et comme le disent si bien les cyniques "on est toujours le con d'un autre", cela n'empêche pas d'être plus intelligent que ce dernier.


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Ceci est mon premier message sur ce blog.