C'est le premier livre que je lis de DOA, et aux premières pages, j'ai d'abord cru que DOA était une ré-incarnation de Maurice Dantec jeune. En effet, son style est incisif, clair, avec pas mal d'anecdotes montrant une parfaite connaissance du sujet, et enfin l'importance de la musique pour le personnage principal. Notons également que ce "Citoyens clandestins" est un pavé comme Dantec aime les écrire. Mais les similitudes avec Dantec s'arrêteront là. DOA préfère les bassesses de nos politiciens que les débats idéologiques sur les origines de nos conflits internes et mondiaux...

Les premières pages du livre se lisent très bien: de l'action, de l'espionnage et l'entrée dans le monde du fanatisme religieux. L'action part sur les chapeaux de roues et placer le début de l'action quelques mois avant le 11 septembre permet d'envisager le pire de toutes les menaces... Après, DOA installe ses protagonistes, son réseau dans les réseaux et on s'y perd un peu. Heureusement que l'annexe finale permet de bien recadrer chaque personnage, et chaque appartenance des puissances en action, car là aussi, les acronymes font légion (DGSE, RG, DGM, etc.)...
L'oeuvre de DOA fourmille de détail et semble très documentée. Elle montre les différentes façons de procéder sur une investigation et on parcourt via le personnage d'Amel les arcanes de l'espionnage français. L'ennui, c'est que cela en devient vite long et que les prémisses du danger se font rare. L'agent Lynx est un militaire sur-entrainé, qui fait tout tout seul, et il frise parfois la caricature. De l'autre côté, la jeune journaliste fait un peu le rôle de Candide qui découvre un univers basé sur le secret: celui des journalistes, des forces de l'ordre et même celui des fanatiques... Il y a un fort décalage et on se demande où veut nous mener l'auteur.

Il faut attendre les deux-tiers du livre pour avoir la confirmation de la trame et des liens entre les différents protagonistes. C'est un peu dommage que le danger salafiste disparait tel un château de cartes: leur organisation et leur fanatisme volent un peu trop facilement en éclat: ils ne se doutent vraiment de rien...
Enfin bon, laissons le cloisonnement de leurs cellules expliquer cette absence de réaction. L'auteur préfère justement mettre en avant les atermoiements de la vie sentimentale et professionnelle de la jeune journaliste, qui se fait manipuler par tous les hommes qu'elles croisent... Et il faut l'intervention du jeune Karim pour enfin qu'elle décide de voir un peu plus loin que le bout de son nez; mais cela arrive un peu trop tard.

La fin du livre m'a déçu: le livre se termine un peu en eau de boudin... Il aurait été plus sage de tuer Lynx (s'il est vraiment mort) bien plus tôt et de laisser les RG contre la DGSE pour trouver les fûts toxiques et terminer sur une fin haletante... Là, on tombe dans le scénario politique du complot qu'il faut cacher et oublier. Il me semble que cela aurait plus judicieux de terminer autour du 11 septembre 2001 pour conclure son histoire, et ainsi noyer cette histoire dans un drame plus important... Mais bon, c'est la liberté de l'auteur.

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