Ma critique:
C'était l'une des rares nouvelles de William Burroughs qui m'avait échappé jusque là et je remercie les éditions "Tristram" pour cette première édition en français, 35 ans après sa parution aux USA... En fait, vu la brièveté de la nouvelle (moins de 100 pages), aucun éditeur francophone s'était lancé dans sa commercialisation. Écrit en 1974, après avoir lu l'œuvre de science-fiction du prolifique Alan E. Nourse, William Burroughs publia cette nouvelle intitulée "Blade Runner: a Movie", une sorte d'adaptation cinématographique (et psychédélique) couchée sur le papier.
William Burroughs n'était pas encore dans sa phase de cut-up mais nous y rapprochons. En fait, cette nouvelle découpe l'idée même du scénario, du synopsis, en devenant lui-même un texte pour devenir film et rester texte. Il s'agit d'une une mutation hybride entre ces genres.

On retrouve dans cette nouvelle de science-fiction la folie du Dr Benway du fameux "Festin Nu" avec ces interventions chirurgicales sans queues ni têtes. Cette vision apocalyptique de ce New-York délabré et grouillant de camés, de lépreux et autres dégénérés rappelle également la férocité de ses toxicos des "Garçons sauvages". Le contexte politique est également une partie non négligeable de la nouvelle avec ses petites attaques contre la société WASP fascisantes, les lobbys industriels, mais également l'avenir de l'homme face aux progrès de notre civilisation, qui nous conduisent peu à peu à devenir des mutants, affaiblies par tant d'antibiotiques et autres médicaments "miracles" dont les effets secondaires ne nous serons que révélés à la veille de notre mort, pas celle de l'homme, mais de l'humanité toute entière.

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