mardi 10 décembre 2013

BIG DATA de Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukier


BIG DATA de Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukier Tous les 2/3 ans je me plonge dans un livre sérieux, à tendance économique et/ou technologique.
Cette année, je me lance dans ce livre très intéressant sur l'émergence du Big Data dans la vie de tous les jours.
Résumé:
Internet, les smartphones, les réseaux sociaux et toute la multiplication des capteurs de données provoquent une croissance exponentielle des données qui nous permettent de découvrir et de mieux visualiser tous les effets de masse, et les nouvelles tendances. Ce changement d'échelle conduit à un changement d'analyse. Le statisticien et sa sélection de l'échantillon représenttatif n'a plus de sens. Cette masse de données, le Big Data, bouleverse la nature de l'entreprise, mais également celle du gouvernement et bien sûr, la façon dont nous vivons tous, de nos ennuis de santé, de notre éducation jusqu'à toutes nos envies. Avec les "Big data", tout semble devenir prédictif.
Avec les éminents Viktor Mayer-Schönberger (de l'Oxford Internet Institute) et Kenneth Cukier (de "The Economist"), Big Data nous dévoile avec des exemples fascinants cette nouvelle façon de penser et des enjeux et menaces que le Big Data représentent pour nos sociétés, et surtout sur notre libre arbitre.
Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
Œuvre de vulgarisation scientifique, le livre de Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukier est destiné à un public large et permet d'appréhender les enjeux du Big Data sur notre façon d'aborder notre façon de travailler, et cette quête sans fin de vouloir répondre aux besoins du client avant même que celui-ci ne l'exprimer; quête qui semble possible avec ce nouveau phénomène.
Ce livre est donc un état des lieux de ce nouvelle révolution de l'information, plus que sur la manière de traiter ces données: les informaticiens et autres architectes de l’information resteront donc sur leurs fins avec ce livre, s'ils attendent quelques pistes sur la façon d’amasser et de faire parler ces Big Data. Mais ce qui veulent comprendre l'intérêt, les débouchés possibles et les limites seront ravis par ce livre.
Le livre fait donc l'état des lieux, tant d'un point de vue technique, historique, qu'économique ou éthique.
Les bouleversements engendrés par l'émergence du big Data interviennent dances ces différents domaine:
  • La perte de dominance du code source "lisible": les programmes standards, programmés pour agir de façon logique, ne répondent pluss aux enjeux du Big Data, tant la donnée, ses sources et corrélations sont de plus en plus versatiles. Les algorithmes jouent sur le volume et sur la multitude, et non sur la logique pure et l'exactitude. Le code source ne fera plus loi, car il sera de plus en plus difficile de comprendre pourquoi un algorithme de Big Data ressort une véritable tendance sans que l'on comprenne vraiment sa causalité.
  • La corrélation en lieu et place de la causalité: Au lieu d'essayer de comprendre, le Big Data constate et en conclue des corrélations entre différents facteurs par forcément commun. L'objectif n'est pas de comprendre le pourquoi, mais uniquement le comment. Et la quantité de données et de sources nous mènent droit dans la corrélation. La causalité est mort, vive la corrélation!
  • L'algorithmiste, le nouveau métier de demain: A la fois statisticien, informaticien et marketeur, ce nouveau métier est au centre de ces nouveaux enjeux.
  • La fin de sa liberté "privée": Bien que les algorithmes des Big Data mettent de côté la notion même de l'individu, il en ressort 2 éléments importants
    - l'éceuil de la perte de l'anonymat; les tendances et comportements que mettent en lumière ces algorithmes se référrent forcément à des personnes, et avec les moteurs de recherches, il est facile de trouver de réelles personnes correspondant parfaitement à ces tendances, dont les données ont été captées et utilisées. En sachant que théoriquement, en 6 connaissances indirectes tout humain peut se rapprocher (voir théorie des 6° de séparations), et bien il suffit de quelques recoupements dans une analyse Big Data pour pointer du doigt sur la bonne personne, et ce sans besoin d'identifiant (nom, date de naissance, N° de sécu ou autre).
    - l'absence de contrôle des individus sur leurs données (non identitaires). Jusqu'ici, les CGV et autres lois sur la protection des données portent essentiellement sur les données purements identitaires et/ou leur retransmissions complètes. Rien ne portent sur l'éventuel redistribution d'une donnée anonymisé ou bien sur des usages et clics sur le site que vous effectuez, ou bien là où vous circulez. Rien ne protège le citoyen d'être hors champ du Big Data de toutes ces utilisations secondaires des données; d'autant plus que l'algorithme réutilisant ces données n'est pas encore imaginé.
  • Fracture entre les sociétés commerciales: Même si bon nombre de start-ups ont vu le jour dans ce domaine et rivalisant avec des gros acteurs en place, la possibilité de faire du BigData nécessite beaucoup d'argent, une économie d’échelle importante. Les grandes entreprises peuvent se permettent d'investir en machine de stockage, aspirateur de données et algorithmistes.
  • De la prévention à la discrimination: l'analyse de données Big Data aussi variées puissent-elles donnent des indicateurs, des tendances, qui fonctionnent dans 80% des cas. le logiciel de la police US PredPol, prédit quand et où auront lieu les prochains crimes: cela ne donne par encore l'identité des personnes; comme dans Minority Report, mais d'autres analyses montrent bien que le fait de s'appeler Jimmy ou Kevin est déjà un handicap dans la vie; etc. Bref, ces tendances étiquettent et catégorisent des gens, qui se verront peu à peu fermer les portes des meilleurs écoles, ou d'accès au meilleurs soins et autres besoins de consommations (prêts; voyages; etc.). La discrimination et la catégorisation des individus vont s'accentuer.
  • Absence de réflexion politique (éthique): Et pour cause, nos gouvernements sont les premiers à tirer profit de toutes ces données et à vrai dire, les lobbys industriels et du grand commerce préfèrent que ce genre de réflexion reste dans l’œuf.
  • Vers la fin du libre arbitre?: Les auteurs font une peinture bien noire sur notre libre arbitre, qui en prend un sacré coup. Puisque presque tout peut se corréler pour donner une tendance, alors les choix et décisions de M. Toutlemonde peuvent se deviner à l'avance. Et plus les big-data permettront d'identifier et de proposer nos envies avant mêmes qu'elles ne deviennent; et pourront nous écarter de nos déviances.
Pour conclure, Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukier terminent par une note humaniste et optimiste, que les Big-data se réguleront d'eux-mêmes. mais je n'en suis pas si sûr: les états sont et resterons au-dessus des lois, et les entreprises sont des êtres impersonnels, sans mémoires ni reconnaissance envers ses individus. George Orwell ne s'était pas trompé, même si ce n'est plus Big Brother, mais bel et bien "BigData that is watching you".

Quelques liens:

samedi 5 octobre 2013

Chuck PALAHNIUK - Invisible Monsters (remix)


Invisible Monsters (remix)Avec la réédition l'an passé du premier livre de Chuck PALAHNIUK, c'était l'occasion de s'attaquer à cet étrange livre qui fait tant débat.
Résumé:
La vie de Shannon ressemble à un conte de fées pour adolescentes : mannequin jeune et jolie, elle se partage entre son petit copain et Evie, sa meilleure amie, mannequin comme elle.
Un jour, au volant de sa voiture, une balle perdue lui brise la mâchoire inférieure. À jamais défigurée, tellement laide que son entourage fait semblant de ne pas la voir, Shannon est projetée dans un monde invisible dont elle devient un monstre emblématique. C'est à l'hôpital que Shannon va trouver son salut en la personne de Brandy Alexander, transsexuel excentrique près de l'opération définitive. Grâce à elle, Shannon va apprendre à se réinventer une autre vie dans cette société américaine où tout n'est qu'apparence. Lors d'une course-poursuite rocambolesque qui la conduit à travers les États-Unis et le Canada, Shannon, rompant le cercle des apparences, connaîtra enfin la vérité.
Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
Voici donc le tout premier livre de Chuck Palahniuk, bien avant Choke et Fight Club, alors qu'il était toujours mécano pour poids-lourd et espérait vivre de ses écrits. Le livre fût tout d'abord rejeté par différets éditeurs, et ce n'est qu'après le succès de "Fight-Club" que "Monstres Invisibles" devinrent lisibles. Et cette première œuvre était déjà à l'image de l'auteur: décalé.
Le fil narratif est une succession de flash-backs, qui se rapproche de plus en plus du présent. Et pour marquer ce décalage temporel, Chuck Palahniuk a eu l'idée géniale (ou saugrenue, certains diront) de nous faire sauter de chapitre en chapitre à des dizaines ou centaines de pages de là: (et maintenant, allez en page 245 pour lire le chapitre suivant" | "retour en page 56 pour le chapitre suivant").
Je trouve l'idée géniale, même si j'aurais aimé qu'il fasse 2 chpitres de suite "dans le présent", pour montrer qu'à tout flash-back, le lecteur doit également sauté en arrière. Et ce qui est amusant, quand on lit de la sorte, c'est que vous êtes perdu dans le livre, incapable de savoir si vous avez déjà lu un tiers, la moitié ou qu'il vous reste 5 pages, c'est assez déconcertant. Par contre, nous faire lire quelques chapitres avec un mirroir (ceux en plus; c'est a version remix) est un plaie. Il n'aurait dû le faire que pour le chapitre final.
A part cet artifice, cette première œuvre reprend les grands thèmes et ficelles narratives que Chuck Palahniuk a su si bien développé dans ses différents livre. Le road-trip (Berceuse, Choke), l'auto-mutilation (Fight-Club, A l'estomac), les relations familiales décalées, et bien entendu, le mystère de sa propre identité. L'auteur se cherche, se déconstruit et reconstruit un univers transgressif pour se sentir enfin libre. "Monstres Invisibles" regorgent également de plein d'autres petits thèmes secondaires (les maisons, l'icône de la mère, les légendes urbaines), typiques de l'univers de l'auteur. Même si le style est un peu poussif et parfois trop théâtral, c'est ce livre est la première graine qui a permis à Chuck Palahniuk d'explorer (et d'exploser) tous ses délires dans ses différents livres parus ensuite.
Ce monstre redonne une furieuse envie de relire Fight-Club!
Pour revenir à l'intrigue du livre, Chuck PALAHNIUK nous mène par le bout du nez et fait tout pour nous perdre: ces flash-backs incessants, mais aussi le nom de ses personnages, où l'héroïne suit le périple et les péripéties de l'étrange Brandy Alexander, transsexuel excentrique, qui décide à toute nouvelle escale dans leur road-trip de changer de nom (noms aussi farfelues les uns que les autres, nom mélangeant personnages historiques, lieux et marques). On se perd donc assez facilement surtout lorsque les pensées de Shannon se perdent en conjoncture sur qui a bien pu lui tirer dessus (un tir perdu, sa meilleure amie, son fiancé?) et vu que Shanon ne peut pas parler, son flot de pensée va très vite et avance de manière erratique.
On avance donc peu à peu (à rebrousse poil dans le livre), et avec au milieu d'anecdotes plus ou moins provocantes (dont la scène de la dinde et du comment faire un bon felching), ou de paragraphes anodins, on découvre quelques fils de la réalité, que ce road-trip à 3 a bel et bien une destination finale, lieu où la vérité éclatera, où les vérités vous sauteront à la figure, et votre mâchoire, comme celle de Shanon, va tomber bien bas!
La fin est un peu à la manière de Fight-Club: elle vous saute à la gueule: ah ben merde, je n'avais pas imaginé cela; ni ça, ni encore ça! C'est un peu gros, tellement théâtral et trashy mais tellement drôle, tellement Palahniuk. C'est une farce transgressive des temps modernes, où pour exister, des individus sont prêts à tout, et surtout, au pire.
A noter que Samir Rehem, réalisateur de la version US de la série trash anglaise "Skins", travaille sur la réalisation cinématographique de ces monstres...
Quelques liens:

lundi 5 août 2013

Chuck PALAHNIUK - Festival de la couille


Festival de la couilleAprès le dernier livre d'Irvine WELSH, voici un autre auteur transgressif que j'adore: Chuck PALAHNIUK, et son receuil d'articles et d'interviews hauts en couleurs qu'il a écrit aux débuts des années 2000.
Résumé:
Une partouze géante au fin fond de l'Ouest américain, un combat de moissonneuses-batteuses, une expédition en sous-marin nucléaire, la construction d'un château en béton, un face-à-face improbable avec Marilyn Manson, les promenades d'un escort boy avec un malade en phase terminale : autant d'évocations d'une Amérique déjantée dont Chuck Palahniuk s'est fait le chroniqueur.
Dans ce recueil d'histoires vraies où se mêlent subversion, tendresse, humour décapant et exhibitionnisme, il démontre combien la réalité peut dépasser l'imagination et dévoile ainsi l'envers du décor de ses romans. Il nous fait découvrir une autre Amérique, dont les héros illuminés ne sont pas si éloignés de nous. On ne ressort pas indemne de ce voyage au bout du bizarre et du tragique.
Ma note: ma note
Ma critique:
Malgré le titre évocateur, il ne s'agit pas d'un vrai livre de Chuck PALAHNIUK mais d'une série d'articles et d'interviews qu'il a écrit au début des années 2000, sur les travers "underground" des USA, que ceux-ci soit collectif ou personnel. Le livre a pour titre en version original est "Stranger than fiction" que l'on peut traduire par "Plus étrange que la fiction", à savoir quand la réalité dépasse de loin les pires fictions, et le festival de la couille est étrangement l'article le plus court parmi les 2 douzaines proposées.
Les récits sont regroupés en 3 volumes: "Ensemble", où l'auteur nous narre des évènements collectifs, "Portraits", qui sont des interviews de personnalités plus ou moins connus et enfin "Seul" dans lequel on retrouve des éditos de l'auteur, mais comme il l'indique en préambule, ils reflètent tous l'idée (l'envie) de tous ces américains de leur volonté "croquer dans l'American Pie", de faire partie de ce rêve, quitte à en vomir ou à en oublier leur propre vie. L'auteur résume ainsi la vie de ces personnes: comédie, tragédie, lumière et obscurité.
Réparties sur une demi-douzaine d'année, sur la période où il galérait en tant qu'écrivain (et monteur mécanicien) jusqu'aux premiers lendemains du succès cinématographiques de "Fight Club", les articles reflètent différents états d'esprits de l'auteur et sont de qualités contrastés. Certains sont très terre-à-terre et un peu facile (les premiers), d'autres sont plus profonds (les éditos de la fin).
Au travers de ces vrais personnages, on reconnait quelques influences sur les personnages imaginés par Chuck PALAHNIUK dans ses différents livres, et de cette fascination pour les personnages "à part"; où d'ailleurs le livre "Choke" semble une application fictive de bien de ces personnages. Ce recueil est avant tout un témoignage amusant et surprenant sur ces USA qui nous fascinent et qui nous dérangent. Les interviews sont très intéressantes (surtout celles de Marilyn Manson et de Juliette Lewis).
Pour conclure, difficile de donner un avis, surtout que tous les livres de l'auteur sont toujours des "mondes cellulaires ayant leur propre logique, leur propre style et propre narration". Nous sommes donc loin de ça. Je ne peux que vous conseiller de zapper les récits sur lesquels vous n'accrochez pas, et de passer au suivant.
Quelques liens:

jeudi 25 juillet 2013

Irvine WELSH - Skagboys


SkagBoysJe me suis replongé dans l'univers de Trainspotting avec ce délirant préquel d'Irvine Welsh: Skagboys. Le plus dur est de se remettre à l'écossais... Ah dinnae ken fur how long I'll stay oan this wee farking book...
Résumé:
Au début des années 80, en cette période difficile où Margaret Thatcher met un frein radical à tout support d'activités économiques non rentables, le futur des jeunes anglais s'assombrie. En Ecosse, les jeunes Mark Renton et son copain Simon, alias Sick Boy, ne se font guère d'illusion sur leur avenir. Puisque leur avenir est déjà perdu et que l'Etat ne fera rien pour eux, pourquoi ne pas profiter de la vie à la recherche de toute sorte d'expériences, en attendant qu'un avenir radiant vienne à eux.
Au travers de ces 2 personnages clés du roman (et film) Trainspotting, Irvine Welsch nous offre un pré-quel à son fameux best-seller, nous narrant les premiers pas de Rento, Sick Boy, Begbie, Spud, Alison et quelques autres dans les affres de la drogue dure.
Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais et en écossais Ma critique:
C'était (déjà!) en 1995; Trainspotting sortait sur nos écrans et nous faisait découvrir la vie déjanté et amoral de ces jeunes écossais, toujours prêts pour la défonce. 7 ans plus tard, Irvine Welsh publia la suite de "Trainspotting", avec "Porno" et 10 après celui-ci, l'auteur écossais récidive en sortant ce coup-ci le pré-quel à son roman phare, nous faisant découvrir les premiers pas de Renton, Sick Boy & Co dans l'enfer de la drogue.
Comme à son habitude, Irvine Welsh écrit en phonétique pour souligner l'importance de l'accent écossais, ainsi que le milieu et l'état d'esprit dans lequel se trouve sn personnage. C'est donc très loin d'un anglais littéraire, car il vous faut d'une part, connaître bon nombre de mots d'argots (voir ce fameux site English slang and colloquialisms used in the United Kingdom qui m'a bien aidé), mais aussi lire à haute voix certains passages pour comprendre leur phonétique, et encore, car il y a de nombreux faux amis écossais: "Ah dinnae ken fae how long..."= "I don't know from how long...".
Il a donc été dur de s'y mettre et j'ai réellement souffert, je n'avais pas eu le sentiment de tant de difficulté lorsque que j'avais lu "Trainspotting" et "Porno", livres que j'avais lu dans la foulée. En effet, d'une part je connaissait parfaitement la trame de "Trainspoting", et d'autre part, à chaque chapitre, on savait qui était le narrateur: style anglais de mark, l'écossais pur de Spud, la grandiloquence écossaise de SickBoy où les diatribes de Begbie. Là, Irvine Welsh noie le poisson. A part le style primaire de Spud, on hésite toujours sur qui est le narrateur, et faut attendre parfois 2 ou 3 pages pour être sûrs (pour distinguer SickBoy de Renton ou de Nicksy, par exemple). Je préfère largement les astuces de Chuck Palahniuk de renforcer les tics (et tocs) de narration de ses protagonistes, permettant dès la première ligne de bien les identifier.
Toutefois, cela a été un pur bonheur de retrouver ces sales garnements: le désenchantement de Renton, le psychopathe SickBoy, qui est encore une fois monstrueux avec les femmes, au sommet de son art dans la manipulation la plus vile, la candeur et naïveté de Spud et l'éruptif Begbie. Irvine Welsh leur fait faire les pires idioties et petites monstruosités.
On regrettera quand même l'embourgeoisement de l'auteur écossais, qui vit désormais aux USA. Les turpitudes et actes outranciers qu'il décrit doivent faire fureur aux USA, mais bon ici, dans la vieille Europe, nous sommes loins des affres qu'il nous avait narré dans ses précédents livres (le bébé mort de" Trainspotting"; la nécrophilie d'Ecstasy, etc.). Bref, ce prélude a la saveur, l'odeur et la couleur d'un "Trainspotting" ou d'un "Porno", mais il est bien loin d'égaler ces 2 chefs d’œuvres de la littérature contemporaine de notre perfide albion.
Quelques liens:

dimanche 9 juin 2013

Robert Wilson - Capital Punishment


Robert Wilson - Capital PunishmentVoici le tout nouveau livre de Robert Wilson, qui m'achait enchanté ces dernières années avec sa saga policière de l'inspecteur Falcon (à Séville).
Résumé:
Charles Boxer est un vétéran de l'armée qui s'est spécialisé dans la gestion de crise lors des prises d'hôtages et de kidnapping.
A peine terminé sa mission au Portugal, le voilà appelé de toute urgence sur une affaire bien particulière. La fille d'un célèbre milliardaire indien vient de se faire enlever au beua milieu de Londre.
Etrangement, le motif du kidnapping n'a pas l'air d'être financier. Charles Boxer est la première fois confronté à des criminels fin psychologues, qui exigent d'abord que le milliardaire se remmette en cause et démontre enfin un acte de sincérité, s'il veut revoir un jour sa fille.
Derrière cette demande énigmatique, ce kidnapping déclenche une série d'enquêtes et de mouvements d'interrogations dans différents courants politiques, militaires, industriels et mafieux. Et si ce kidnapping avait un autre objectif caché?
Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
Quel bonheur de retrouver le style de Robert Wilson. Après m'avoir enchanté avec ses romans d'espionnage et ses polars avec sa trilogie de l'inspecteur Falcon à Séville (Meurtres à Séville ; Le prix du sang; Les assassins de l'ombre), voici qu'il nous concocte une nouvelle saga qui va permettre à l'auteur de mélanger ces 2 genres.
Charles Boxer, vétéran de l'armée et de la police qui s'est spécialisé dans la récuperation des personnes kidnappées, et cette profession est souvent très liée au monde de l'espionnage. Et dans ce "Capital Punishment", malgré l'action principale se déroulant à Londres, nous voyageons en Inde, au Pakistan et dans quelques villes européennes, pour suivre les différents dominos qui tombent les uns après les autres.
L'intrigue du kidnapping est captivante, surtout sur cette main mise psychologique des ravisseurs sur la belle Alyshia. Quel est leur but final? Pourquoi tant de meurtres pour effacer leurs traces? Robert Wilson nous ballade et nous voyons mal comment son héros va pouvoir résoudre l'affaire, sur qu'il est n'arrive pas à décrypter Francisco D'Cruz, le milliardaire indien, qui a d'abord connu la gloire en tant qu'acteur à Bollywood avant de devenir un redoutable homme d'affaire indien, sorte de synthèse de Ratan Tata et de Laksmi Mittal.
Qu'a-t-il fait pour mériter un tel acharnement psychologique? En quoi consiste cette demande farfelue "d'acte de sincérité"?
Par chance pour Charles Boxer, les jeux de cartes vont tourner, un peu comme au jeu de la chaise musicale, mais ici ce sont les jeux qui tournent, et gare à celui qui récupère les mauvais atouts.
Robert Wilson nous distille une intrigue brillamment réfléchie, avec quelques tiroirs et fonds de tiroirs bien vus, nous déplaçant du polar à un thriller d'espionnage très subtil (voir un peu trop complexe). Le final se lit d'une traite.
Quelques liens:

samedi 18 mai 2013

Bernard MINIER - Glacé


Bernard Minier - GlacéVoici une nouvelle fine plume française dans le monde des polars: Bernard Minier. Son personnage principal, le commandant Martin Servaz, est un policier de Toulouse profondément humain et lettré, confronté à une série de crimes aussi épouvantables qu’incompréhensibles dans les Pyrénées au cœur de l’hiver.
Résumé:
Dans une vallée encaissée des Pyrénées, au petit matin, les ouvriers d'une centrale hydroélectrique découvrent le cadavre d'un cheval sans tête, accroché à la falaise glacée.Le même jour, une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée. Le commandant Servaz, 40 ans, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier cette enquête, la plus étrange de toute sa carrière. Pourquoi avoir tué ce cheval à 2 000 mètres d altitude? Serait-ce, pour Servaz, le début du cauchemar?
Ma note: ma note
Ma critique:
Ce polar démarre fort avec cet étrange crime: un cadavre étêté de cheval dépecé en haut d'une falaise. Quels sont les assassins? Quel est leur motif? Et pourquoi cette mise en scène des plus macabres porte les traces de l'un des tueurs psychopathes du lugubre institut psychiatrique Wargnier, où jeune psychiatre Diane Berg vient de prendre ses fonctions.
Avec un tel début, on a l'eau à la bouche, et l'auteur s'inspire par cette introduction de 2 polars majeurs: les rivières pourpres et le silence des agneaux; avec l'ombre d'un tueur redoutable, fin psychologue, mais surtout détenteur des clés de l'énigme.
La ressemblance s'arrêtent toutefois là. Bernard Minier, pour son premier roman, trace sa voie dans son propre univers, et les ressemblances sont trompeuses. Son héros, le commandant Servaz va de surprises en surprises, avec quelques fausses pistes bien vues, et surtout une pelote d'intrigues qui se défilent difficilement (pour notre plus grand bonheur).
L'un des forces de son livre est également la richesse des personnages principaux et secondaires. Le rôle du décor (une vallée isolée des Pyrénées) y joue également pour beaucoup, et instille un climat de frissons glacées. Dans ce sombre univers, le commandant rassemble les puzzle, découvre peu à peu le dessin général mais ne met aucun visage sur le tueur. Il faudra attendre le 30 dernières pages pour comprendre enfin l'énigme du crime du cheval, et donc de l'assassin principal.
Bernard Minier conclue par une fin des plus pratiques, certes un peu rapide, mais ne gâchant pas le sentiment général sur ce livre. Il ouvre par ailleurs la voie vers son personnage tueur, le terrible Julien Hirtmann, et bien sûr, sur son héros: le commandant Servaz, que l'on retrouve dans son second roman: "le cercle".
et Quelques liens:

jeudi 14 mars 2013

Jussi Adler OLSEN - Miséricorde


Jussi Adler OLSEN - MiséricordeVoici un auteur danois qui surfe sur la vague des polars scandinaves avec son inspecteur Morck. L'inspecteur le plus macho et cossard que l'on ait vu depuis des lustres!!! Je me demande d'ailleurs bien ce que tous les critiques lui trouvent de scandinave...
Résumé:
En 2002, Merete est la nouvelle tête d'affiche du principal parti politique danois. En voyage sur un ferry, elle est enlevée. L'enquête ne donne rien et tout le monde est persuadé qu'elle est tombée par dessus bord. En réalité, depuis 5 ans, elle croupit dans une cage.
En 2007, Carl Morck, inspecteur mal-aimé par ses supérieurs et ses collègues, vient de perdre ses deux amis collègues dans leurs dernières enquêtes. L'un est mort et l'autre restera certtainement tetraplégique à vie. Sa hiérarchie ne sachant que faire de lui, profite d'une annonce politique pour le "placardiser" en le nommant à la tête du département V, département fantôme qui n’est composé que de lui et de son nouvel assistant Assad, homme à tout faire.
Il est chargé d’enquêter sur de vieilles enquêtes non élucidées, il s'intéresse alors au cas de Merete, persuadé qu'il ne trouvera rien...

Ma note: ma note
Ma critique:
Alors des polars qui s'annoncent mal dès les 10 premières pages, j'en ai lu finalement assez peu, et j'ai bien cru que celui-ci allait battre le désopilant livre sans nom. Il en a fallu de peu et Jussi Adler-Olsen se rattrape bien avec un excellent final, mais bon, va falloir vous enfiler les honteux clichés qu'ils nous jettent à la gueule sur les deux tiers du livre.
Nous découvrons donc l'inspecteur Carl Morck qui est une image d'Epinal à lui tout seul. Malgré sa bonne expérience du terrain, il a de piètre qualités: c'est un cossard fini, il n'a aucune conscience professionnel ou respect du travail de ses collègues, il est gentillement raciste, totalement machiste (voire misogyne) et il a une très haute opinion de lui-même! Par chance, il n'est pas alcoolique, seulement addict aux Sudoku!
Ouf, mais quand même, rien que cette description sommaire fait que ce polar n'a rien de scandinave! On se croirait plutôt chez les gendarmes de St Tropez ou un truc du genre! Les 100 premières pages sont totalement horripilantes et notre seule soif de découverte est la terrible détention de la belle Merette.
L'intérêt du livre ne tient d'ailleurs que là: comment peut-on survivre dans un caisson pressurisé et pourquoi y est-elle arrivé? Jussi Olsen reste toutefois très superficiel sur la réalité d'une telle séquestration (ne perd-on pas la notion du temps lorsqu'on est plongé dans le noir complet durant plusieurs semaines?); mais tous les 2 chapitres, nous avons droit à un épisode clé de son enferment, nous donnant à chaque fois un peu plus d'indices sur les raisons de ce crime.
Il ne faut pas compter sur l’efficacité et je-m’en-foutisme de l'inspecteur Mork pour espérer trouver un indice, et encore moins sur le travail bâclé des premiers enquêteurs sur l'affaire de la décennie danoise! L'inspecteur Morck renifle toutes les pistes mais n'en fouille vraiment aucune: il se ballade au gré du vent avec Assad, son assistant qu'il traine partout et à qui il fait faire toutes les basses corvées.
A eux deux, ils forment une sorte de Don Quichotte et Sancho Panza, en quête des crimes perdues des campagnes danoises. Malgré ce côté caricatural et picaresque, on finit par s'attacher à ce duo; car malgré le caractère "petit chef" de l'inspecteur, c'est un bon bougre qui sait reconnaitre la valeur de son âne savant, même si, à ses yeux (de gros porc), il ne restera qu'un âne!
Bref, pour conclure et après toutes ces péripéties et fausses pistes, ils tombent sur le bon filon et trouvent enfin des éléments concrets d'un mobile. A partir de là, tout s'enchaine vite et après avoir joué avec nos rictus, l'auteur danois joue enfin avec nos nerfs sur les 50 dernières pages. Le final est fort bien réussi, le suspense est intenable et captivant! On l'en oublierait presque tous ces facétieux clichés!
Quelques liens:

samedi 9 février 2013

The Black Box de Michael CONNELLY


The Black Box de Michael CONNELLY Voici le dernier Michael CONNELLY avec l'inspecteur Bosch, qui continue d'enquêter sur des cold-cases...
Résumé:
Harry Bosch a récupéré le dossier d'un crime non résolu d'une affaire vieille de 20 ans. Affaire sur laquelle il avait travaillé fort brièvement, au beau milieu des émeutes de Los Angeles suite à l'affaire Rodney King.
A l'époque, une jeune photographe avait été tuée durant les émeutes de Los Angeles et son crime était resté impuni. Et aujourd'hui, la ballistique démontre que cette arme a une histoire bien particulière, et que finalement, la mort de la journaliste n'est sans doute pas le fait du hasard du crime de violence gratuit. Comme un enquêteur en charge de résoudre un accident d'avion, Harry Bosch va rechercher la boîte noire, la pièce à conviction qui reliera l'arme au meurtrier, et à son mobile..

Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
Après avoir fini de manière spectaculaire la précédente enquête de l'inspecteur Bosch, Michael Connelly nous convie à un retour en arrière sur bien des niveaux. D'une part le flash-back de l'enquête malmenée lors des émeutes de 92. D'autre part, en revenant sur un style des premières enquêtes où l'inspecteur est en conflit avec son chef, et où le passé laisse sa trace indélébile sur l'humeur de l'inspecteur. On ressent une certaine nostalgie de la part de Michael Connelly à vouloir que son héros fétiche revienne dans le passé, et qu'il n'aille pas en retraite.
Car la quille approche, dans 4 ans cela sera sa retraite définitive et Harry Bosch comprend que son temps est compté, et que ses positions intransigeantes pourraient bien le mettre en retraite plus tôt que prévu, si ce n'est plus. Mais comme dirait les rappeurs lors des émeutes de Los Angeles: "Fuck Da Police" et donc Harry en fait presque à sa tête.
J'en finis par regretter la mort de l'inspecteur, que je pensais venir après les radiations prises lors de l'enquête "The overlook" (A genoux). Quelque part, ce fût pour moi un véritable plaisir de retrouver le Dirty Harry que j'aime: non pas celui des 9 dragons qui tirent partout, mais bel et bien le Dirty Harry mal aimé, seul et contre tous. J'ai dévoré ce livre et je le conseille à tous les fans de l'auteur.
Pour conclure, je dirais que cette boite noire cache une bonne vieille cuvée millésimé, un vrai petit régal. Quelques liens:

dimanche 13 janvier 2013

Damned de Chuck PALAHNIUK


Damned de Chuck PalahniukVoici le dernier livre de Chuck Palahniuk qui vous fera rire de la mort, et surtout du Diable et de son enfer infesté par les déjonctions humaines.
Résumé:
Madison est morte à treize ans, des suites d'une curieuse overdose de marijuana. Madison était la fille d'un couple de stars mondiales du cinéma, et malgré son statut et son innocence candide, elle se retrouve en enfer, comme d'ailleurs la grande majorité de la race humaine. Morte avant d’avoir appris la vie, elle décide par défaut d’apprendre la mort. Elle se lie rapidement d’amitié avec une clique d’adolescents tout droits sortis de Breakfast Club (la princesse, le punk, le geek et le sportif) et entreprend d’arpenter les enfers.

Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:
Chuck Palahniuk entame avec son "Damned" une trilogie littéraire sur l'enfer, le purgatoire et le paradis, un peu à la manière de la Divine Comédie de Dante.
Dans ce premier livre, on découvre Madison, jeune obèse, fille d'un couple de superstars (genre Brad Pitt & Angelina Jolie), qui vient de mourir dans ces circonstances étranges et qui parcourt les enfers à la recherche des causes de sa mort (elle ne se souvient que d'une overdose de Marijuana) et en quête de Satan, pour lui exprimer son mécontentement. Au travers de ce périple infernal, la jeune Madison nous narre ce que fût les grands moments de sa vie, susceptibles de l'avoir mené si bas.
Alors que l'on pourrait croire que l'auteur parte dans ses délires de construction narratifs alambiquées, comme il a pu le faire dernièrement avec "Peste" ou "Pygmy" ou comme dans ses premiers romans, ce "Damned" a une structure et un style des plus conventionnels. Pour chaque chapitre, un entête résume le chapitre "Hello cher Satan, es-tu là, c'est encore Madison..." (parodiant ainsi le style de Judy Blume et ses fameux "Are You There God? It's Me, Margaret."). En fait, l'auteur se met à la place de la petite Madison, avec quelques rares tics de langages de jeunes, et surtout une description naïve de l'univers dans laquelle elle est. C'est donc un style gentillet, fort plaisant et les horreurs des enfers passent facilement; sauf si vous êtes sensibles aux odeurs. Le délire visuel auquel nous convie Chuck Palahniuk est qu'il est jonché des excréments et déjections des humains.
L'enfer de Madison ressemble aux peintures de Hyeronimus Bosch, à savoir un style scriptural assez enfantin avec quelques horreurs (démons démembrant à tour de bras tous ceux qui passent sous leur griffes; et/ou humains qui se reconstruisent peu à peu). L'univers est surtout odorifère, avec le lac Merde, l'océan du sperme gaspillé, océan en pleine expansion avec la démocratisation de la pornographie sur le Web. Il y a quelques gags amusants (genre les spammeurs téléphoniques qui vous appellent lors de vos diners sont en fait les damnés de l'enfer; tout comme les pauvres âmes qui s'exhibent dans les webcam pornos bas de gamme) mais cet univers manque finalement de croustillant ou de détails horripilants comme sait seul Chuck Palahniuk le décrire.
Cet épopée basé sur le revival d'un Breakfast club de l'enfer reste un peu trop simpliste à mon goût. Chuck Palahniuk manque de férocité et reste trop complaisant. Même si son enfer est une attaque frontale aux créationnistes américain, il apporte l'eau au moulin de ses hérétiques de Dieu.
Au final, c'est une œuvre trop gentille, trop passe-partout, trop consensuelle. Il faudra attendre la suite avec le parcours de la petite Madison dans le purgatoire et le paradis pour savoir si finalement, son œuvre est aussi corrosive que ses plus grands écrits.
Quelques liens: