mardi 10 décembre 2013

BIG DATA de Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukier


BIG DATA de Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukier Tous les 2/3 ans je me plonge dans un livre sérieux, à tendance économique et/ou technologique.
Cette année, je me lance dans ce livre très intéressant sur l'émergence du Big Data dans la vie de tous les jours.
Résumé:
Internet, les smartphones, les réseaux sociaux et toute la multiplication des capteurs de données provoquent une croissance exponentielle des données qui nous permettent de découvrir et de mieux visualiser tous les effets de masse, et les nouvelles tendances. Ce changement d'échelle conduit à un changement d'analyse. Le statisticien et sa sélection de l'échantillon représenttatif n'a plus de sens. Cette masse de données, le Big Data, bouleverse la nature de l'entreprise, mais également celle du gouvernement et bien sûr, la façon dont nous vivons tous, de nos ennuis de santé, de notre éducation jusqu'à toutes nos envies. Avec les "Big data", tout semble devenir prédictif.
Avec les éminents Viktor Mayer-Schönberger (de l'Oxford Internet Institute) et Kenneth Cukier (de "The Economist"), Big Data nous dévoile avec des exemples fascinants cette nouvelle façon de penser et des enjeux et menaces que le Big Data représentent pour nos sociétés, et surtout sur notre libre arbitre.
Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
Œuvre de vulgarisation scientifique, le livre de Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukier est destiné à un public large et permet d'appréhender les enjeux du Big Data sur notre façon d'aborder notre façon de travailler, et cette quête sans fin de vouloir répondre aux besoins du client avant même que celui-ci ne l'exprimer; quête qui semble possible avec ce nouveau phénomène.
Ce livre est donc un état des lieux de ce nouvelle révolution de l'information, plus que sur la manière de traiter ces données: les informaticiens et autres architectes de l’information resteront donc sur leurs fins avec ce livre, s'ils attendent quelques pistes sur la façon d’amasser et de faire parler ces Big Data. Mais ce qui veulent comprendre l'intérêt, les débouchés possibles et les limites seront ravis par ce livre.
Le livre fait donc l'état des lieux, tant d'un point de vue technique, historique, qu'économique ou éthique.
Les bouleversements engendrés par l'émergence du big Data interviennent dances ces différents domaine:
  • La perte de dominance du code source "lisible": les programmes standards, programmés pour agir de façon logique, ne répondent pluss aux enjeux du Big Data, tant la donnée, ses sources et corrélations sont de plus en plus versatiles. Les algorithmes jouent sur le volume et sur la multitude, et non sur la logique pure et l'exactitude. Le code source ne fera plus loi, car il sera de plus en plus difficile de comprendre pourquoi un algorithme de Big Data ressort une véritable tendance sans que l'on comprenne vraiment sa causalité.
  • La corrélation en lieu et place de la causalité: Au lieu d'essayer de comprendre, le Big Data constate et en conclue des corrélations entre différents facteurs par forcément commun. L'objectif n'est pas de comprendre le pourquoi, mais uniquement le comment. Et la quantité de données et de sources nous mènent droit dans la corrélation. La causalité est mort, vive la corrélation!
  • L'algorithmiste, le nouveau métier de demain: A la fois statisticien, informaticien et marketeur, ce nouveau métier est au centre de ces nouveaux enjeux.
  • La fin de sa liberté "privée": Bien que les algorithmes des Big Data mettent de côté la notion même de l'individu, il en ressort 2 éléments importants
    - l'éceuil de la perte de l'anonymat; les tendances et comportements que mettent en lumière ces algorithmes se référrent forcément à des personnes, et avec les moteurs de recherches, il est facile de trouver de réelles personnes correspondant parfaitement à ces tendances, dont les données ont été captées et utilisées. En sachant que théoriquement, en 6 connaissances indirectes tout humain peut se rapprocher (voir théorie des 6° de séparations), et bien il suffit de quelques recoupements dans une analyse Big Data pour pointer du doigt sur la bonne personne, et ce sans besoin d'identifiant (nom, date de naissance, N° de sécu ou autre).
    - l'absence de contrôle des individus sur leurs données (non identitaires). Jusqu'ici, les CGV et autres lois sur la protection des données portent essentiellement sur les données purements identitaires et/ou leur retransmissions complètes. Rien ne portent sur l'éventuel redistribution d'une donnée anonymisé ou bien sur des usages et clics sur le site que vous effectuez, ou bien là où vous circulez. Rien ne protège le citoyen d'être hors champ du Big Data de toutes ces utilisations secondaires des données; d'autant plus que l'algorithme réutilisant ces données n'est pas encore imaginé.
  • Fracture entre les sociétés commerciales: Même si bon nombre de start-ups ont vu le jour dans ce domaine et rivalisant avec des gros acteurs en place, la possibilité de faire du BigData nécessite beaucoup d'argent, une économie d’échelle importante. Les grandes entreprises peuvent se permettent d'investir en machine de stockage, aspirateur de données et algorithmistes.
  • De la prévention à la discrimination: l'analyse de données Big Data aussi variées puissent-elles donnent des indicateurs, des tendances, qui fonctionnent dans 80% des cas. le logiciel de la police US PredPol, prédit quand et où auront lieu les prochains crimes: cela ne donne par encore l'identité des personnes; comme dans Minority Report, mais d'autres analyses montrent bien que le fait de s'appeler Jimmy ou Kevin est déjà un handicap dans la vie; etc. Bref, ces tendances étiquettent et catégorisent des gens, qui se verront peu à peu fermer les portes des meilleurs écoles, ou d'accès au meilleurs soins et autres besoins de consommations (prêts; voyages; etc.). La discrimination et la catégorisation des individus vont s'accentuer.
  • Absence de réflexion politique (éthique): Et pour cause, nos gouvernements sont les premiers à tirer profit de toutes ces données et à vrai dire, les lobbys industriels et du grand commerce préfèrent que ce genre de réflexion reste dans l’œuf.
  • Vers la fin du libre arbitre?: Les auteurs font une peinture bien noire sur notre libre arbitre, qui en prend un sacré coup. Puisque presque tout peut se corréler pour donner une tendance, alors les choix et décisions de M. Toutlemonde peuvent se deviner à l'avance. Et plus les big-data permettront d'identifier et de proposer nos envies avant mêmes qu'elles ne deviennent; et pourront nous écarter de nos déviances.
Pour conclure, Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukier terminent par une note humaniste et optimiste, que les Big-data se réguleront d'eux-mêmes. mais je n'en suis pas si sûr: les états sont et resterons au-dessus des lois, et les entreprises sont des êtres impersonnels, sans mémoires ni reconnaissance envers ses individus. George Orwell ne s'était pas trompé, même si ce n'est plus Big Brother, mais bel et bien "BigData that is watching you".

Quelques liens:

samedi 5 octobre 2013

Chuck PALAHNIUK - Invisible Monsters (remix)


Invisible Monsters (remix)Avec la réédition l'an passé du premier livre de Chuck PALAHNIUK, c'était l'occasion de s'attaquer à cet étrange livre qui fait tant débat.
Résumé:
La vie de Shannon ressemble à un conte de fées pour adolescentes : mannequin jeune et jolie, elle se partage entre son petit copain et Evie, sa meilleure amie, mannequin comme elle.
Un jour, au volant de sa voiture, une balle perdue lui brise la mâchoire inférieure. À jamais défigurée, tellement laide que son entourage fait semblant de ne pas la voir, Shannon est projetée dans un monde invisible dont elle devient un monstre emblématique. C'est à l'hôpital que Shannon va trouver son salut en la personne de Brandy Alexander, transsexuel excentrique près de l'opération définitive. Grâce à elle, Shannon va apprendre à se réinventer une autre vie dans cette société américaine où tout n'est qu'apparence. Lors d'une course-poursuite rocambolesque qui la conduit à travers les États-Unis et le Canada, Shannon, rompant le cercle des apparences, connaîtra enfin la vérité.
Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
Voici donc le tout premier livre de Chuck Palahniuk, bien avant Choke et Fight Club, alors qu'il était toujours mécano pour poids-lourd et espérait vivre de ses écrits. Le livre fût tout d'abord rejeté par différets éditeurs, et ce n'est qu'après le succès de "Fight-Club" que "Monstres Invisibles" devinrent lisibles. Et cette première œuvre était déjà à l'image de l'auteur: décalé.
Le fil narratif est une succession de flash-backs, qui se rapproche de plus en plus du présent. Et pour marquer ce décalage temporel, Chuck Palahniuk a eu l'idée géniale (ou saugrenue, certains diront) de nous faire sauter de chapitre en chapitre à des dizaines ou centaines de pages de là: (et maintenant, allez en page 245 pour lire le chapitre suivant" | "retour en page 56 pour le chapitre suivant").
Je trouve l'idée géniale, même si j'aurais aimé qu'il fasse 2 chpitres de suite "dans le présent", pour montrer qu'à tout flash-back, le lecteur doit également sauté en arrière. Et ce qui est amusant, quand on lit de la sorte, c'est que vous êtes perdu dans le livre, incapable de savoir si vous avez déjà lu un tiers, la moitié ou qu'il vous reste 5 pages, c'est assez déconcertant. Par contre, nous faire lire quelques chapitres avec un mirroir (ceux en plus; c'est a version remix) est un plaie. Il n'aurait dû le faire que pour le chapitre final.
A part cet artifice, cette première œuvre reprend les grands thèmes et ficelles narratives que Chuck Palahniuk a su si bien développé dans ses différents livre. Le road-trip (Berceuse, Choke), l'auto-mutilation (Fight-Club, A l'estomac), les relations familiales décalées, et bien entendu, le mystère de sa propre identité. L'auteur se cherche, se déconstruit et reconstruit un univers transgressif pour se sentir enfin libre. "Monstres Invisibles" regorgent également de plein d'autres petits thèmes secondaires (les maisons, l'icône de la mère, les légendes urbaines), typiques de l'univers de l'auteur. Même si le style est un peu poussif et parfois trop théâtral, c'est ce livre est la première graine qui a permis à Chuck Palahniuk d'explorer (et d'exploser) tous ses délires dans ses différents livres parus ensuite.
Ce monstre redonne une furieuse envie de relire Fight-Club!
Pour revenir à l'intrigue du livre, Chuck PALAHNIUK nous mène par le bout du nez et fait tout pour nous perdre: ces flash-backs incessants, mais aussi le nom de ses personnages, où l'héroïne suit le périple et les péripéties de l'étrange Brandy Alexander, transsexuel excentrique, qui décide à toute nouvelle escale dans leur road-trip de changer de nom (noms aussi farfelues les uns que les autres, nom mélangeant personnages historiques, lieux et marques). On se perd donc assez facilement surtout lorsque les pensées de Shannon se perdent en conjoncture sur qui a bien pu lui tirer dessus (un tir perdu, sa meilleure amie, son fiancé?) et vu que Shanon ne peut pas parler, son flot de pensée va très vite et avance de manière erratique.
On avance donc peu à peu (à rebrousse poil dans le livre), et avec au milieu d'anecdotes plus ou moins provocantes (dont la scène de la dinde et du comment faire un bon felching), ou de paragraphes anodins, on découvre quelques fils de la réalité, que ce road-trip à 3 a bel et bien une destination finale, lieu où la vérité éclatera, où les vérités vous sauteront à la figure, et votre mâchoire, comme celle de Shanon, va tomber bien bas!
La fin est un peu à la manière de Fight-Club: elle vous saute à la gueule: ah ben merde, je n'avais pas imaginé cela; ni ça, ni encore ça! C'est un peu gros, tellement théâtral et trashy mais tellement drôle, tellement Palahniuk. C'est une farce transgressive des temps modernes, où pour exister, des individus sont prêts à tout, et surtout, au pire.
A noter que Samir Rehem, réalisateur de la version US de la série trash anglaise "Skins", travaille sur la réalisation cinématographique de ces monstres...
Quelques liens:

lundi 5 août 2013

Chuck PALAHNIUK - Festival de la couille


Festival de la couilleAprès le dernier livre d'Irvine WELSH, voici un autre auteur transgressif que j'adore: Chuck PALAHNIUK, et son receuil d'articles et d'interviews hauts en couleurs qu'il a écrit aux débuts des années 2000.
Résumé:
Une partouze géante au fin fond de l'Ouest américain, un combat de moissonneuses-batteuses, une expédition en sous-marin nucléaire, la construction d'un château en béton, un face-à-face improbable avec Marilyn Manson, les promenades d'un escort boy avec un malade en phase terminale : autant d'évocations d'une Amérique déjantée dont Chuck Palahniuk s'est fait le chroniqueur.
Dans ce recueil d'histoires vraies où se mêlent subversion, tendresse, humour décapant et exhibitionnisme, il démontre combien la réalité peut dépasser l'imagination et dévoile ainsi l'envers du décor de ses romans. Il nous fait découvrir une autre Amérique, dont les héros illuminés ne sont pas si éloignés de nous. On ne ressort pas indemne de ce voyage au bout du bizarre et du tragique.
Ma note: ma note
Ma critique:
Malgré le titre évocateur, il ne s'agit pas d'un vrai livre de Chuck PALAHNIUK mais d'une série d'articles et d'interviews qu'il a écrit au début des années 2000, sur les travers "underground" des USA, que ceux-ci soit collectif ou personnel. Le livre a pour titre en version original est "Stranger than fiction" que l'on peut traduire par "Plus étrange que la fiction", à savoir quand la réalité dépasse de loin les pires fictions, et le festival de la couille est étrangement l'article le plus court parmi les 2 douzaines proposées.
Les récits sont regroupés en 3 volumes: "Ensemble", où l'auteur nous narre des évènements collectifs, "Portraits", qui sont des interviews de personnalités plus ou moins connus et enfin "Seul" dans lequel on retrouve des éditos de l'auteur, mais comme il l'indique en préambule, ils reflètent tous l'idée (l'envie) de tous ces américains de leur volonté "croquer dans l'American Pie", de faire partie de ce rêve, quitte à en vomir ou à en oublier leur propre vie. L'auteur résume ainsi la vie de ces personnes: comédie, tragédie, lumière et obscurité.
Réparties sur une demi-douzaine d'année, sur la période où il galérait en tant qu'écrivain (et monteur mécanicien) jusqu'aux premiers lendemains du succès cinématographiques de "Fight Club", les articles reflètent différents états d'esprits de l'auteur et sont de qualités contrastés. Certains sont très terre-à-terre et un peu facile (les premiers), d'autres sont plus profonds (les éditos de la fin).
Au travers de ces vrais personnages, on reconnait quelques influences sur les personnages imaginés par Chuck PALAHNIUK dans ses différents livres, et de cette fascination pour les personnages "à part"; où d'ailleurs le livre "Choke" semble une application fictive de bien de ces personnages. Ce recueil est avant tout un témoignage amusant et surprenant sur ces USA qui nous fascinent et qui nous dérangent. Les interviews sont très intéressantes (surtout celles de Marilyn Manson et de Juliette Lewis).
Pour conclure, difficile de donner un avis, surtout que tous les livres de l'auteur sont toujours des "mondes cellulaires ayant leur propre logique, leur propre style et propre narration". Nous sommes donc loin de ça. Je ne peux que vous conseiller de zapper les récits sur lesquels vous n'accrochez pas, et de passer au suivant.
Quelques liens:

jeudi 25 juillet 2013

Irvine WELSH - Skagboys


SkagBoysJe me suis replongé dans l'univers de Trainspotting avec ce délirant préquel d'Irvine Welsh: Skagboys. Le plus dur est de se remettre à l'écossais... Ah dinnae ken fur how long I'll stay oan this wee farking book...
Résumé:
Au début des années 80, en cette période difficile où Margaret Thatcher met un frein radical à tout support d'activités économiques non rentables, le futur des jeunes anglais s'assombrie. En Ecosse, les jeunes Mark Renton et son copain Simon, alias Sick Boy, ne se font guère d'illusion sur leur avenir. Puisque leur avenir est déjà perdu et que l'Etat ne fera rien pour eux, pourquoi ne pas profiter de la vie à la recherche de toute sorte d'expériences, en attendant qu'un avenir radiant vienne à eux.
Au travers de ces 2 personnages clés du roman (et film) Trainspotting, Irvine Welsch nous offre un pré-quel à son fameux best-seller, nous narrant les premiers pas de Rento, Sick Boy, Begbie, Spud, Alison et quelques autres dans les affres de la drogue dure.
Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais et en écossais Ma critique:
C'était (déjà!) en 1995; Trainspotting sortait sur nos écrans et nous faisait découvrir la vie déjanté et amoral de ces jeunes écossais, toujours prêts pour la défonce. 7 ans plus tard, Irvine Welsh publia la suite de "Trainspotting", avec "Porno" et 10 après celui-ci, l'auteur écossais récidive en sortant ce coup-ci le pré-quel à son roman phare, nous faisant découvrir les premiers pas de Renton, Sick Boy & Co dans l'enfer de la drogue.
Comme à son habitude, Irvine Welsh écrit en phonétique pour souligner l'importance de l'accent écossais, ainsi que le milieu et l'état d'esprit dans lequel se trouve sn personnage. C'est donc très loin d'un anglais littéraire, car il vous faut d'une part, connaître bon nombre de mots d'argots (voir ce fameux site English slang and colloquialisms used in the United Kingdom qui m'a bien aidé), mais aussi lire à haute voix certains passages pour comprendre leur phonétique, et encore, car il y a de nombreux faux amis écossais: "Ah dinnae ken fae how long..."= "I don't know from how long...".
Il a donc été dur de s'y mettre et j'ai réellement souffert, je n'avais pas eu le sentiment de tant de difficulté lorsque que j'avais lu "Trainspotting" et "Porno", livres que j'avais lu dans la foulée. En effet, d'une part je connaissait parfaitement la trame de "Trainspoting", et d'autre part, à chaque chapitre, on savait qui était le narrateur: style anglais de mark, l'écossais pur de Spud, la grandiloquence écossaise de SickBoy où les diatribes de Begbie. Là, Irvine Welsh noie le poisson. A part le style primaire de Spud, on hésite toujours sur qui est le narrateur, et faut attendre parfois 2 ou 3 pages pour être sûrs (pour distinguer SickBoy de Renton ou de Nicksy, par exemple). Je préfère largement les astuces de Chuck Palahniuk de renforcer les tics (et tocs) de narration de ses protagonistes, permettant dès la première ligne de bien les identifier.
Toutefois, cela a été un pur bonheur de retrouver ces sales garnements: le désenchantement de Renton, le psychopathe SickBoy, qui est encore une fois monstrueux avec les femmes, au sommet de son art dans la manipulation la plus vile, la candeur et naïveté de Spud et l'éruptif Begbie. Irvine Welsh leur fait faire les pires idioties et petites monstruosités.
On regrettera quand même l'embourgeoisement de l'auteur écossais, qui vit désormais aux USA. Les turpitudes et actes outranciers qu'il décrit doivent faire fureur aux USA, mais bon ici, dans la vieille Europe, nous sommes loins des affres qu'il nous avait narré dans ses précédents livres (le bébé mort de" Trainspotting"; la nécrophilie d'Ecstasy, etc.). Bref, ce prélude a la saveur, l'odeur et la couleur d'un "Trainspotting" ou d'un "Porno", mais il est bien loin d'égaler ces 2 chefs d’œuvres de la littérature contemporaine de notre perfide albion.
Quelques liens:

dimanche 9 juin 2013

Robert Wilson - Capital Punishment


Robert Wilson - Capital PunishmentVoici le tout nouveau livre de Robert Wilson, qui m'achait enchanté ces dernières années avec sa saga policière de l'inspecteur Falcon (à Séville).
Résumé:
Charles Boxer est un vétéran de l'armée qui s'est spécialisé dans la gestion de crise lors des prises d'hôtages et de kidnapping.
A peine terminé sa mission au Portugal, le voilà appelé de toute urgence sur une affaire bien particulière. La fille d'un célèbre milliardaire indien vient de se faire enlever au beua milieu de Londre.
Etrangement, le motif du kidnapping n'a pas l'air d'être financier. Charles Boxer est la première fois confronté à des criminels fin psychologues, qui exigent d'abord que le milliardaire se remmette en cause et démontre enfin un acte de sincérité, s'il veut revoir un jour sa fille.
Derrière cette demande énigmatique, ce kidnapping déclenche une série d'enquêtes et de mouvements d'interrogations dans différents courants politiques, militaires, industriels et mafieux. Et si ce kidnapping avait un autre objectif caché?
Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
Quel bonheur de retrouver le style de Robert Wilson. Après m'avoir enchanté avec ses romans d'espionnage et ses polars avec sa trilogie de l'inspecteur Falcon à Séville (Meurtres à Séville ; Le prix du sang; Les assassins de l'ombre), voici qu'il nous concocte une nouvelle saga qui va permettre à l'auteur de mélanger ces 2 genres.
Charles Boxer, vétéran de l'armée et de la police qui s'est spécialisé dans la récuperation des personnes kidnappées, et cette profession est souvent très liée au monde de l'espionnage. Et dans ce "Capital Punishment", malgré l'action principale se déroulant à Londres, nous voyageons en Inde, au Pakistan et dans quelques villes européennes, pour suivre les différents dominos qui tombent les uns après les autres.
L'intrigue du kidnapping est captivante, surtout sur cette main mise psychologique des ravisseurs sur la belle Alyshia. Quel est leur but final? Pourquoi tant de meurtres pour effacer leurs traces? Robert Wilson nous ballade et nous voyons mal comment son héros va pouvoir résoudre l'affaire, sur qu'il est n'arrive pas à décrypter Francisco D'Cruz, le milliardaire indien, qui a d'abord connu la gloire en tant qu'acteur à Bollywood avant de devenir un redoutable homme d'affaire indien, sorte de synthèse de Ratan Tata et de Laksmi Mittal.
Qu'a-t-il fait pour mériter un tel acharnement psychologique? En quoi consiste cette demande farfelue "d'acte de sincérité"?
Par chance pour Charles Boxer, les jeux de cartes vont tourner, un peu comme au jeu de la chaise musicale, mais ici ce sont les jeux qui tournent, et gare à celui qui récupère les mauvais atouts.
Robert Wilson nous distille une intrigue brillamment réfléchie, avec quelques tiroirs et fonds de tiroirs bien vus, nous déplaçant du polar à un thriller d'espionnage très subtil (voir un peu trop complexe). Le final se lit d'une traite.
Quelques liens:

samedi 18 mai 2013

Bernard MINIER - Glacé


Bernard Minier - GlacéVoici une nouvelle fine plume française dans le monde des polars: Bernard Minier. Son personnage principal, le commandant Martin Servaz, est un policier de Toulouse profondément humain et lettré, confronté à une série de crimes aussi épouvantables qu’incompréhensibles dans les Pyrénées au cœur de l’hiver.
Résumé:
Dans une vallée encaissée des Pyrénées, au petit matin, les ouvriers d'une centrale hydroélectrique découvrent le cadavre d'un cheval sans tête, accroché à la falaise glacée.Le même jour, une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée. Le commandant Servaz, 40 ans, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier cette enquête, la plus étrange de toute sa carrière. Pourquoi avoir tué ce cheval à 2 000 mètres d altitude? Serait-ce, pour Servaz, le début du cauchemar?
Ma note: ma note
Ma critique:
Ce polar démarre fort avec cet étrange crime: un cadavre étêté de cheval dépecé en haut d'une falaise. Quels sont les assassins? Quel est leur motif? Et pourquoi cette mise en scène des plus macabres porte les traces de l'un des tueurs psychopathes du lugubre institut psychiatrique Wargnier, où jeune psychiatre Diane Berg vient de prendre ses fonctions.
Avec un tel début, on a l'eau à la bouche, et l'auteur s'inspire par cette introduction de 2 polars majeurs: les rivières pourpres et le silence des agneaux; avec l'ombre d'un tueur redoutable, fin psychologue, mais surtout détenteur des clés de l'énigme.
La ressemblance s'arrêtent toutefois là. Bernard Minier, pour son premier roman, trace sa voie dans son propre univers, et les ressemblances sont trompeuses. Son héros, le commandant Servaz va de surprises en surprises, avec quelques fausses pistes bien vues, et surtout une pelote d'intrigues qui se défilent difficilement (pour notre plus grand bonheur).
L'un des forces de son livre est également la richesse des personnages principaux et secondaires. Le rôle du décor (une vallée isolée des Pyrénées) y joue également pour beaucoup, et instille un climat de frissons glacées. Dans ce sombre univers, le commandant rassemble les puzzle, découvre peu à peu le dessin général mais ne met aucun visage sur le tueur. Il faudra attendre le 30 dernières pages pour comprendre enfin l'énigme du crime du cheval, et donc de l'assassin principal.
Bernard Minier conclue par une fin des plus pratiques, certes un peu rapide, mais ne gâchant pas le sentiment général sur ce livre. Il ouvre par ailleurs la voie vers son personnage tueur, le terrible Julien Hirtmann, et bien sûr, sur son héros: le commandant Servaz, que l'on retrouve dans son second roman: "le cercle".
et Quelques liens:

jeudi 14 mars 2013

Jussi Adler OLSEN - Miséricorde


Jussi Adler OLSEN - MiséricordeVoici un auteur danois qui surfe sur la vague des polars scandinaves avec son inspecteur Morck. L'inspecteur le plus macho et cossard que l'on ait vu depuis des lustres!!! Je me demande d'ailleurs bien ce que tous les critiques lui trouvent de scandinave...
Résumé:
En 2002, Merete est la nouvelle tête d'affiche du principal parti politique danois. En voyage sur un ferry, elle est enlevée. L'enquête ne donne rien et tout le monde est persuadé qu'elle est tombée par dessus bord. En réalité, depuis 5 ans, elle croupit dans une cage.
En 2007, Carl Morck, inspecteur mal-aimé par ses supérieurs et ses collègues, vient de perdre ses deux amis collègues dans leurs dernières enquêtes. L'un est mort et l'autre restera certtainement tetraplégique à vie. Sa hiérarchie ne sachant que faire de lui, profite d'une annonce politique pour le "placardiser" en le nommant à la tête du département V, département fantôme qui n’est composé que de lui et de son nouvel assistant Assad, homme à tout faire.
Il est chargé d’enquêter sur de vieilles enquêtes non élucidées, il s'intéresse alors au cas de Merete, persuadé qu'il ne trouvera rien...

Ma note: ma note
Ma critique:
Alors des polars qui s'annoncent mal dès les 10 premières pages, j'en ai lu finalement assez peu, et j'ai bien cru que celui-ci allait battre le désopilant livre sans nom. Il en a fallu de peu et Jussi Adler-Olsen se rattrape bien avec un excellent final, mais bon, va falloir vous enfiler les honteux clichés qu'ils nous jettent à la gueule sur les deux tiers du livre.
Nous découvrons donc l'inspecteur Carl Morck qui est une image d'Epinal à lui tout seul. Malgré sa bonne expérience du terrain, il a de piètre qualités: c'est un cossard fini, il n'a aucune conscience professionnel ou respect du travail de ses collègues, il est gentillement raciste, totalement machiste (voire misogyne) et il a une très haute opinion de lui-même! Par chance, il n'est pas alcoolique, seulement addict aux Sudoku!
Ouf, mais quand même, rien que cette description sommaire fait que ce polar n'a rien de scandinave! On se croirait plutôt chez les gendarmes de St Tropez ou un truc du genre! Les 100 premières pages sont totalement horripilantes et notre seule soif de découverte est la terrible détention de la belle Merette.
L'intérêt du livre ne tient d'ailleurs que là: comment peut-on survivre dans un caisson pressurisé et pourquoi y est-elle arrivé? Jussi Olsen reste toutefois très superficiel sur la réalité d'une telle séquestration (ne perd-on pas la notion du temps lorsqu'on est plongé dans le noir complet durant plusieurs semaines?); mais tous les 2 chapitres, nous avons droit à un épisode clé de son enferment, nous donnant à chaque fois un peu plus d'indices sur les raisons de ce crime.
Il ne faut pas compter sur l’efficacité et je-m’en-foutisme de l'inspecteur Mork pour espérer trouver un indice, et encore moins sur le travail bâclé des premiers enquêteurs sur l'affaire de la décennie danoise! L'inspecteur Morck renifle toutes les pistes mais n'en fouille vraiment aucune: il se ballade au gré du vent avec Assad, son assistant qu'il traine partout et à qui il fait faire toutes les basses corvées.
A eux deux, ils forment une sorte de Don Quichotte et Sancho Panza, en quête des crimes perdues des campagnes danoises. Malgré ce côté caricatural et picaresque, on finit par s'attacher à ce duo; car malgré le caractère "petit chef" de l'inspecteur, c'est un bon bougre qui sait reconnaitre la valeur de son âne savant, même si, à ses yeux (de gros porc), il ne restera qu'un âne!
Bref, pour conclure et après toutes ces péripéties et fausses pistes, ils tombent sur le bon filon et trouvent enfin des éléments concrets d'un mobile. A partir de là, tout s'enchaine vite et après avoir joué avec nos rictus, l'auteur danois joue enfin avec nos nerfs sur les 50 dernières pages. Le final est fort bien réussi, le suspense est intenable et captivant! On l'en oublierait presque tous ces facétieux clichés!
Quelques liens:

samedi 9 février 2013

The Black Box de Michael CONNELLY


The Black Box de Michael CONNELLY Voici le dernier Michael CONNELLY avec l'inspecteur Bosch, qui continue d'enquêter sur des cold-cases...
Résumé:
Harry Bosch a récupéré le dossier d'un crime non résolu d'une affaire vieille de 20 ans. Affaire sur laquelle il avait travaillé fort brièvement, au beau milieu des émeutes de Los Angeles suite à l'affaire Rodney King.
A l'époque, une jeune photographe avait été tuée durant les émeutes de Los Angeles et son crime était resté impuni. Et aujourd'hui, la ballistique démontre que cette arme a une histoire bien particulière, et que finalement, la mort de la journaliste n'est sans doute pas le fait du hasard du crime de violence gratuit. Comme un enquêteur en charge de résoudre un accident d'avion, Harry Bosch va rechercher la boîte noire, la pièce à conviction qui reliera l'arme au meurtrier, et à son mobile..

Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
Après avoir fini de manière spectaculaire la précédente enquête de l'inspecteur Bosch, Michael Connelly nous convie à un retour en arrière sur bien des niveaux. D'une part le flash-back de l'enquête malmenée lors des émeutes de 92. D'autre part, en revenant sur un style des premières enquêtes où l'inspecteur est en conflit avec son chef, et où le passé laisse sa trace indélébile sur l'humeur de l'inspecteur. On ressent une certaine nostalgie de la part de Michael Connelly à vouloir que son héros fétiche revienne dans le passé, et qu'il n'aille pas en retraite.
Car la quille approche, dans 4 ans cela sera sa retraite définitive et Harry Bosch comprend que son temps est compté, et que ses positions intransigeantes pourraient bien le mettre en retraite plus tôt que prévu, si ce n'est plus. Mais comme dirait les rappeurs lors des émeutes de Los Angeles: "Fuck Da Police" et donc Harry en fait presque à sa tête.
J'en finis par regretter la mort de l'inspecteur, que je pensais venir après les radiations prises lors de l'enquête "The overlook" (A genoux). Quelque part, ce fût pour moi un véritable plaisir de retrouver le Dirty Harry que j'aime: non pas celui des 9 dragons qui tirent partout, mais bel et bien le Dirty Harry mal aimé, seul et contre tous. J'ai dévoré ce livre et je le conseille à tous les fans de l'auteur.
Pour conclure, je dirais que cette boite noire cache une bonne vieille cuvée millésimé, un vrai petit régal. Quelques liens:

dimanche 13 janvier 2013

Damned de Chuck PALAHNIUK


Damned de Chuck PalahniukVoici le dernier livre de Chuck Palahniuk qui vous fera rire de la mort, et surtout du Diable et de son enfer infesté par les déjonctions humaines.
Résumé:
Madison est morte à treize ans, des suites d'une curieuse overdose de marijuana. Madison était la fille d'un couple de stars mondiales du cinéma, et malgré son statut et son innocence candide, elle se retrouve en enfer, comme d'ailleurs la grande majorité de la race humaine. Morte avant d’avoir appris la vie, elle décide par défaut d’apprendre la mort. Elle se lie rapidement d’amitié avec une clique d’adolescents tout droits sortis de Breakfast Club (la princesse, le punk, le geek et le sportif) et entreprend d’arpenter les enfers.

Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
Chuck Palahniuk entame avec son "Damned" une trilogie littéraire sur l'enfer, le purgatoire et le paradis, un peu à la manière de la Divine Comédie de Dante.
Dans ce premier livre, on découvre Madison, jeune obèse, fille d'un couple de superstars (genre Brad Pitt & Angelina Jolie), qui vient de mourir dans ces circonstances étranges et qui parcourt les enfers à la recherche des causes de sa mort (elle ne se souvient que d'une overdose de Marijuana) et en quête de Satan, pour lui exprimer son mécontentement. Au travers de ce périple infernal, la jeune Madison nous narre ce que fût les grands moments de sa vie, susceptibles de l'avoir mené si bas.
Alors que l'on pourrait croire que l'auteur parte dans ses délires de construction narratifs alambiquées, comme il a pu le faire dernièrement avec "Peste" ou "Pygmy" ou comme dans ses premiers romans, ce "Damned" a une structure et un style des plus conventionnels. Pour chaque chapitre, un entête résume le chapitre "Hello cher Satan, es-tu là, c'est encore Madison..." (parodiant ainsi le style de Judy Blume et ses fameux "Are You There God? It's Me, Margaret."). En fait, l'auteur se met à la place de la petite Madison, avec quelques rares tics de langages de jeunes, et surtout une description naïve de l'univers dans laquelle elle est. C'est donc un style gentillet, fort plaisant et les horreurs des enfers passent facilement; sauf si vous êtes sensibles aux odeurs. Le délire visuel auquel nous convie Chuck Palahniuk est qu'il est jonché des excréments et déjections des humains.
L'enfer de Madison ressemble aux peintures de Hyeronimus Bosch, à savoir un style scriptural assez enfantin avec quelques horreurs (démons démembrant à tour de bras tous ceux qui passent sous leur griffes; et/ou humains qui se reconstruisent peu à peu). L'univers est surtout odorifère, avec le lac Merde, l'océan du sperme gaspillé, océan en pleine expansion avec la démocratisation de la pornographie sur le Web. Il y a quelques gags amusants (genre les spammeurs téléphoniques qui vous appellent lors de vos diners sont en fait les damnés de l'enfer; tout comme les pauvres âmes qui s'exhibent dans les webcam pornos bas de gamme) mais cet univers manque finalement de croustillant ou de détails horripilants comme sait seul Chuck Palahniuk le décrire.
Cet épopée basé sur le revival d'un Breakfast club de l'enfer reste un peu trop simpliste à mon goût. Chuck Palahniuk manque de férocité et reste trop complaisant. Même si son enfer est une attaque frontale aux créationnistes américain, il apporte l'eau au moulin de ses hérétiques de Dieu.
Au final, c'est une œuvre trop gentille, trop passe-partout, trop consensuelle. Il faudra attendre la suite avec le parcours de la petite Madison dans le purgatoire et le paradis pour savoir si finalement, son œuvre est aussi corrosive que ses plus grands écrits.
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samedi 15 décembre 2012

Olen STEINHAUER - L'issue


L'issueAprès avoir lu "le touriste" en février dernier, je me suis tout naturellement attaqué à sa suite, pour savoir ce qu'est devenu "Milo Weaver" et le département secret de la CIA, chargé de faire les basses œuvres des services secrets américains...
Résumé:
Après avoir fait malgré lui le ménage au sein du département du Tourisme. Milo Weaver reprend du service, pour pallier à la pénurie d'agents.
Et rien ne semble tourner rond. Qu'un agent ukrainien, renseigné par les Chinois, révèle l'existence d'une taupe au sein du service, passe encore. Mais qu'on ordonne à Milo d'assassiner sans raison apparente une jeune Moldave de quinze ans, c'en est trop pour le vétéran des actions de terrain. Toutefois, comment doit-il réagir pour ne pas mettre en danger sa famille: rentrer dans le rang, jeter l'éponge ou continuer à faire le ménage?
Milo Weaver se cherche une raison et n'en trouve pas. Finalement, ne serait-il pas au coeur d'une machination qui le dépasse?
Ma note: ma note
Ma critique:
J'avais bien apprécié le premier livre d'Olen Steinhauer avec son héros Milo Weaver; "le touriste" nous livrait un superbe panier de crabes d'espions avec une intrigue bien complexe, le tout servi avec une bonne de psychologie. Je craignais qu'avec ce nouveau livre qu'il reproduise un peu la même chose. D'une part, Milo Weaver a terminé bien bas dans le précédent épisode, mettant à mal tout le département (en dénonçant des actions allant plus au profit de certains sénateurs qu'aux intérêts de la nation). D'autre part, le résumé du quatrième de couverture laisse penser que Milo va continuer sa dératisation.
Et les premières pages semblent le confirmer, car l'affaire Grainger semble avoir toujours des effets secondaires; et même si Milo Weaver garde son amertume envers les politiques à l'origine de la déviance des actions du département du Tourisme, il souhaite aider et redresser la maison, et surtout revenir dans le droit chemin et regagner sa vie de couple.
Mais il n'est en rien de tout cela. Avec la reprise du service, Milo replonge dans les affres du métier, s'éloigne à nouveau de son couple et s'enfonce dans une machination qui le dépasse et nous dépasse!
Avec un style haletant et captivant, Olen Steinhauer nous ballade dans toute l'Europe à la poursuite d'une chimère: une taupe dans le service. A force de chercher et de comprendre les raisons de brèves missions que Milo effectuent, on se perd, tel le héros, dans les conjonctures et les suppositions. L'auteur réussit sa gageure de nous mettre dans la peau du héros (sur cet aspect des choses). Et quand on découvre le personnage Erika Schwartz, tout bascule, on perd pied et de nouveaux pions rentrent dans cet insoupçonnable partie d'échecs.
Toute action a une répercussion, toute décision cache des vérités et le lecteur les découvrent peu à peu, en même temps que Milo.
Ce deuxième volet est véritablement une réussite. La première partie du livre est un lent parcours concentrique dont on ne perçoit pas le centre gravitationnel. La deuxième partie est tout simplement un tourbillon torrentiel dont on ne voit pas la fin. Cette course-poursuite à la taupe, au mobile caché du colonel Xin Zhu et aux diverses intrigues secondaires est une descente infernale vers la vérité crue, infâme et indigeste. A l'heure où l'Amérique est affaiblie face à la banalisation du terrorisme, une économie globalisée et au nouveaux fronts multiples et variés, Olen Steinhauer place son espion au cœur des intrigues et rend les lettres de noblesse à ce genre, qui a perdu d'éclat depuis la chute de l'empire soviétique.
Olen Steinhauer est l'une des plus fines plumes de ce renouveau. Un roman mené de main de maître, avec un final parfait, qui clos parfaitement ce deuxième volet, tout en laissant un troisième (déjà annoncé) dévoilant les 2 nouveaux personnages du roman: l'obèse Erika Schwartz et le fameux colonel chinois.
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samedi 17 novembre 2012

Olen STEINHAUER - The Tourist


Olen STEINHAUER - The Tourist
Résumé:
Milo Weaver a longtemps été un "Touriste", un agent secret sans foyer et sans identité. Il occupe désormais un poste de cadre au sein du siège de la CIA à New York. Il vit avec sa femme et sa petite fille dans une jolie maison à Brooklyn. Son ancienne vie, encombrée de secrets et de mensonges, est définitivement derrière lui; du moins l'espère-t-il. Mais le tueur à gages qu'il poursuivait depuis des années lui révèle des machinations insoupçonnées au sein de l'agence, tandis que sa plus vieille amie, espionne elle aussi, fait l'objet d'une enquête interne. Rattrapé par son passé, il n'a d'autre choix que de retourner sur le terrain pour essayer de découvrir une fois pour toutes qui tire les ficelles de ce complot. Et le terrain ne connaît pas de frontières. De Paris à Francfort, de Genève à Austin, Milo est pris à nouveau dans le tourisme planétaire.

Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
J'avoue avoir pris un peu de temps à rentrer dans ce livre. Tout d'abord à cause du format américain du livre: épais et très étroit (et donc pas du tout pratique à tenir lors des 50 premières et dernières pages); et puis à cause de l'entrée en matière du héros du livre (de la saga; désormais) avec un Milo Weaver au bord du gouffre, sous amphétamines et prêt à tirer sur tout ce qui bouge.
Bref, j'ai cru qu'Olen Steinhauer nous faisait une version "espion" des thrillers de Jeffrey Deaver (avec un mort toutes les 2 pages), Mais il n'en est rien, rassurez-vous! En fait, les premières pages sont à l'image du héros d'avant sa blessure, et à sa mise en retraite forcée: il était speed, sans remords et persuadé d'avoir raison: sa chute tombe un 11 septembre 2001, tout un symbole.
On retrouve le héros 5 ans plus tard, reconverti en agent de bureau, qui traque à distance un tueur à gages, appelé "le tigre". Pour la première fois en 3 ans, il a enfin une trace concrète, sur le sol américain. Il part alors à son arrestation. Ce dernier lui avoue, avant de se suicider sous ses yeux, que leur rencontre n'est pas le fruit du hasard, encore moins le fruit de son travail acharné, mais bel et bien un enchainement d'un mécanisme qui lui échappe et qu'il devra résoudre seul.
Avec cette deuxième entame de livre, et ce twist surprenant, l'intérêt pour le livre devient captivant. Olen Steinhauer nous dévoile une intrigue à mi-chemin entre le roman d'espionnage, le road-movie et le thriller. On suit les pérégrinations de Milo Weaver au travers toute l'Europe puis des USA, pour savoir pourquoi tout semble le désigner comme bouc émissaire de certaines actions au sein de la CIA.
L'intrigue est assez complexe: on d'ailleurs du mal à percevoir toutes les pièces du puzzle et comprendre la vue d'ensemble. Le plus étrange est lorsque le héros comprend enfin la machination dans laquelle il est, c'est nous qui sommes un peu perdu. J'ai dû relire l'un des chapitres clés pour être sûr d'avoir tout bien capté.
C'est le seul bémol de cet excellent roman d'espionnage: c'est complexe, aussi complexe que la géopolitique de nos jours, où il n'y a plus d'idéologies pour guider ces hommes de l'ombre, juste une désillusion et un cynisme amoral sur ce qu'ils font et doivent faire, se sentant paradoxalement impuissant contre le terrorisme sans visage ou contre une économie financière déconnecté de la réalité des peuples.
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samedi 13 octobre 2012

Satellite sisters de Maurice DANTEC

Après quelques sérieux ennuis de santé, Maurice Dantec est donc revenu sur le devant de la scène avec sa suite à "Babylon babies"; les jumelles mutantes ont grandi, Toorop & Darquandier veillent tant bien que mal sur elles pour éviter que l'ONU2.0 découvre leur particularité. La conquête de l'espace semble être la seule issue...
Satellite sisters
Résumé:
Fuyez l’atoll, sillonnez les déserts, les mers australes et la grande forêt amazonienne. Quittez la Terre pour la guerre des cartels, casinos et hôtels du Las Vegas orbital. Effacez vos ennemis. Abandonnez toute chance de retour. Toorop, Alice Kristensen, Marie, Sara et Ieva Zorn, la neuromatrice, Darquandier, Andreas Schaltzmann, mais aussi Richard Branson, Elon Musk, Fedor Emelianenko, le groupe Muse en show pyrotechnique à 600 kilomètres d’altitude...
Thriller cométaire, road-movie crépusculaire, Satellite Sisters invite le lecteur vers la Haute-frontière sidérale, Far-West des pionniers orbitaux, où va commencer la plus importante partie de Black-jack de l’humanité tout entière. Après La sirène rouge et Les racines du mal, Maurice G Dantec prolonge sa plus célèbre épopée et signe d’un rouge martien la suite vertigineuse de Babylon Babies.
Ma note: ma note
Ma critique:
Ce fût avec plaisir de retrouver les écrits de Dantec, mais ce moment fût de courte durée. Au bout d'une dizaine de pages, j'ai commencé à me fatiguer par son style ampoulé basé sur l'antinomie. Tout le long du livre, il joue sur les paradoxes verbeux; procédé très simple, mais très difficile à lire (voilà que je m'y mets). On dirait que c'est l'inculte du "livre sans nom" qui a été pris pour nègre pour faire cette suite de "Babylon Babies", ou bien que Dantec a tenté dans ce livre de s'auto-parodier.
Outre le style difficile, Dantec nous perd dans cette fuite en avant, pour échapper à l'armée globalitaire de l'ONU-2.0. On ne comprend pas trop pourquoi ils fuient (hormis de cacher le mystère des jumelles Zorn), et on ne comprend d'ailleurs pas trop le pouvoir des jumelles, de la Neuromatrice et de la plante Codex. Un petit résumé "objectif" eut été bon, surtout pour le pauvre lecteur qui n'a pas lu "Babylon Babies".
La première partie du livre est donc lourde, telle la gravitation terrestre. Il faut attendre que le débat s'élève en orbite géostationnaire pour se réveiller et prendre un intérêt à la lecture. Dantec a toujours été un grand futurologue, mais là, il déçoit un peu: il ne trouve que l'idée du tourisme "orbital", et de faire vivre "indéfiniment" des stars d'aujourd'hui: Branson, Paul Allen, lon Musk, Fedor Emelianenko, Muse, etc. Et rien de bien précis sur ce monde de 2029, à part la nano-technologie, les boites sur-pliables et autres gadgets mortels.
Le côté amusant du livre est le retour improbable de ses anciens personnages: outre ceux de Babylon Babies, on retrouve la petite Alice de "la sirène rouge" et l'effroyable Andreas Schaltzmann et ses fameuses bouteilles de Coca. Cela devient donc un peu grand-guignolesque, avec surtout ces batailles dans l'espace et sur la lune, de ces outlaws qui veulent aller plus dans cette nouvelle frontière.
Au final, Dantec nous livre le meilleur et le pire, mais c'est le pire qui marque plus cette œuvre... dommage.
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samedi 25 août 2012

La Rivière noire d'Arnaldur INDRIDASON



La Rivière noire Après les auteurs scandinaves, un peu plus à l'Ouest avec l'Islande et son plus grand écrivain de romans policiers: rnaldur INDRIDASON
Résumé:
Le corps d'un homme, seulement vêtu d'un T-shirt féminin, est retrouvé dans un appartement du centre de Reykjavik. Beaucoup de sang, une profonde entaille à la gorge: le doute n'est pas permis quant à la cause de la mort. Cependant, l'enquête peine à démarrer. Pas d'arme du crime, aucun signe d'effraction ou de lutte, pas de témoin... La seule piste se résume à des cachets de Rohypnol – la drogue du viol – trouvés dans la veste de la victime et une étoffe.
Le châle retrouvé sous le lit de la victime dégage une odeur épicée que reconnaît sans peine la policière, cuisinière à ses heures perdues.
L'adjointe du fameux inspecteur Erlendur se lance alors à la découverte du passé trouble du violeur/victime; et sur la piste improbable de la jeune femme victime/tueuse. Ma note: ma note
Ma Critique:
C'est mon premier livre d'Arnaldur INDRIDASON et le deuxième que je lis qui se passe en Islande. C'est je crois le premier qui ne se passe pas avec son personnage fétiche, le commissaire Erlendur. C'était donc l'occasion rêver de découvrir l'ambiance cet auteur et son univers particulier.
Car évidemment, l'Islande, on y a plus souvent une image de carte postale avec ses landes enneigés, ses glaciers, ses volcans et ses geysers! Là, Arnaldur INDRIDASON nous offre une vision très citadine, qui pourrait très bien se passer dans une ville européenne, voire américaine. D'un point de vue géographique (écologique et climatique), c'est même beaucoup plus diversifié que nos images d'épinal! Pourtant, il y a bel et bien une atmosphère intemporelle indescriptible que l'on associe à ce que l'on appelle les "les romans noirs scandinaves".
Avec un crime assez sanguignolant, et un violeur qui n'est sans doute pas à sa première proie, le suspense est tout de suite posé. Au nombre de pages, on sait qu'on va avoir quelques longueurs mais que les pistes vont être tortueuses et intéressantes. Toutefois, Arnaldur INDRIDASON se permet quelques diversions et remplissages de pages pour nous faire découvrir plus en détail sa nouvelle héroïne. Même si c'est bien écrit, on s'en passerait bien, car à force de décrire tout ce qu'elle fait, on est frappé par voir le peu qu'elle fait! On a peu l'impression que les policiers islandais sont payés à rien foutre, qu'ils peuvent voyager à l'autre bout du pays quand ils le veulent, sans justifier le moindre motif, etc. Et puis elle suit son instinct vers des pistes qui donnent peu de choses, ou du moins, avec une certitude que c'est une chance infime s'ils trouvent quelque chose dans ce faisceau d'intuitions.
Cette lenteur et ce temps perdu sont donc un peu destabilisant, voire énervant mais d'un autre côté, cela a son charme. Je ne suis pas sûr que j'aurais apprécier ce livre en dehors des périodes de vacances, tant la lenteur et l'inaction sont le quotidien de l'inspectrice Elinborg. Heureusement que l'on sait que derrière se cache un violeur en série, et un mystérieux tueur vengeur pour rester attentif jusqu'au bout.
Au final, c'est un bon polar, subtil mais à mon goût, pas assez typé. Dommage.
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samedi 18 août 2012

Voici un nouvel auteur scandinave à la mode: Thomas Enger; à mi chemin entre Jo Nesbo et Camilla Lackberg.
Résumé:
Dans les faubourgs d'Oslo, à Ekebergsletta, une tente isolée au fond d'un champ cache un terrible drame: une jeune femme, à moitié enterrée, y est morte par lapidation. Elle a été outrageusement mutilée à coups de pierre au visage, son dos a été fouettée jusqu'au os et sa main coupée.
Henning Juul, journaliste au 123News, revient juste d'un long congés de convalescence, suite à un incendie qui lui a valu près d'un an à l'hopital; mais surtout qui lui a couté la vie de son fils, mort dans l'incendie.
Pour son premier jour aux affaires après plus de 2 ans, voici une histoire qui va lui changé les idées, mais à laquelle il va vite se bruler les doigts, tant les ramifications racistes sont évidentes sur ce meurtre teinté d'un rituel issue de la Sharia.
Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma Critique:
Avec ma découverte d'Henning Mankell il y a une douzaine d'années, je me suis peu à peu intéressé aux polars scandinaves. Et c'est donc tout naturellement que je me suis laissé tenté par Thomas Enger, la nouvelle perle du polar polaire. Le personnage d'Henning Juul est intéressant, avec son funeste passé (la perte de son fils) qui continue de le hanter; et qui va d'ailleurs le hanter encore 5 livres, puisque la maison d'édition de Thomas Enger a confirmé qu'il y aura bien 6 enquêtes du journaliste, avec comme trame commune des indications comme quoi la mort de son fils n'était pas si accidentelle que cela.
Mais revenons à ce premier livre et ce meurtre assez tapageur. La couverture laisse penser à la présence sombre d'un serial killer, mais en fait, il n'en est rien. Le crime, avec ses ramifications racistes, ses peurs de l'autre, est quand même un peu tiré par les cheveux. Même si l'auteur prend soin à bien nous débobiner les ficelles aux dernièges pages du livre, on comprend mal pourquoi une telle mise en scène. Mais bon, c'est le côté sensationnel qui est fait pour vendre. Et la maison d'édition le fait très bien.
L'autre point intéressant est de voir l'évolution du journalisme, avec cette course-poursuite des journaux télé 24H/24 en temps réel qui doivent tout montrer (sans même valider) et celle d'Internet qui doit tout dire avant les autres. Et au milieu, Henning Juul, qui sort d'une hibernation de 2 ans et qui voit cette révolution numérique d'un mauvais oeil, où le sensationnalisme prend le pas sur l'éthique.
Pour mener ses investigations aussi rapidement que la police, le journaliste a évidemment une taupe, un contact "fantôme", avec lequel il communique via un programme crypté. On ne sait pas si ce hacker est policier, mais en tous les cas, il en connait tout autant et permet de faire avancer vite l'enquête. Toutefois, ce stratagème de "gorge profonde" utilisé par l'auteur est un peu facile et un peu trop pratique.
Dans l'ensemble, cette première nouvelle de Thomas Enger est agréable à lire, surtout grâce au profil psychologique du personnage principal. Je reste toutefois un peu sceptique, car mise à part le personnage, le crime sensationnel et la question finale sur la mort de son fils (qui va servir de trame pour les 5 prochains livres); je trouve que c'est une oeuvre un peu trop survendue. Espérons que la série Henning Juul ne va pas trop trainer en longueur, et tant qu'il ne devient pas aussi énervant que Camilla Lackberg, je vais suivre les affaires d'Henning Juul.
La liste des livres:
  • Burned, 2010
  • Phantom Pain, 2011
  • Blood Mist, 2012
  • Killer Ants , 2013
  • Quicksand, 2014
  • The Revelation, 2015
Quelques liens:

mercredi 27 juin 2012

Charles CUMMING - Trinity Six


Trinty Six Voici un roman d'espionnage très bien ficelé d'un jeune auteur anglais prometteur: Trinity Six. Quand une vieille intrigue de 50 ans en cache une autre, bien plus sérieuse et bien plus probable.
Résumé:
Sam Gaddis est professeur à l'université de Londres, spécialiste de la guerre froide et des affaires internationales concernant la Russie.
A court d'argent, il cherche un sujet "vendeur" pour écrire un nouveau livre. Par chance, il rencontre une charmante jeune femme ayant des documents secrets et des lettres confidentielles de sa défunte mère, ancienne secrétaire au KGB, et amoureuse d'un espion anglais.
Au même moment, une de ses amies le met en relation avec un vieux de la vieille garde anglaise, ayant soit-disant, les secrets sur un sixième traitre de Cambridge.
Sam Gaddis est tout excité de réunir ces documents mais avant même qu'il puisse voir si les affaires ont un point commun, son amie meurt d'une crise cardiaque, le laissant seul avec une tonne de documents et un vieillard très affabulateur.
A la recherche de ce sixième espion, Sam Gaddis ne sait pas qu'il remue les mauvaises pierres et que les vieux serpents vont se réveiller...
Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma Critique:
La première trame du livre se base sur l'un des évènements majeures de la guerre froide en Grande Bretagne avec le cercle de ces 5 universitaires de Cambridge, qui ont été recruté au début des années 30 par les services secrets russes. Ces 5 universitaires finirent par occuper des postes plus ou moins importants dans les services de renseignements de sa majesté, et leur traitrise fut découvert assez tardivement dans les années 50. Leurs noms: Kim Philby, Guy Burgess, Donald Maclean, Anthony Blunt et John Cairncross.
Il est utile d'avoir précédemment lu des articles ou livres sur cet évènement de la guerre froide pour bien comprendre le contexte du début: Bechley Park, Philby, et la chasse au sorcière des années 50, etc. Je vous conseille d'ailleurs vivement de lire cet excellent ouvrage de Robert Littel "La compagnie", qui relate les grands coups d'espionnages entre CIA, KGB & MI6 lors de la guerre froide.
L'entame de la trame risque donc d'en rebuter quelques-uns, mais l'auteur explique de manière concise la genèse de ce cercle d'espions à la solde des russes; et la possibilité d'un sixième, inconnu de tous. Mais bon, on se dit, comment tenir sur tout un livre avec une action qui se déroule dans le temps présent? Ce n'est évidemment pas quelques dossiers brulants de 50 ans d'âge et l'apparition d'un nouvel agent double, à la retraite depuis longtemps, qui vont mettre en péril des relations internationales et la vie de notre héros.
Non, en effet, l'auteur nous offre une histoire à tiroir à double fond pour dévoiler un secret bien gardé, et fort crédible.
Durant les trois quart du livre, on se demande justement quel est ce secret, qui justifie tant de prise de conscience de la part des services secrets anglais et russes. L'idée est ingénieuse et superbement bien amenée. Charles Cumming nous emmène là où il veut, nous donnant quelques bribes d'informations et de sueurs froides pour nous tenir en haleine de bout en bout.
Je ne vous dévoilerai donc pas le secret final (qui est de taille), je vous invite vivement à vous accaparer de ce roman d'espionnage. Le livre a certes quelques travers, typiques des écrivains, qui n'ont jamais eu à traiter un emploi du temps. Le héros ne travaille pas (normal me direz-vous, il est prof!) et décide du jour au lendemain de partir aux quatre coins de l'Europe, alors qu'il est justement à court d'argent!
Ce genre de petit détails est certes peu de chose par rapport à la ribambelle d'auteurs américains, qui se contrefoutent de ces 2 contraintes (temps et argent) dans la crédibilité de leur propos.
Et donc à part ça, ce livre de Charles Cumming est une véritable réussite, et son petit secret un véritable bijou d'ingéniosité, totalement crédible.
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vendredi 1 juin 2012

SHAME de Steve McQueen


 Cela faisait quelques semaines que je voulais vous parler d'un de mes derniers coups de cœur cinématographique pour un film bien étrange, troublant et envoutant. Je profites de cette quinzaine du cinéma pour en parler/
Synopsis:
Brandon est un bien séduisant trentenaire bien propre sur lui, bien peigné et tout à fait fréquentable, du moins en apparence. Il souffre en vérité d'une maladie qui consomme sa vie: l'addiction au sexe. Il ne vit que pour ça, enchaîne les filles d'un moment et les prostituées de luxe. Sa quête de sexe comble son manque de rapprochement sensible avec les autres...
Quand sa sœur Sissy, chanteuse un peu paumée, arrive sans prévenir à New York pour s’installer dans son appartement, Brandon aura de plus en plus de mal à dissimuler sa vraie vie, son addiction...
Ma note:
Ma critique:
Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu un tel coup de coeur pour un film (d'auteur). Shame est un film envoutant, traitant d'un sujet un peu dérangeant (l'addiction sexuelle) de manière un peu glauque, mais traitée de manière absolument classieuse. Le réalisateur Steve McQueen maitrise toutes les subtilités de son art: le jeu d'acteurs, la mise en scène, la photographie et le montage.
Le film commence par nous dévoiler de manière indirecte l'addiction du personnage principal, le sexe. Cette scène introductive est entrecoupée par une scène d'anthologie qui se déroule dans le métro. Brandon, joué par Michael Fassbinder, déshabille des yeux une jolie rouquine; mais son regard scrutateur nous invite à comprendre qu'il ne dévisage pas seulement la belle: mais qu'il envisage!
C'est une scène d'une très rare intensité, un pur moment de cinéma. Tout est dans le regard: le moindre mouvement de l'iris scrutateur de Michael Fassbender qui se pose sur la belle Lucy Walters, déclenche une multitude de sentiments sur sa proie. D'abord un sentiment de gêne, remplacé peu à peu par une pudeur à la puissance sexuelle insoupçonnable. Cette scène vous trouble et vous fera penser à ces quelques regards croisés intimes que vous avez pu avoir dans le métro avec un(e) bel(le) inconnu(e), sans jamais avoir osé soutenir le regard, ni de faire le premier pas.
On pourrait résumer le succès, ou du moins le buzz, car "Shame" reste un film d'auteur, à la seule interprétation de Michael Fassbender. Je savais qu'il était un acteur remarquable, mais là, je suis littéralement conquis par sa prestation. Difficile de trouver les mots tant sa prestation est parfaite. Il suffit de voir et revoir cette scène introductive dans le métro pour comprendre. Je ne m'épancherai donc pas plus sur sa prestation. Je retiens surtout la parfaite alchimie entre un réalisateur, un acteur exceptionnel, un photographe, un musicien et une ville qui fait de ce film un chef d'oeuvre.
L'autre personnage de ce film n'est pas la petite Carey Mulligan, mais la ville de New-York elle-même. La caméra se promène dans les rues avec une lumière et prise de vue de toute beauté, tel un magazine de papier glacé. Du bar du dernier étage d'un hôtel, le boss de Brandon le rappelle: "putain j'avais oublié que cette ville est belle". C'est bien la noirceur d'en bas qui agit sur quelques âmes perdues: l'immensité de la ville nous renvoie directement à la vacuité de notre vie citadine. Le personnage de Michael Fassbender me rappelle celui de Willem Dafoe dans "Lightsleeper" de Paul Schrader; où là aussi, il s'agissait d'un homme perdu dans son addiction et dans sa ville.
Steve McQueen filme donc une ville et un acteur d'exception, et ce sans passer par le numérique. L’œil de la caméra nous guide là où elle veut et ne nous fait pas sauter aux visages les milles détails d'une ville. Ah ce que j'aimerai que tant de réalisateurs puissent comprendre les méfaits d'une caméra numérique dans un milieu urbain, où le moindre détail devient aussi clair que le premier plan. La photographie de Sean Bobbitt est un pur chef d’œuvre, tant dans le milieu urbain (le somptueux travelling du jogging nocturne), que dans le milieu intime (la partie fine à 3) que le côté voyeur.
Le dernier élément indissociable à la qualité de ce film est sa musique. L'atmosphère sereine et mélancolique composée par Harry Escott est une pure merveille. Et quand les notes de piano de Glenn Gould s'épanche sur la froideur des sentiments de Brandon, on devient totalement envouté par cette atmosphère.
Pour conclure, il est indéniable de clamer haut et fort "Shame" est un chef d’œuvre. Je préciserai toutefois que cela est un chef d’œuvre intimiste; c'est un cinéma de connaisseur, un cinéma masculin, un drame urbain, dans lequel il vous faudra vous plonger et ne pas juger la morale du personnage principal: il n'est pas quelqu'un de mauvais, il a juste vécu dans un endroit mauvais, et il s'est réfugié dans le seul exutoire d'un bonheur éphémère, sans comprendre que l'amour et la tendresse pouvait combler la vacuité de sa vie citadine... Crédits:
  • Réalisation: Steve McQueen
  • Pays: Angleterre / USA
  • Durée: 1H41
  • Acteurs Principaux: Michael Fassbender, Carey Mulligan, James Badge Dale, Nicole Beharie et Lucy Walters
  • Production: Emile Sherman et Iain Canning
  • Photographie: Sean Bobbitt
  • Musique: Harry Escott
  • Scénario: Abi Morgan et Steve McQueen
  • La scène culte: Le scène du Métro; le travelling du jogging nocturne
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dimanche 27 mai 2012

Sur la route - Walter Salles


Cela faisait plus de 20 ans que je guettais (enfin) la mise en scène de l'un des romans cultes: "Sur la route" de Jack Kerouac, l'auteur phare de la Beat Generation.
Synopsis:
Au lendemain de la mort de son père, Sal Paradise, apprenti écrivain new-yorkais, rencontre Dean Moriarty, jeune ex-taulard au charme ravageur, marié à la très libre et très séduisante Marylou.
Entre Sal et Dean, l’entente est immédiate et fusionnelle. Décidés à ne pas se laisser enfermer dans une vie trop étriquée, les deux amis rompent leurs attaches et prennent la route avec Marylou. Assoiffés de liberté, les trois jeunes gens partent à la rencontre du monde, des autres et d’eux-mêmes; sur la route.
Ma note:
Ma critique:
Plus de 60 ans après l'écriture du livre, "Sur la route" est enfin adapté à l'écran malgré de multiples scénarios et promesses d'illustres acteurs et réalisateurs, qui se sont tous confrontés à la dure réalité économique, à savoir celles des Majors, conscients de la difficile rentabilité et adaptabilité d'une telle œuvre.
Et on ne peut le nier, surtout dans notre époque si matérialiste. C'est d'ailleurs un paradoxe frappant sur ma passion pour les écrivains Beatnik. Je n'ai jamais vraiment compris comment ils pouvaient partir à l'inconnu sans savoir comment sera fait demain, et surtout, comment sera financé le lendemain. Et cette insouciance m'a toujours fasciné. J'ai lu la grande majorité des livres de Kerouac et de Burroughs (même ses infames cut-up!) durant ma jeunesse. Je ne pouvais donc rater ce film, ni d'épancher ces quelques mots. Walter Salles réalise sans doute l'un de ses plus grands rêves de cinéphile et je l'en remercie pour son courage et sa ténacité d'avoir pu convaincre MK2 (producteur et distributeur français) pour avoir financer ce film (vive l'exception française...). Ce film n'est pourtant pas un grand film mais il a le mérite d'exister et de ne pas corrompre l'oeuvre originale. Pourtant, comme le dit le personnage d'Old Bull Lee (donc mon cher et vénéré William Burroughs) dans le film: "traduire, c'est trahir". Il y a donc forcément une forme de trahison dans cette adaptation, mais c'est une trahison par amour, que l'on pardonnera.
Son film suit assez bien le rythme décousu du livre, faits de flux ininterrompus de texte tel le ruban d'asphalte de la route 66, entrecoupés de pauses contemplatives, et d'explosions et d'accélérations captivantes.
Le film reprend également parfaitement ce sentiment de vacuité dans l'âme de Jack Kerouac, qui semble vouloir retrouver les guides de son enfance, son grand frère perdu à la guerre, et de son père, qu'il vient de perdre. Il poursuit le regard enflammé de Dean Moriarty qui irradie toutes les âmes perdues sur son passage. Le style est à la fois contemplatif et désabusé: Walter Salles filme plus le paysage qui défile, que les acteurs. Et il nous projette des paysages sans réelles âmes, mais qui occupe l'esprit de nos héros. De nos jours, nous pouvons nous abrutir devant la télévision, eux, c'était le spectacle défilant derrière la pare-brise et la promesse de trouver d'autres gens, comme eux, avides de vouloir remplir ce vide et de trouver un sens à leurs vies.
Cette soif insatiable est parfaitement incarnée par le trio d'acteur. A noter qu'avant de se lancer dans le film, Walter Salles a réuni toute son équipe d'acteurs dans un Beatnik Camp de 3 semaines, rythmés de lectures et de débats sur les oeuvres de tous les personnages mythiques que l'on retrouve dans le film: Kerouac, Cassidy, Ginsberg, LuAnne, Hinkle et évidemment Burroughs, incarné de manière exceptionnelle par Viggo Mortensen.
C'est surtout l'interprétation de Garrett Hedlund que l'on retient. Mon Dieu que Garrett Hedlund est impressionnant: son regard de chien fou vous irradie de bonheur: il vous donne de suite envie de le suivre jusqu'au bout du monde. Sans avoir les autres films en compétition à Cannes, on peut dores et déjà dire qu'il sera dans le short-list du meilleur acteur (voir pour l'Oscar l'an prochain); dommage que sa voix française soit le cliché hollywoodien du beau sombre ténébreux à la voix rocailleuse.
Mis à part ce détail sonore, c'est un plaisir de voir ces acteurs incarner le livre culte de plusieurs générations, celle qui vous rappellent que les études et les livres ne vous apprendront jamais à réaliser vos rêves. Jettes ton livre, ton smartphone et ton PC et lances-toi dans la vraie vie, si tu souhaites être de ceux exister et apprendre des autres et surtout, de soi-même.
Crédits:
  • Réalisation: Walter Salles
  • Pays: France / Brésil
  • Durée: 2H17
  • Acteurs Principaux: Garrett Hedlund, Sam Riley, Kristen Stewart, Tom Sturridge, Kirsten Dunst, Viggo Mortensen, Amy Adams, Danny Morgan, Alice Braga, Elisabeth Moss, Steve Buscemi et Terrence Howard
  • Production: Nathanaël Karmitz, Charles Gillibert, Rebecca Veldham, Roman Coppola, Francis Ford Coppola, John Williams, Jerry Leider et Tessa Ross, Arpad Busson
  • Scénario: Jose Rivera, d’après le roman de Jack Kerouac

Quelques liens:
Affiches secondaires:
Viggo Mortensen as William Burroughs Garrett Hedlung as Neal Cassidy
 

mercredi 16 mai 2012

ANATHEMA - Weather Systems


ANATHEMA Weather SystemsANATHEMA Weather Systemsma note
Jusqu'ici Anathema me laissait de marbre: je n'accrochais pas à leur rock atmosphérique; je trouvais leurs mélodies trop subtiles et pas assez prenantes, voire ennuyantes.
Il aura fallu donc attendre leur neuvième album pour enfin me ravir avec, après mures reflexions, l'un des plus beaux albums de ces 10 dernières années.
Weather Systems est une sorte de concept album, qui ne parle pas des dérangements climatiques et autres menaces écologiques (comme on pourrait le croire), mais du déchirement des sentiments qui nous poussent au plus profond, vers un sentiment de perte de soi, de mort de l'âme... Le dernier morceau tourne d'ailleurs autour de l'expérience de NDA (Near Death Experience).
On pourrait croire que du coup, Anathema nous plonge dans une torpeur mélancolique moribonde mais curieusement, non. Cet album baigne paradoxalement dans une atmosphère mélancolique positive: la mélodie, les chants et les instruments se tournent peu à peu vers la lumière pour nous donner un véritable bain de soleil.
Le plus bel exemple est le diptyque "Untouchable", qui commence par une atmosphère sombre et froide, et où peu à peu les voix s'éclaircissent, le rythme s'intensifie et la détresse du chant se transforme en énergie positive à faire déplacer des montagnes, et surtout, à faire battre fort votre coeur.
Les familles Cavanagh et Douglas qui composent le groupe sont en parfaite harmonie, surtout que la petite sœur Douglas vole désormais de ses propres ailes et chantent presqu'autant que Vincent Cavanagh. Sa voix douce apporte énormément à l'élévation du style d'Anathema vers un rock-prog enfin transcendant, hypnotique et majestueux.
Il vous suffit d'écouter les 2 première minutes du morceau ci-dessous (The Beginning And The End) pour comprendre cette montée en douceur et cet envol vers des cieux d'une clémence absolue.
Anathema est enfin au sommet de son art: Weather Systems est tout simplement un régal pour les oreilles, voire même une cure de jouvence pour votre âme de mélomane...
La track-list
  1. Untouchable Part 1
  2. Untouchable Part 2
  3. The Gathering Of The Clouds
  4. Lightning Song
  5. Sunlight
  6. The Storm Before The Calm
  7. The Beginning And The End
  8. The Lost Child
  9. Internal Landscapes
Ecoute:

Quelques liens:

mercredi 2 mai 2012

Martin HIRSCH - Secrets de Fabrication


Secrets de Fabrication En cette période d'élections présidentielle, je me suis laissé tenté par le livre de Martin Hirsch, que j'avais acheté il y a 2 ans et laissé de côté.
Résumé:
Martin Hirsch est entré en 2007 dans le gouvernement de François Fillon, à la demande de Nicolas Sarkozy, avec le titre de 'Haut Commissaire' enfin de valider les bienfaits du revenu de solidarité active (RSA) et le mettre en application.
Comment passer de la présidence d'Emmaüs au gouvernement de Nicolas Sarkozy sans se renier?
Il raconte ici les péripéties de ce contrat improbable entre un Président de droite et un militant associatif de gauche. Il explique comment il s'efforce de mettre en œuvre des politiques ambitieuses sans être 'un homme politique'. Se projetant dans l'avenir, il développe ses idées et ses projets, et démontre avant tout qu'il faut être pragmatique, si on veut qu'une idée politique puisse se concrêtiser en action, et en résultats!
Ma note: ma note
Le livre de Martin Hirsch est plus une chronique de 3 ans passés au gouvernement qu'une propagande de contenu politique. Il nous narre son parcours d'anecdotes, d'embûches et des principales discussions et actions qui ont amené à mettre en oeuvre le RSA, le Revenu de Solidarité Active.
C'est en fait surtout un authentique portrait de ce qu'est la politique d'aujourd'hui, où nos politiques sont bien plus intéressés par la prolongation de leur mandat, des résultats à courts termes que la mise en place de réformes profondes et d'actions qui se mettent en place sur plusieurs années.
Martin Hirsch est certes un homme de gauche, mais c'est urtout un homme pragmatique, qui comprend que la libre motivation est un moteur bien plus efficace que l'assistanat; mais que l'Etat se doit de n'abandonner personne, sans se lancer dans les belles promesses de la Droite et de la Gauche. C'est un homme qui s'est engagé dans le gouvernement Sarkozy pour tester, valider et mettre en place une idée à laquelle il croit dur comme fer et a su évité de perdre son temps en politique politicienne.
Et son seul travers politique qu'on peut lui reprocher sur ces 3 années passées au gouvernement, c'est de s'être ouvertement défausser aux questions trop politiques...
Il n'épargne d'ailleurs ni ses amis de gauche que ses ennemis de droites. Le portrait qu'il dresse de nos hommes politiques est en fait assez désopilant et pathétique. Il n'y va d'ailleurs pas de mains mortes entre ces ministres de droites qui se détestent les uns les autres, et il est même incisif contre ces "amis" socialistes bien-pensants, bien plus sectaires (voire réactionnaires), réfutant systématiquement la moindre idée provenant de la droite...
En finalité, la chronique de Martin Hirsch est passionnante, même si on en ressort dégouté par l'énergie gaspillé par les décisions politiques éphémères et l'univers kafkaïens des administrations françaises. Son plaidoyer pour l'expérimentation "à grande échelle" est fort instructive, car c'est bien le seul moyen de valider qu'une idée théoriquement géniale est concrètement bonne. Dommage qu'il ait fallu près de 40 ans à la Cinquième République pour que le concept d'expérimentation économique et sociale puisse se mettre en place...

samedi 14 avril 2012

Mark BILLINGHAM - As good as dead


Mark BILLINGHAM
Résumé:
Helen Weeks, vient de reprendre ses fonctions à la police à Londres après son congés de maternité et la perte de son compagnon. Comme chaque matin, elle achète son journal chez le libraire au coin de la rue. Mais cette petite routine anodine va tourner court. Alors qu'elle s'apprête de payer, un homme pointe son arme sur elle, ferme le rideau de fer de la boutique et prend en otage les 2 clients de la boutique...
Les motivations du preneur d'otage ne sont ni politiques, ni pécunières. Désespéré depuis le suicide de son fils, il n'a qu'une seule revendication: que l'inspecteur Tom Thorne trouve la vérité sur la mort de son fils.
Alors qu'Helen Weeks lutte pour que tout le monde garde son calme dans la boutique, Tom Thorne court après un semblant de vérité et découvre les traces d'un tueur, mais aussi de cruelles vérités qui ne vont certainement pas calmer le preneur d'otages...
Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma Critique:
Voici donc un nouvel épisode de la saga Tom Thorne, qui met également en scène l'héroïne Helen Weeks, que l'on avait découvert dans le très bon "In The Dark", et il ne serait pas étonnant que dans le prochain épisode qu'on les retrouve ensemble, puisqu'elle est une jeune veuve, et lui tout juste séparé...
Que voulez-vous, les polars de nos jours suivent une tendance mercantile de développer des spin-offs et des livres à lire dans un certain ordre, c'est un peu dommage quand nous avons un auteur qui mérite d'être nettement plus connu.
Malgré cet aspect de suite, ce polar peut se lire sans besoin de connaître les précédents livres de Mark Billingham. En effet, l'action se déroule sur une très courte durée (moins de 3 jours) et peu de personnages, laissant peu d'atermoiements et de doute à l'inspecteur. Ce "As good as dead" va donc très vite et on ne s'ennuie pas une seconde.
L'intrigue se débobine avec délice et la psychologie du preneur d'otage assez bien vue, avec ce voile d'orgueil qui lui cache une partie de la vérité sur son fils.
Mark Billingham démontre une fois de plus son talent de raconteur d'histoires, et arrive à mettre en scène son fameux inspecteur dans un nouveau style, plus direct et sans que cela soit tiré par les cheveux.
Au final, il n'y a que le mobile final du crime qui laisse un petit goût d'inachevé, qui sonne après coup un peu trop téléphoné. Mais bon, on ne va pas faire la fine bouche après un si bon polar.
Quelques liens: